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Fraise : la lumière UV-C contre l’oïdium

L’effet de la lumière UV-C sur l’oïdium du fraisier, appliquée de nuit par des robots, montre des résultats intéressants chez trois producteurs du groupement Vallée du Lot.

Problématique sanitaire récurrente de la culture de fraise, l’oïdium devient préoccupant pour la production de fraise Gariguette, en itinéraires précoces sous serre chauffée. Sur ces créneaux de production, la difficulté de maîtrise de la maladie est accentuée par la sensibilité de la variété.

Lire aussi : Fraisier : des méthodes alternatives contre l'oïdium en phase de pépinière

Avec une stratégie d’alternance des produits phytosanitaires, l’efficacité de la lutte peut rester satisfaisante lors du premier jet mais beaucoup plus aléatoire lors de la remontée. Diverses références techniques et expérimentales (voir encadré) mentionnent l’effet de la lumière UV-C sur l’oïdium du fraisier.

Cette méthode présente toutefois des contraintes liées à la fréquence des passages (tous les trois jours), à leur temporalité (pendant la nuit pour optimiser l’efficacité de la lumière UV-C) et à leur longue durée. Des obligations qui peuvent être levées par la robotisation. Convaincu de l’intérêt de la méthode, trois producteurs du groupement de producteurs SCA Vallée du Lot (Lot-et-Garonne) ont investi dans des robots autonomes de traitement UV proposés par la société néerlandaise Octiva.

Réduire l’utilisation de produits phytosanitaires

« Nous n’avions pas de doutes sur l’intérêt de la lumière UV-C. Il faut adapter nos serres aux spécificités du robot – sol plat, gouttières – pour faciliter et sécuriser les déplacements du robot et accepter un temps d’apprentissage du robot mais aussi de l’utilisateur pour atteindre la pleinement autonome », commente François Pascaud, consultant Stratberries, qui encadre les producteurs dans leur projet.

Les robots ont été utilisés toutes les nuits dès la première quinzaine de plantation, soit à partir de début décembre, avec une fréquence de passage tous les trois jours. L’objectif étant d’accompagner le développement du feuillage et d’assurer ainsi une lutte prophylactique.

Le robot chemine de manière autonome par allers-retours dans les rangs, en diffusant une lumière UV-C à la demi-dose prescrite, afin de limiter tout risque phytotoxique sur la plante mais aussi pour n’avoir aucun effet indésirable sur les auxiliaires.

Les robots, équipés de caméra et de roues, circulent dans la parcelle grâce à une vision assistée par ordinateur qui se guide grâce aux gouttières. Leur vitesse d’avancée est d’un peu plus de quatre kilomètres par heure. De fait, le robot est capable de traiter l’équivalent d’un hectare de multichapelle en un peu moins de sept heures.

Tout en maintenant une protection phytosanitaire, cette première année d’essais a permis de valider l’intérêt de la protection à l’aide de la lumière UV-C. « Les zones non atteintes par le robot sont nos témoins, nous avons pu y constater la présence de la maladie, alors que l’ensemble de la parcelle était indemne », rapporte le spécialiste. En plus de son efficacité, l’usage des UV-C n’impose pas de délai de réentrée, de délai avant récolte et ne génère pas de résidus. De surcroît, un effet sur les acariens tétranyques semble être observé sans toutefois perturber l’activité de la faune auxiliaire. « Les résultats sont encourageants et pourraient permettre de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires si les tests sont concluants », précise Xavier Mas, président de l’AOPn Fraises Framboises de France dans un communiqué qui mentionne cette première en France.

La lumière UV-C à l’essai

Le projet FragaSyst a expérimenté l’usage de la lumière UV-C contre l’oïdium. Celle-ci intervient par stimulation des défenses naturelles de la plante et par destruction ou inhibition du développement des bioagresseurs, notamment les champignons. Selon des travaux conduits à la station d’expérimentation Invenio en 2019 et 2020, des lampes UV-C fixes allumées au-dessus des fraisiers pendant cinq minutes à minuit, une fois par semaine, du 24 janvier au 24 avril (quatorze allumages), ont permis de diminuer de 55 % la fréquence de fruits avec oïdium. En 2020, l’éclairage a fonctionné une fois par semaine pendant cinq minutes à minuit de fin janvier à fin avril (quatorze séquences) sur une culture de Gariguette sous serre verre. En moyenne, cette stratégie a permis de réduire de 27 % la fréquence de fraises rouges avec beaucoup d’oïdium. Par la suite, des essais réalisés en 2021 et 2022 par Rougeline et Invenio, avec un dispositif de lampes UV-C mobiles utilisé de jour, ont permis de limiter l’oïdium sur le premier jet de production (mars-avril) mais n’ont eu aucune efficacité sur le second jet de production (mai-juin). Cette approche n’a pas été poursuivie en 2023

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