Aller au contenu principal

En Gironde, un robot pour mécaniser la récolte de myrtilles fraîches

À Planasa France, au Barp, en Gironde, la récolte du verger de myrtilles est presque totalement mécanisée grâce à un robot conçu par l’entreprise Fine Field. Retour d’expérience.

<em class="placeholder">Harvy 500, la récolteuse à myrtilles électrique de Fine Feld</em>
Le verger de 35 ha de Planasa en Gironde est désormais en grande partie récolté mécaniquement grâce à la Harvy 500 de Fine Field qui est spécialisée dans la récolte de myrtilles fraîches.
© C. Gerbod

Au Barp, au sud de Bordeaux, le verger de myrtilles que possède Planasa France compte 35 hectares, répartis entre les variétés Duke, Cargo, et Draper, plantés à 3 300 plants par hectare. « Sans récolte machine, j’aurais arrêté la myrtille », lance Frédéric Faillières, directeur commercial pour l’Europe du Nord de Planasa. La récolte nécessitant entre 250 et 300 personnes, l’entreprise a cherché des solutions pour la mécaniser. 

Lire aussi : Petits fruits rouges : une machine pour calibrer les myrtilles 

Elle a acquis il y a trois ans une machine conçue par le hollandais Fine Field, la Harvy 500. Planasa est la seule entreprise en France à posséder un tel équipement. « Seules 45 machines dans le monde tournent, dont 30 en Europe », précise Fine Field lors de la démonstration organisée sur le site de Planasa au Barp, lors de l’International Berries Days, les 8 et 9 octobre 2025. « C’est la seule récolteuse légère pour récolter les fruits légers », considère Frédéric Faillières. Léo Denet, chef de culture, ajoute que « c’est la seule machine pour du frais, ce qui est particulièrement utile pour la Duke qui se ramasse en trois semaines maximum ».

Deux moteurs électriques pour animer la machine

La Harvy 500 est dotée de deux moteurs électriques fonctionnant avec des batteries lithium-ion. Elle est équipée de panneaux solaires sur le dessus du châssis, ce qui lui assure une autonomie d’une journée, selon le fabricant. Elle se guide automatiquement dans le rang à partir du moment où elle est centrée. 

Lire aussi : De nouvelles variétés de myrtilles à l'essai pour étaler la production

Des sondes repèrent la position des plants. Planasa n’a pas pris l’option GPS car « nos rangs ne sont pas tout à fait droits », indique Léo Denet. Un opérateur contrôle la machine à distance. Sous la surveillance de l’ordinateur de bord, la hauteur des quatre roues est adaptée pour que l'équipement soit parfaitement vertical quelle que soit la surface. La charge admissible de chaque roue est mesurée et ajustée pour éviter « toute contrainte excessive sur le châssis » et assurer « une traction optimale en toutes circonstances », explique le fabricant. La Harvy 500 peut être équipée de chenilles, mentionne Léo Denet.

 

 
<em class="placeholder">Télécommande pour gérer le robot de récolte de myrtilles Harvy 500.</em>
La Harvy 500 se contrôle à distance. © C. Gerbod

Des pertes au sol très limitées grâce à des jeux de brosses mobiles

La hauteur se règle tout comme la force de la vibration. L’avancement fait tourner les doigts. Des brosses horizontales mobiles recueillent les myrtilles ce qui limite les pertes au sol à 5 %. Au moment où les baies tombent dans la caisse en cours de remplissage, un courant d’air expulse les feuilles et brindilles. La machine intègre une pesée automatique. Une caisse pleine est automatiquement remplacée par une vide. La Harvy 500 peut porter jusqu’à 50 caisses. « En début de campagne, les caisses vont jusqu’à 7 kilos. On descend à 5 kilos quand les baies sont plus matures, explique Léo Denet. En 100 mètres, 35 à 40 caisses se remplissent. »

 

 
<em class="placeholder">Intérieur du robot de récolte de myrtille Harvy 500.</em>
Les doigts verticaux vibrent et tournent en avançant tandis que les brosses mobiles horizontales bleues recueillent les baies et limitent les pertes au sol. © C. Gerbod

À Planasa France, la machine avance à 100 mètres par heure. Fine Field évoque une vitesse maximale possible de 700 mètres par heure et une capacité de récolte variant de 200 à 1 000 kilos par heure. La machine doit rester au-dessus de 30 % de batterie. Durant la récolte de Planasa, elle travaille en continu avec trois à cinq heures de charge par jour.

Une maturité de 70 % pour enclencher la récolte

Le robot intervient après une première récolte manuelle début juin, pour le volume à vendre en direct. La maturité des baies doit atteindre 70 % pour débuter la récolte mécanisée.

Le verger doit être adapté. « Il faut planter à une largeur minimale de trois mètres », signale Frédéric Faillières. C’est le cas du verger au Barp. La taille se pense en fonction de la mécanisation. « Si le fruit est trop au centre de l’arbre, nous en perdons », souligne Léo Denet. Le but est d’avoir un arbre droit et ouvert avec de la lumière au centre et de ne pas avoir de branches qui ploient et touchent le sol. « Les grosses branches ne doivent pas se croiser pour évider que ça rigidifie l’ensemble et contraigne la vibration de la machine. La hauteur ne doit pas dépasser 2,30 mètres. Ça ne sert à rien d’avoir un buisson haut. Il faut structurer un buisson ramifié », ajoute le chef de culture.

Quatre personnes mobilisées par la récolte mécanisée

Pour le ramassage manuel, Planasa France n’emploie plus désormais que 70 personnes, tandis que la machine mobilise quatre personnes. Un opérateur contrôle la Harvy 500 avec la télécommande, trois personnes déchargent les caisses en bout de rangs. Il y a deux passages machine sur la saison et un dernier pour récolter ce qui reste.

Léo Denet fait état de pannes pouvant immobiliser l’équipement durant un à deux jours, notamment sur les vibreurs. Il n’y a pas de récolte les jours de pluie.

Le tri ultérieur de la production est réalisé par un prestataire hollandais. Planasa France peut compter sur 70 % de fruits nets pour le volume global récolté.

« Notre potentiel de production est de 400 tonnes, que nous n’arrivons pas encore à exploiter totalement », confie Frédéric Faillières.

Un investissement rentabilisé en deux ans

Planasa a investi 300 000 euros (sans certaines options) mais le prix actuel est de 365 000 euros. L’entreprise loue en complément une autre machine. « Il faudrait une troisième machine », estime Léo Denet.

En cueillette manuelle, Planasa estime le rendement à atteindre pour la rentabilité à huit kilos par heure. « Le coût de la récolte à la parcelle est de 2,30 euros par kilo en manuel mais de 0,80 euro par kilo en mécanique », détaille Frédéric Faillières. L’entreprise estime avoir rentabilisé son investissement en deux ans grâce à la baisse des coûts de main-d’œuvre et à l’augmentation des quantités récoltées. Le directeur commercial considère qu’au-delà de dix hectares, la mécanisation peut être rentable.

Planasa France cherche à optimiser encore son verger et l’usage de la machine pour mécaniser à 100 % d’ici deux ans. En projet, l’achat d’une machine adaptée à la récolte pour l’industrie de marque Oxbo afin de nettoyer les myrtilliers en fin de récolte. « Ne pas laisser de fruits sur les arbres mais surtout au sol est essentiel pour la maîtrise de la drosophile », pointe Frédéric Faillières. Dans ce coin de Gironde comme ailleurs, la redoutable mouche est de plus en plus présente.

Caractéristiques

Longueur 5,102 m

Largeur 3,330 m

Hauteur minimum 3,150 m

Hauteur maximum 3,480 m

Poids 4 100 kg

Rendement de récolte 200 à 1 000 kg/h

Capacité tampon 1 000 kg

Les plus lus

<em class="placeholder">thermitube dans une culture de courgette sous serre tunnel</em>
Dans le Rhône : « Avec les Thermitube, j’ai gagné en précocité en réduisant le risque de gel »
Installé dans les monts du Lyonnais à 400 mètres d’altitude, Anthony Thollet a équipé 1 680 m2 de…
Congrès de la fédération des producteurs de légumes de France
Congrès Légumes de France : recrutement et empreinte carbone au menu de la 68e édition

Programmé les 4 et 5 décembre 2025, à Arras (Hauts-de-France), le 68e congrès de la fédération des producteurs de…

<em class="placeholder">Un parcelle de piment d&#039;Espelette au Pays Basque.</em>
Piment d’Espelette : la récolte 2025 sous la pression du champignon Athelia rolfsii

La récolte 2025 du piment d’Espelette n’est pas encore terminée mais la production sera moins abondante qu’espérée. En cause,…

Des fruits et des légumes sur une table, dont des tomates, poivrons, poireaux, pommes, oignons, carottes, aubergines et choux-fleurs.
Produits phytosanitaires en fruits et légumes : les nouvelles autorisations dérogatoires

Des nouvelles autorisations phytosanitaires de 120 jours maximum ont été délivrées par le ministère de l'Agriculture. Au 18…

<em class="placeholder">Linéaire de légumes bio dans un magasin ne vendant que des produits biologiques, notamment des poireaux et des tomates</em>
Fruits et légumes biologiques : le marché reprend des couleurs

Depuis 2024, les acteurs de la filière bio observent une reprise de la consommation de fruits et légumes bio. La prudence…

<em class="placeholder">Barquettes de tomates cerise &quot;Oui ! A la souveraineté alimentaire française&quot;.</em>
Tomate cerise origine France : première saison pour la barquette souveraine

Face à l’omniprésence des tomates cerises étrangères, des producteurs français ont lancé cette année une contre-offensive avec…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes