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La poire réduit ses intrants

L’efficacité des stratégies de protection à base de produits de biocontrôle ou autorisés en agriculture biologique sur la poire permet de diminuer l’IFT sur cette culture et incite les producteurs à passer en bio.

L’utilisation de kaolin calciné en barrière physique en sortie d’hiver pour gérer le psylle casse la dynamique de la première génération et permet de diminuer le nombre d’interventions .
© La Pugère

Réduire ses intrants phytosanitaires en poire dans le Sud-est : c’est possible ! « Avec l’amélioration des produits de biocontrôle, l’objectif de diminution de 20 % de l’Indice de fréquence de traitement (IFT) chimique et même de l’IFT global, est atteignable dans la grande majorité des cas », rapporte Pascal Borioli du GRCeta Basse Durance lors de la journée technique poire, fin 2017. Une évolution qui incite même les producteurs à se convertir en agriculture biologique. « Un quart des surfaces de poiriers de la région PACA sont en bio, rappelle Anne-Laure Dossin, chargée de mission à Bio de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et cette proportion ne cesse de croître ». Le nombre d’exploitations et les surfaces ont doublé en six ans pour atteindre 555 ha en 2016. Une évolution globale que reflètent les résultats obtenus au sein du groupe Dephy ferme poire suivi par le GRCeta de Basse Durance. Composé de sept exploitations représentant 65 ha de poire, le groupe ne comprenait à sa création que 3,5 % de surfaces en bio sur une exploitation. En 2016, le bio représentait 28,5 % des surfaces réparties sur trois exploitations.

Alterner les souches de virus pour gérer la résistance

Le premier facteur qui a permis la diminution des produits phytosanitaires est la stratégie de lutte contre le carpocapse. La grande majorité des parcelles sont sous confusion et les producteurs utilisent principalement le virus de la granulose en PFI comme en bio pour compléter la stratégie. « La diversification des souches de virus de la granulose a permis de rendre durable cette stratégie, précise Pascal Borioli. Il y a encore deux ans, avec une seule souche indemne de cas de résistance, nous allions dans le mur. Grâce aux travaux en génétique de Miguel Lopez-Ferber et Myriam Sigewart, nous pouvons maintenant alterner la souche initiale mexicaine (présente dans Carpovirusine 2000 et Madex twin) avec deux autres souches différentes et ainsi gérer la résistance ». Ces deux nouvelles souches (Madex Pro et Carpovirusine Evo 2) ont été identifiées comme différentes fin 2017. Le bon contrôle du ravageur lié à la confusion et aux stratégies d’alternance a permis de passer d’un IFT moyen sur trois ans de 4 à un IFT de 3 dans le groupe Dephy.

L’IFT du psylle a été divisé par deux

La généralisation de l’utilisation de kaolin calciné en barrière physique en sortie d’hiver pour gérer le psylle est la seconde évolution majeure. « Positionnée en sortie d’hiver, cette application casse la dynamique de la première génération et permet de diminuer le nombre d’interventions », analyse le technicien arbo. La baisse des insecticides contre le carpocapse a aussi contribué à l’augmentation des auxiliaires du psylle et un équilibre s’installe dans certains vergers. « Et nous disposons en PFI, du Movento qui est très efficace ». Le nombre total (Chimique + Biocontrôle) de traitements contre le psylle a été ainsi divisé par deux depuis le début du groupe Dephy ferme en bio comme en PFI, en passant respectivement de 5 et 6 contre 2 et 3 aujourd’hui. La part (en nombre d’IFT/ha) de produits de biocontrôle est stable, elle représente de 50 % (PFI) à 90 % (bio) du total. Mais les volumes utilisés par hectare sont eux en forte hausse avec une dose/ha de 30 à 50 kg pour ces mêmes produits. Avec les techniques mises en œuvre dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, « le contrôle du carpocapse et du psylle a été longtemps vu comme un frein au passage en bio, note Pascal Borioli. Avec le changement de stratégies, ce n’est plus le cas ».

Contre la tavelure, bouillie sulfocalcique ou microdoses de cuivre

Pour la protection fongique, l’IFT moyen sur trois ans n’est pas toujours à la baisse par rapport au début du suivi du groupe. Il varie dans le groupe Dephy de 9,3 à 11,4 en PFI selon les moyennes triennales, et de 1,1 à 7,5 en bio. « Mais la part de la protection chimique est en baisse de 20 % en PFI, note le conseiller. Elle est remplacée par des produits de biocontrôle ». Les dérogations répétées de la bouillie sulfocalcique contre la tavelure y sont pour une grande part. Aujourd’hui les produits de biocontrôle représentent le tiers de l’IFT tavelure en PFI. La stratégie contre la tavelure à base de micro-dose de cuivre (qui n’est pas sur la liste de biocontrôle), validée il y a quelques années, est aussi de plus en plus largement appliquée. « La dose de 1 kg/ha étant dix fois moindre que celle homologuée, cette stratégie permet d’alléger l’IFT les années de pression faible à moyenne en bio », souligne Pascal Borioli. Cette stratégie est applicable car les deux principales variétés cultivées dans le bassin de production du Sud-est sont Guyot et William qui ne développent pas de phytotoxicité avec le cuivre. « Avec ce développement de stratégies à base de produits de biocontrôle ou homologués en agriculture biologique et avec nos variétés, le passage en bio se fait tout naturellement».

A lire aussi : Avis de producteur : la lutte contre le psylle

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