Raisin - 40e anniversaire de Rungis
La France face au reste du monde
Place de négoce, Rungis offre, en matière de raisin, les origines européennes et de l’hémisphère Sud pendant toute l’année. L’offre en raisin hexagonale intervient dès le mois de septembre.
Le raisin est un incontournable de la gamme des fruits d’automne présentée par les grossistes en fruits et légumes, mais le produit est proposé tout au long de l’année. La commercialisation du fruit présente un double visage : celui de l’importation et celui de la production hexagonale.
Le marché international de Rungis commercialise environ 30 000 t de raisin par an. Plus précisément, l’année 2006, avec ses 32 140 t, apparaît comme une année de fort négoce. Par la suite, le marché s’est équilibré à 28 000 t. Les importations représentent l’essentiel des tonnages, mais cela s’explique aussi par la saisonnalité du produit français, absent en début d’année. Elles représentent en moyenne 24 500 t sur douze mois de commercialisation. Cependant, pour les sept premiers mois de cette année, c’est-à-dire la période où il est seul en lice, le raisin importé a accusé une baisse assez sensible de ses arrivages sur Rungis. Entre janvier et juillet 2008, il représentait 7 200 t alors que pendant la même période 2009, les apports n’ont pas dépassé les 5 539 t, soit un recul notable de 23,1 %. Les grands pays producteurs sont présents : Chili, Argentine, mais aussi le premier producteur européen, l’Italie. Certains grossistes se sont d’ailleurs spécialisés dans cette origine, entretenant des liens étroits avec la production transalpine. En fin de compte, Rungis est à l’image des grandes tendances nationales. En 2008, les importations françaises de raisin au niveau national ont progressé nettement, passant de 135 548 t (2007) à 149 442 t, soit un accroissement de 10 %.
A partir de la rentrée, dès le mois de septembre, voire la fin du mois d’août pour le produit du Ventoux, la production française entre en action et apparaît dans les allées commerciales du marché. Le tonnage du raisin français commercialisé sur la place de Rungis est à l’image de la quatrième place qu’occupe la France, zone la plus septentrionale sur la carte des grands producteurs européens. Sa place sur Rungis s’établit donc aux alentours de 4 000 t à 5 000 t sur les deux derniers trimestres de l’année. Il est quand même à noter le “coup de pompe” enregistré entre 2007 et 2008, le tonnage traité passant de 4 438 à 3 473 t. Pour mémoire, il faut savoir qu’en 2004 le raisin français représentait plus de 5 200 t. De plus, la production française se retrouve en face du mastodonte italien et les places sont chèrement gagnées.
La grande distribution se taille la part du lion
Evidemment, il faut composer avec deux variables. D’une part, les aléas climatiques de l’été peuvent obérer le potentiel de la production. Et en second lieu, le positionnement extrêmement qualitatif de certains opérateurs laisse la place au meilleur des produits (type AOC Chasselas de Moissac) qui, s’ils ne représentent pas des tonnages immenses face à l’Italia par exemple, se valorisent bien mieux. Il n’en demeure pas moins que la grande distribution se taille la part du lion en matière de commercialisation du raisin. Les hypers s’octroient environ 34 % de parts de marché et les supers 37 %, ce qui laisse peu de marges pour les marchés et les détaillants spécialistes. La conséquence pour l’approvisionnement du marché international de Rungis est finalement à l’image des autres “grands” fruits et légumes. Un bon nombre des volumes français passe directement par les centrales d’achats et la difficulté pour trouver volumes et qualité, surtout dans le milieu de gamme et quelquefois dans le produit ultra-qualitatif, peut parfois se faire sentir. La récente opposition entre producteurs et grossistes sur les variétés précoces montre bien que le marché est loin d’être un “long fleuve tranquille” et fait l’objet de stratégies déterminées.