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CONCOMBRE
Le concombre remonte en haut du fil

Les producteurs de concombre s'intéressent à nouveau à la culture sur fils hauts. Les évolutions de serres et des variétés ouvrent de nouvelles perspectives.

En région nantaise, deux serristes ont testé la culture du concombre sur fils hauts en 2015. L'un d'entre eux l'a à nouveau utilisée en 2016. Et d'autres producteurs s'y intéressent. Bien installée aux Pays-Bas, la conduite sur fils hauts consiste à ne garder qu'une tige productive et à la palisser sur un fil, verticalement puis horizontalement, comme en tomate. « Comme on enlève les vieilles feuilles, qui sont une voie d’entrée privilégiée des pathogènes, la plante, qui en produit toujours de nouvelles, reste plus active et plus saine », explique Vincent Truffault, du Ctifl de Carquefou (44). Cette activité accrue permet de maintenir un nombre élevé de fruits sur la plante. La qualité de la production est améliorée par une architecture de plante bien établie permettant aux fruits d’être dans un environnement sain et optimal, limitant les défauts sur fruits, notamment les fruits tordus. Du fait de la charge élevée, les fruits tendent en revanche à être plus petits. Et surtout, les temps de main-d'oeuvre sont presque deux fois plus élevés qu'en culture en V. « Il faut effeuiller tous les trois jours, palisser tous les deux jours, récolter six jours par semaine », précise le spécialiste. Il y a dix ans, la culture sur fils hauts avait déjà été testée au Ctifl de Carquefou, au Cvetmo (45) et chez quelques producteurs. « A l'époque, les essais n'avaient pas été concluants, indique Vincent Truffault. La gestion du climat était difficile et l'augmentation de rendement n'était pas suffisante pour compenser le surcoût en main-d'oeuvre ». L'évolution des serres et des variétés amène aujourd'hui les producteurs à vouloir à nouveau tester cette conduite.

Premiers résultats plutôt encourageants

Des serres plus hautes facilitent la gestion du climat et évitent que les têtes ne soient brûlées. La culture grandissant très vite, le risque de brûlure est en effet plus élevé qu'en conduite en V. Les variétés sont aussi plus adaptées à la culture sur fils hauts car plus régulières et équilibrées et plus tolérantes à l'oïdium, un point intéressant car, du fait du coût de mise en oeuvre de la conduite sur fils hauts, le choix a été fait de ne faire que deux cultures par an au lieu de trois.

En 2016, un nouvel essai de culture du concombre sur fils hauts a donc été mis en place à Carquefou (variété Aljona-Nunhems), plantation en décembre à 1,25 plant/m2 puis augmentation de la densité à 2,5 tiges/m2 et plantation à nouveau en juin à 2,5 plants/m2 avec la variété Stelvio (Rijk Zwaan). Deux modalités de culture sur fils hauts sont testées, l'une avec régulation de la charge en laissant un fruit sur deux, l'autre avec régulation de la charge en laissant deux fruits sur trois. Ces conduites sont comparées à une conduite en V sur trois cultures. Les résultats sur la première culture des modalités sur fils hauts (récolte du 22 janvier au 13 juin) ont été plutôt encourageants. Ces dernières ont produit plus de fruits que le témoin, sans impact sur le calibre et avec beaucoup moins de fruits tordus. « Les fruits reçoivent tous la même lumière, la même chaleur et risquent moins d'être gênés par une feuille. Ils sont très beaux, très droits, sans problème de gabarit, note Vincent Truffault. Et le nombre de fruits obtenus est en cohérence avec un objectif de 200 fruits/an, nécessaire pour assurer la rentabilité de la culture sur fils hauts ». La régulation de la charge deux fruits sur trois, qui permet un rendement supérieur, n'a pas posé de problèmes sauf une semaine où le manque de main d'oeuvre a entraîné des fruits trop gros. « Elle doit sans doute être adaptée. Si la culture est saine, qu'il y a de la lumière et un suivi très régulier, une régulation deux fruits sur trois est possible. Mais quand la plante est fatiguée, que le rayonnement diminue ou que la main d'oeuvre n'est pas suffisante, une régulation un fruit sur deux est sans doute préférable », estime l’expérimentateur.

En attente de variétés plus adaptées

La deuxième culture pourrait toutefois être plus délicate, du fait de la baisse du rayonnement et des risques plus importants d'oïdium sur une culture plus longue. « Même si les variétés actuelles conviennent mieux que par le passé à la culture sur fils hauts, nous sommes encore en attente de variétés réellement adaptées à cette conduite, notamment des variétés à entre-noeuds courts, donnant plus de fruits avec moins d'opérations culturales, et aussi très tolérantes à l'oïdium »

LES +/LES -
  • Les +

    - Plante plus active et plus saine- Potentiel de fruits élevé 200 m2/an- Qualité du fruit (peu de fruits tordus)- Deux cultures par an au lieu de trois

  • Les -

    - Temps de travail important- Risque de calibre plus faible- Nécessité de serres hautes- Equilibre économique difficile

AVIS DE PRODUCTEUR

LAURENT BERGÉ, Ayzenay (85)

« Trouver l’équilibre économique »

« En 2015, nous avons testé la culture sur fils hauts, avec 2 cultures par an de Proloog à une densité de 1,5 plants/m2 augmentée ensuite à 3,2 tiges/m2.ce qui augmente de 40 % la main d’oeuvre nécessaire à celle d’une conduite en V. Nous n’avons récolté que 174 pièces/m2, alors qu’il en faudrait 200 pour atteindre l’équilibre économique. Le calibre moyen était de plus inférieur à 400-500 g/fruit demandé par le marché. La gestion sanitaire est en revanche plus facile car la culture est plus aérée et les problèmes plus faciles à détecter. La culture sur fils hauts peut ainsi être un levier pour atteindre le zéro pesticides. En 2016, nous avons réussi à obtenir un calibre de 400-500 g en première culture en veillant en permanence à l’équilibre de la plante. Mais, nous n’avons récolté que 90 pièces/m2 en première culture et nous n’atteindrons sans doute pas l’objectif de 200 pièces/m2. Au plan technique, la culture sur fils hauts est très intéressante. Mais l’équilibre économique est difficile à trouver. Nous avons identifié plusieurs points où il y a des marges de progrès : la variété, la densité, une gestion du climat plus linéaire, le mode de taille. »

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