Jus de citron
Revenant sur l’entrée d’Altarea dans le capital de la Semmaris, un éminent confrère a titré sur le mariage de la carpe et du lapin. Alors que nous cherchions, en vain, qui était la carpe et qui était le lapin, un fidèle lecteur a pêché cette fable sur le web. “Un beau matin, / Jeannot Lapin / Lissait sa pelisse, / Se mirant et s’admirant, / Tel Narcisse, / Dans l’eau flatteuse d’un étang. / Dans le reflet du miroir, / Dame Carpe allait nageant […]. / Cupidon passait céans / Ayant fort mauvaise mine. / Poussé par une humeur chagrine, / (Une vilaine rage de dents !) / Il voulut que sa flèche aille / Transpercer à la fois le cœur / De la dame aux mille écailles / Et de notre mignon rongeur. / Aussitôt à la folie ils s’aiment / Et veulent devenir amants […]. / C’est bien connu le lapereau / A peur de l’eau ! / Pourtant, tout de courage, Il plonge et nage, / Pour honorer l’oblongue élue. / Las ! Ses efforts sont superflus, / Et sans avoir pu consommer, / Le poids de sa pelisse / A tôt-fait de l’entraîner / Dans les Abysses. / Dame Carpe, (...) en silence le remonte / Sur le rivage, où Jeannot / Boit sa honte mais ne renonce : / Il faudra bien qu’il la monte ! / C’est bien aussi dans les idées / De notre carpinidée / Qui sur la berge d’un bond se hisse ; / Notre lapin veut faire l’amant / Mais sur le bleu ses assauts glissent / Infiniment ; / Bientôt notre pauvre poissonne / Vient à manquer d’eau. Elle suffoque, / L’heure de la retraite sonne ; / Foin d’amours loufoques ! / D’un coup de rein elle rejoint / Son univers aquatique, / Laissant sur le bord son lapin / Avec sa trique ! / Voici pourquoi fut aussi triste / Le mariage de la carpe et du lapin / Tout cela à cause d’un galopin / Qui avait peur du dentiste.”