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Recensement agricole : des dynamiques opposées entre les filières fruits et légumes

Le recensement agricole fournit ses premiers chiffres. Les dynamiques sont opposées entre la filière des fruits et celle des légumes. Tandis que l’une perd des exploitations et se recentre vers des exploitations moyennes, l’autre en gagne surtout parmi les micro-exploitations et les grandes exploitations.

Les premiers chiffres du recensement agricole, divulgués mi-décembre sont alarmants quant à la perte du nombre d'exploitations. Dans la filière fruits et légumes cependant, les résultats sont contrastés.
Les premiers chiffres du recensement agricole, divulgués mi-décembre sont alarmants quant à la perte du nombre d'exploitations. Dans la filière fruits et légumes cependant, les résultats sont contrastés.
© Ministère de l'Agriculture

A la sortie des premiers résultats du recensement agricole mi-décembre, chacun a vu ce qu’il voulait y voir. La Confédération paysanne s’est alarmée, selon Agra Presse hebdo, d’un « plan de licenciement silencieux et massif » face à la perte de 100 000 exploitations, soit un cinquième des exploitations présentes en 2010 et d’autant de chefs d’exploitation. La FNSEA et les JA ont plutôt souligné la stabilité de la surface agricole et un « modèle agricole français qui demeure familial, à taille humaine et fondé sur la qualité ! ». Ces tendances observées à l’échelle du monde agricole se retrouvent dans l’évolution globale de la filière fruits et légumes. Avec aujourd’hui 30 000 exploitations sur 530 000 ha, la filière a perdu près de 5 000 exploitations en dix ans, mais elle occupe 45 000 ha de plus. Mais ces mêmes données observées séparément entre la filière légumes et la filière fruits ne donnent pas le même tableau.

A contrecourant des autres filières, la filière maraîchère et horticole gagne des exploitations : plus de 1 200 en dix ans, soit une augmentation de 9 %. La filière compte aujourd’hui 15 350 exploitations en France métropolitaine. La superficie moyenne ayant elle aussi augmenté de près d’un quart, passant de 9 ha à 11,8 ha, la superficie totale consacrée au maraîchage a donc augmenté de plus de 40 % en dix ans. Près de 180 000 ha sont dédiés aux cultures légumières en France métropolitaine. Le nombre d’équivalents temps plein (ETP) par exploitation reste en revanche plutôt stable : 4,3 en 2020 contre 4 en 2010. C’est le groupe des micro-exploitations qui explique en grande partie l'augmentation du nombre d'exploitations, avec 972 exploitations supplémentaires, soit 40 % de plus qu’en 2010.

Les exploitations maraîchères moyennes en recul

Elles représentent, en 2020, 22 % des exploitations maraîchères ou horticoles, contre 17 % en 2010. Leur superficie moyenne a augmenté de 20 % pour passer à 1,5 ha. Les grandes exploitations (23 % des exploitations maraîchères et horticoles) ne sont pas en reste puisque 530 exploitations supplémentaires sont comptabilisées dans ce groupe par rapport à 2010. Leur surface moyenne a augmenté de 9 ha pour atteindre 37 ha, soit un tiers de plus qu’en 2010. C'est ce groupe qui explique le bond des surfaces en maraîchage au niveau national : + 46 000 ha en 10 ans pour la catégorie des grandes exploitations.

Cette augmentation de la surface moyenne s’est traduite par une hausse de 1,5 du nombre moyen d’ETP par exploitation. Les exploitations moyennes subissent en revanche un recul avec plus de 200 exploitations en moins dans cette catégorie. Elles représentent 20 % des exploitations maraîchères. Leur surface moyenne augmente légèrement de 1 ha. Le nombre de petites exploitations reste stable avec une superficie moyenne en légère augmentation (+0,4 ha). Cette catégorie comprend plus du tiers des exploitations maraîchères.

Des exploitations arboricoles un tiers plus grandes qu’en 2010

La filière fruits s’inscrit, elle, dans la dynamique observée toutes filières agricoles confondues. Les 15 280 exploitations métropolitaines arboricoles ou d'autres cultures permanentes occupent aujourd’hui 350 000 ha de superficie agricole utilisée (SAU). Une surface qui reste relativement stable avec une perte de seulement 7 600 ha, soit 2 % la SAU de 2010. Mais le nombre d’exploitations est en forte baisse : près d’un tiers d’exploitations en moins par rapport à 2010, soit 6 000 en dix ans. De fait, la superficie moyenne des exploitations est à la hausse avec 23 ha en moyenne en 2020 contre 16,8 ha en 2010.

« Ces résultats confirment les tendances ressenties depuis quelques années, commente Stéphanie Prat, directrice de la Fédération nationale des producteurs de fruits. Le constat de l’augmentation de la taille des exploitations questionne la filière sur leur transmissibilité. L’autre tendance est la spécialisation des exploitations. Les exploitations qui ont pour premier atelier de l’arboriculture ont tendance à abandonner les autres ateliers et inversement. En augmentant les surfaces dédiées à l’arboriculture, les producteurs font des économies d’échelle notamment sur les équipements pour la protection. Cette spécialisation se traduit par une augmentation du nombre d'ETP moyen par exploitation. » Le nombre d'ETP sur les exploitations arboricoles est en effet passé de 1,9 en 2010 à 2,5 en 2020.

Les tailles extrêmes en perte de vitesse en arboriculture

Ces constats se nuancent selon la taille des exploitations, exprimée en production brute standard (PBS). Les micro-exploitations, qui représentent 33 % des exploitations arboricoles en 2020 contre 42 % en 2010, sont le groupe qui a subi le plus de perte d’exploitations : -40 % en dix ans. Elles sont 5 100 aujourd’hui. Leur superficie moyenne a pratiquement doublé pour atteindre 4,5 ha. Les grandes exploitations, soit 20 % des exploitations arboricoles, sont le second groupe à observer la perte la plus importante : 30 % d’exploitations en moins en dix ans. Elles sont un peu plus de 3 000.

Leur surface moyenne, de 61 ha, a augmenté de plus d’un quart et le nombre moyen d’ETP d’un tiers en passant à 8, contre 6 dix ans plus tôt. Les groupes des petites et moyennes exploitations représentent chacun près d’un cinquième des exploitations arboricoles. La baisse du nombre d’exploitations dans ces groupes est moindre, respectivement de 8 % et 16 %. L’augmentation de la SAU moyenne s’y fait aussi sentir. Les petites exploitations ont augmenté leur SAU moyenne d’un tiers pour atteindre en moyenne 13 ha. Les exploitations moyennes font, elles, plus de 28 ha en moyenne, soit 20 % de plus qu’en 2010.

En pratique

La production brute standard (PBS) est la production potentielle de chaque exploitation calculée selon la moyenne régionale des rendements et des prix observés sur la période 2015 à 2019. La PBS permet de classer les exploitations selon leur spécialisation.

Une exploitation est considérée comme spécialisée dans une production quand au moins deux tiers de sa PBS sont générés par cette production.

Cette PBS a permis aussi de classer les exploitations en quatre tailles :

Micro-exploitations : PBS inférieure à 25 000 €

Petites exploitations : PBS comprise entre 25 000 et 100 000 €

Moyennes exploitations : PBS comprise entre 100 000 et 250 000 €

Grandes exploitations : PBS supérieure à 250 000 €

En chiffres

7e recensement général s’adressant à toutes les exploitations agricoles depuis 1955

490 000 questionnaires collectés sur 510 000 unités interrogées, soit 97 % de taux de réponse

900 variables renseignées sur chaque exploitation

1 500 enquêteurs

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