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POMME
Du sucre contre le carpo

Le Groupe de recherche en agriculture biologique teste l’application de microdoses de sucre pour stimuler les pommiers dans la lutte contre le carpocapse. Les premiers résultats sont encourageants.

DANS LA LUTTE CONTRE LE CARPOCAPSE DU POMMIER, les micro-doses de fructose ou de saccharose s’appliquent tôt le matin avant la reprise de la photosynthèse.

Des applications de microdoses de sucre ont une action contre le carpocapse du pommier. Cette piste est travaillée depuis 2009 et le Groupement de recherche en agriculture biologique (Grab) poursuit des essais depuis 2012. Trois années sur cinq, les données ont été favorables aux applications de sucre. « Que les essais aient été conduits sur Gala ou Golden, les modalités sur lesquelles des doses de fructose ou de saccharose ont été appliquées, seules, en alternance ou en mélange, ont eu moins de piqûres de carpocapse que la modalité témoin et que celle avec virus de la granulose, ces trois années-là », témoigne Sophie-Joy Ondet du Grab. Mais en 2016, la pression a été telle, 60 % de piqûres dans le témoin, que toutes les modalités ont décroché. Celles avec seulement du virus de la granulose comme celles avec le sucre. « La piste des microdoses de sucre est intéressante mais elle est à moduler selon les variétés et la pression du carpocapse », continue l’ingénieure. Cette technique demande une méthodologie rigoureuse pour qu’elle puisse agir sur la plante. Le dosage est précis : un gramme de fructose ou de saccharose pour dix litres d’eau. Ni plus, ni moins. Une solution mélangée dans une bouille de 780 l/ha pour les essais menés au Grab. « Les infradoses de sucre agissent comme stimulateur de défense. Elles sont donc à appliquer avant l’arrivée du ravageur », note la spécialiste. La première application se fait dès la chute des pétales puis tous les 21 jours, soit près de six fois par an.

Un outil supplémentaire dans la lutte contre le carpocapse

Les mécanismes de défense mis en jeu ne sont pas encore complètement compris. « L’application de sucre provoque un signal à la surface des feuilles, transmis ensuite dans toute la plante, explique Sophie-Joy Ondet. Ce signal induit un effet de résistance de la plante à un insecte ou à une maladie fongique ». Ce mécanisme a été baptisé « sweet immunity », ou défense liée aux sucres. « Les premiers résultats sont encore un peu frais pour que nous puissions conclure sur toutes les modalités testées », nuance l’expérimentatrice. Des essais sont reconduits pour savoir s’il est possible, avec ces applications de sucre, de réduire la fréquence des traitements habituels en bio. « C’est un outil supplémentaire qui permet de casser le rythme des traitements avec un même produit », précise la spécialiste. Jusqu’à maintenant, l’ajout de sucre dans une application de virus de la granulose n’a pas donné de résultat significatif par rapport à une application de granulose seule. En conventionnel, des premiers essais ont été conduits l’année dernière par la Coopérative agricole Provence Languedoc. D’autres années d’essai sont nécessaires pour asseoir les premières observations. Ces doses de sucre ont aussi été testées sur tomate contre le nématode à galles et contre Botrytis cinerea sur tomate et haricot dans un projet baptisé ’Usage’. L’évaluation de ces substances continue dans le projet Casdar Sweet.

A SAVOIR

Le fructose et le saccharose sont inscrits sur la liste des substances de base.

Pas n’importe quel sucre, pas n’importe quand

Seuls le fructose et le saccharose ont montré une efficacité dans la lutte contre ce ravageur. Les meilleurs résultats sont obtenus avec les sucres les plus purs. « Des sucres dans la plante, il en existe déjà en très grand nombre, c’est pourquoi il est primordial d’appliquer ce traitement avant 9 h, heure solaire, pour agir avant le redémarrage de la photosynthèse », insiste Sophie-Joy Ondet du Grab. Le traitement en soirée n’a pas été testé mais, le soir les sucres sont présents en trop grande quantité et l’effet recherché pourrait être dilué.

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