POMME/POIRE
L’action de l’éclaircissage mécanique se précise
L’éclaircissage mécanique préfloral du pommier supprime fleurs et feuilles. De récents travaux du Ctifl prouvent que la suppression de ces dernières a un rôle prépondérant dans l’effet éclaircissant de cette technique.
L’éclaircissage mécanique préfloral du pommier supprime fleurs et feuilles. De récents travaux du Ctifl prouvent que la suppression de ces dernières a un rôle prépondérant dans l’effet éclaircissant de cette technique.

Pour éclaircir mécaniquement un pommier, il vaut mieux miser sur les feuilles que sur les fleurs. C’est l’une des principales conclusions des travaux conduits au Ctifl sur l’éclaircissage mécanique préfloral. « La chute physiologique des fruits est induite par le ratio feuilles/fruits », a souligné Laurent Roche, du Ctifl, lors de la rencontre technique maîtrise de la charge pommier et poirier en mars 2016. Lorsque que seules des fleurs sont supprimées, le nombre de feuilles qui alimentent chaque fruit restant augmente. « L’éclaircissage mécanique est alors compensé par une faible chute physiologique naturelle, commente le spécialiste. La production est égale ou supérieure à un verger non éclairci ». A contrario, le seul retrait des premières feuilles augmente la concurrence nutritionnelle entre les fruits. L’arbre retrouve un équilibre en provoquant une chute de fruit plus importante. « L’effet éclaircissant du passage d’outils à fil aux stades E2 à F est donc plus induit par le retrait de feuilles que de fleurs », insiste l’ingénieur. Une partie de l’explication se trouve dans l’autonomie nutritionnelle de chaque corymbe jusqu’à la nouaison. Des corymbes sur lesquels les feuilles de rosette et de pousses de bourses ont été supprimées ne donnent quasiment aucun fruit. Et ce, même s’ils sont entourés de corymbe avec feuilles.
Corymbe : unité de production indépendante
« Ces résultats prouvent qu’il n’y a pas migration des éléments nutritifs produits par les premières feuilles d’un corymbe vers un autre corymbe, même situé sur la même branche fruitière pour la nutrition des jeunes fruits », commente Laurent Roche. Ce mode de fonctionnement explique qu’un sur-éclaircissage de l’extrémité des branches ne provoque pas une chute des fruits à l’intérieur de l’arbre.
Le rôle des pousses de bourses
Après l’éclaircissage mécanique, huit à dix jours sont nécessaires pour que l’arbre développe de nouvelles pousses végétatives. « Nous avons observé des pousses végétatives plus longues après éclaircissage mécanique. Cette technique accroît donc la vigueur des arbres ». Ces nouvelles feuilles sont issues des pousses de bourses. Jusqu’à la nouaison, ces organes sont demandeurs d’éléments nutritifs produits par les feuilles de rosettes. Leur retrait avant ce stade n’a pas d’incidence sur le calibre et la chute physiologique à la nouaison. Mais après leur développement, elles deviennent une source d’éléments nutritifs. Elles contribuent donc aux remplissages des fruits. « Si on les supprime, 86 % des fruits reste présent sur l’arbre à la nouaison. Mais par la suite les fruits chutent, conclut Laurent Roche. Dans nos essais, seul 11 % des fruits reste sur l’arbre si ces feuilles sont retirées ».
RAPPELS
L’usage des outils type Darwin ou Unibonn est conseillé en vergers conduits en Aximum® ou mur fruitier de faible largeur. L’outil Eclairfel a été adapté pour des haies fruitières plus larges.
L’éclaircissage mécanique aux stades E2 à F supprime 30 à 50 % des inflorescences. Il est aussi envisageable au stade D3 à E, il en supprime 20 à 30 %. Et au stade F2, il en supprime 30 à 50 %. L’intensité de l’éclaircissage est variable selon les réglages.
Cette pratique est insuffisante à elle seule pour réguler parfaitement la charge du pommier. Elle doit être intégrée dans une stratégie globale, en association avec de l’éclaircissage chimique ou manuel.
Ces interventions n’ont pas d’incidence sur la qualité de pollinisation et de fécondation des fleurs.
En chiffres
• Temps : +/- 1 h/ha selon la vitesse d’avancement en préfloral
• Coût Darwin (seul outil actuellement disponible en France) : 11 000 euros
• Coût renouvellement barrette : 20 euros
Pour en savoir plus : le point sur « L’éclaircissage mécanique préfloral du pommier », Ctifl :