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Hors-sol : apporter l’eau dont le fraisier a besoin

L’action Plante du projet Optifraise permet de mieux appréhender la quantité d’eau optimale à apporter au fraisier en fonction du stade phénologique des plants, du climat et de l’état hydrique du substrat.

L’objectif de l’action Plante du projet Optifraise a été de développer les connaissances scientifiques sur les besoins physiologiques du fraisier cultivé en lien avec les conduites hydriques, les types de substrat et leur évolution. Cette action, sous la responsabilité d’Invenio, est conduite en partenariat avec deux unités mixtes de recherche du centre INRAE de Bordeaux Aquitaine ainsi qu’Agrocampus Ouest à Angers.

La consommation augmente à chaque stade

« Ces travaux ont permis d’évaluer les besoins hydriques du fraisier en hors-sol en fonction du stade phénologique », explique Fanny Thiery, chargée de programme fraise à Invenio. Cinq stades de cultures (de l’installation de plant à la remontée) ont ainsi été identifiés, dans le rapport scientifique et technique final du dossier Optifraise. Deux années d’observation ont mis évidence une augmentation régulière des volumes d’eau consommée avec l’évolution de la culture. Le passage d’un stade de la culture à un autre stade s’accompagne à chaque fois d’une augmentation de la consommation hydrique du fraisier. Celle-ci passe d’une consommation journalière moyenne de 20 ml d’eau par plant pendant la phase d’installation et de développement du plant à une consommation hydrique moyenne de 200 à 300 ml lors de la remontée (voir encadré et tableau ci-dessous). Toutefois, il est difficile de donner des références de consommation hydrique journalière du fraisier en fonction de son stade de développement sans analyser l’influence du climat sur cette consommation et son lien avec le stade phénologique.

A lire aussi : Culture de fraise hors-sol : diagnostiquer son réseau d’irrigation

 

 

Rayonnement cumulé depuis le lever du soleil

Les travaux ont également porté sur la consommation hydrique du fraisier au cours de la journée. L’objectif a été d’identifier à partir de quelle heure et de quel cumul de rayonnement les plants commencent à consommer de l’eau et à avoir des besoins hydriques. L’heure de début de consommation a été identifiée. Ainsi, plus les plants avancent dans leur développement, plus leur début d’activité est précoce, avec également un lever du jour de plus en plus matinal (voir tableau ci-dessous).

 

 

En revanche, il est difficile d’établir une consigne d’une année sur l’autre surtout pour les stades de développement et de floraison où il y a des écarts importants entre les campagnes 2017 et 2018. Toutefois, les valeurs moyennes de rayonnement cumulé depuis le lever du soleil à partir desquelles les plants commencent à consommer de l’eau sont les plus élevées pour la phase d’installation du plant. Elles diminuent ensuite et restent les mêmes pour la floraison et la récolte du premier jet de production pour encore diminuer pour le creux de production et la remontée (voir tableau ci-dessous). 

 

 

« Cependant, comme il y a des approximations sur les heures de démarrage de l’activité des plants, il y a également une approximation sur les seuils de rayonnement », précise la spécialiste. Néanmoins, les données des sondes capacitives avec un pilotage des irrigations en zone de confort hydrique permettent d’identifier des seuils de rayonnement de début d’activité des plants en fonction de leur stade de développement. Il faudrait donc agrémenter les données pour confirmer les seuils et avoir des références fiables. L’objectif pour le producteur est d’avoir des références de rayonnement à partir desquelles il peut raisonner son début d’irrigation. « L’évolution de la consommation en eau des fraisiers en hors-sol peut se baser sur un raisonnement similaire à celui des cultures en plein champ en utilisant le calcul de l’évapotranspiration qui est fonction du rayonnement et de la température ambiante donc du climat. La méthode peut être transférée mais il reste à définir des coefficients en fonction du type d’abris », mentionne-t-elle.

La teneur en eau impacte la photosynthèse

Enfin, les analyses des propriétés physiques des substrats (coco et tourbe-écorce) ont permis de mettre en évidence une augmentation de la rétention en eau associée à une diminution de la porosité totale en eau de la culture quels que soient le type de substrat et la conduite de l’irrigation. Cette évolution est due au système racinaire qui colonise la macroporosité du substrat, d’où la réduction du nombre et de la taille des pores. Il est donc essentiel d’ajuster sa conduite de l’irrigation (durée et fréquence) à l’évolution des substrats sur le cycle de la culture.

La conduite de l’irrigation (20 % drainage ou sonde tensiométrique) est sans effet sur l’évolution des propriétés de substrats. Elle n’impacte pas non plus les activités de transpiration et de photosynthèse des plants. Par contre, l’activité physiologique du fraisier est fortement dépendante du stade physiologique des plants. « La teneur en eau du substrat a donc un impact sur la photosynthèse avec des valeurs de teneur en eau optimale comprises entre 30 % et 50 %. Tandis que le taux de transpiration est dépendant du déficit hydrique donc de la conduite climatique dans l’abri », conclut Fanny Thiery.

Evolution de la consommation en eau selon les stades de développement du fraisier

 

 
Au stade floraison, la consommation en eau du plant a varié dans les essais de 60 à 100 ml d’eau par jour et par plant, en fonction des modalités. © RFL
Les données recueillies concernant le volume consommé par plant et par jour pour chaque stade de développement au cours de deux années d’expérimentation, 2017 et 2018, sont similaires.

 

1/ Installation et développement au niveau foliaire et racinaire : à ce stade la consommation en eau du plant est la plus basse et est en moyenne de 20 ml par jour et par plant.

2/ En floraison : à ce stade, une variabilité de consommation a été constatée au cours des deux années, allant de 60 à 100 ml d’eau par jour et par plant en fonction des modalités et des campagnes d’essai. La consommation semble plus importante sur le substrat à base de tourbe et d’écorce.

3/ Au pic de production du premier jet, la consommation moyenne est de 160 ml par plant et par jour. En 2017, les plants conduits avec 20 % de drainage semblent avoir une consommation hydrique supérieure, mais cette observation n’est pas vérifiée en 2018. Par contre sur cette campagne, la consommation est supérieure sur le substrat tourbe écorce conduit en zone de confort hydrique.

4/ Au creux de production, si le pilotage avec les sondes correspond à la zone de confort hydrique du fraisier, la consommation est comprise entre 150 et 170 ml par plant et par jour. Il y a toutefois d’importantes variations avec une consommation supérieure pour les plants conduits avec 20 % de drainage. Mais cette observation est uniquement valable en 2017.

5/ Pendant la remontée, les consommations en eau sur fibre de coco sont équivalentes quelles que soient l’année ou la conduite de l’irrigation. En moyenne, cette consommation hydrique est de 270 ml par plant et par jour. Sur tourbe écorce, en 2017, il y a d’importantes différences de volume d’eau consommé entre la conduite témoin et la conduite avec sonde, mais qui ne sont pas observées en 2018. La consommation hydrique moyenne se situe donc entre 200 et 300 ml par jour.

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