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Dossier Melon : une évolution vers le biocontrôle

La protection du melon suit la tendance générale avec une orientation vers les produits de biocontrôle. Les nouveaux produits disponibles pour la campagne 2019 vont dans ce sens.

Les résistances variétales, notamment contre la fusariose (photo) ou contre le puceron Aphos gossypii font partie des moyens de protection du melon.
© RFL

L’évolution des moyens de lutte phytosanitaire du melon suit une tendance générale de réduction des produits chimiques et de développement des produits de biocontrôle. « C’est notamment le cas de moyens de lutte contre les nématodes », mentionne Daniel Izard, Chambre d’agriculture de Vaucluse-Aprel, en commentant les évolutions des moyens de protection en 2019. Ainsi, la dérogation de 120 jours du DD n’a pas été reconduite et Flocter est sorti de la liste des produits utilisables. S’ajoute à cela l’annonce par l’Anses début novembre du retrait des autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires à base de métam-sodium. Toutefois, en plus des moyens alternatifs en cours de développement (voir page 87), deux nouveaux produits nématicides viennent d’être autorisés. Il s’agit du Velum Prime utilisable uniquement par goutte-à-goutte sous abri en deux applications : 1 à 3 jours avant plantation puis 15 à 30 jours après plantation. Attention, des risques de phytotoxicité peuvent apparaître si l’application est faite dans les 15 jours suivant la plantation. Le second, Nemguard Granulés, est un produit de biocontrôle à base d’ail utilisable à la plantation.

Traitements préventifs les plus efficaces

En culture, la protection contre l’oïdium s’effectue à partir de traitements préventifs à base de soufre poudrage et soufre mouillable. Ces produits sont des produits de biocontrôle et utilisables en agriculture biologique. Ils présentent toutefois des risques de phytotoxicité à température élevée. Eviter l’application si la température dépasse 28°C au cours des prochaines 24 heures, précise le document édité par l’Aprel et SudExpé1. Celui-ci mentionne Vitisan, nouveauté à base d'hydrogénocarbonate de potassium, produit de biocontrôle également utilisable en AB, en mélange avec 2 à 3 kg/ha de soufre mouillable. « Bien que disposant d’AMM, Collis, Physalis et Topaze ont été sortis des préconisations à cause de leur classement CMR : Cancérogène, Mutagène, Reprotoxique », fait remarquer Daniel Izard. Systhane New ou Licorne sont également retirés car leur autorisation d’utilisation expire le 15 juillet 2019. Les risques de mildiou sont importants surtout en plein champ. Les traitements préventifs sont les plus efficaces. « En préventif jusqu’au stade nouaison (et éventuellement après ce stade en période de risque faible), traiter avec un produit de contact à la fréquence de 7 jours », détaille la fiche de préconisation qui cette année s’enrichit de deux nouveaux produits : Revus à base de mandipropamide et Zampro Max association d’amétoctradine + diméthomorphe. Le mélange soufre + cuivre a une efficacité secondaire préventive intéressante sur mildiou et cladosporiose. « Acrobat M DG, Coach Plus et Zampro Max contiennent une substance active commune, le diméthomorphe. Il convient de ne pas dépasser trois applications/an avec l’ensemble de ces trois produits afin de prévenir l’apparition de résistances », précise le spécialiste.

Surveillance des premiers foyers

Pour lutter contre les ravageurs, la fiche préconise certaines actions prophylactiques comme : gérer les abords pour favoriser la présence d’auxiliaires, repérer et surveiller la progression des premiers foyers, arracher les plantes les plus atteintes ou traiter en localisé, ou en plein si nécessaire sur des populations faibles. Pour protéger les abeilles, il convient de ne pas traiter pendant la période de pollinisation active. « Si un traitement s’impose, traiter en dehors des heures de butinage même avec un insecticide ayant la mention abeille », précise le document. Certains insecticides sont interdits pendant la floraison (voir l’étiquette). Le choix de produits peu toxiques pour les auxiliaires naturels (utilisables en protection intégrée) évite de les perturber et limite le nombre de traitements. Contre les pucerons, le choix variétal doit s’orienter vers des variétés IR Ag : résistance intermédiaire à la colonisation par le puceron Aphis gossypii. « La surveillance des premiers foyers permet d’intervenir tôt en localisé », assure Daniel Izard. La suspension d’AMM du Closer en novembre 2017 et l’interdiction des néonicotinoïdes en septembre dernier dont Calypso et Supreme 20 SG (lire page 6), limite à deux le nombre d’aphicides : Teppeki et Plenum avec un retrait annoncé de ce dernier en 2020. Comme chaque année et depuis plus de trente ans, Daniel Izard a donc passé en revue, avec la même pertinence, l’actualité phytosanitaire. Se souvenant que la première fiche Phyto Melon avait été faite « un jour de neige, coincé à la maison », Daniel Izard a annoncé son départ à la retraite à la fin de l’année.

(1) La fiche protection melon 2019 est disponible sur le site www.aprel.fr. Dans le cadre du nouveau catalogue des usages, cette fiche concerne aussi la courge, la pastèque, le potiron et les autres cucurbitacées à peau non comestible (sauf mentions particulières).

Stimuler les défenses naturelles

Etonan et Romeo sont classés dans l’usage SDN, stimulateur de défenses naturelles. Ils permettent de protéger la culture contre le mildiou (Etonan ou LBG01F34) ou l’oïdium (Romeo) avec des applications en préventif (trois pour Etonan, huit pour Romeo). Romeo est à utiliser seul ou en mélange avec du soufre à 2/3 de dose. Il s’agit d’un produit nouveau pour lequel il manque de références.

En bref

Folio Gold, fongicide pour lutter contre le mildiou et la cladosporiose du melon n’est pas utilisable sur courge, potiron, potimarron (usage retiré sur ces espèces).

La Bouillie Bordelaise RSR Disperss utilisée contre les bactérioses contient 20 % de cuivre métal. En agriculture biologique, il ne faut pas dépasser 6 kg/ha/an de cuivre métal, soit 7 traitements/ha/an avec ce produit.

Switch Après son application pour lutter contre la pourriture grise et les sclérotinioses, respecter un délai de 120 jours avant semis ou plantation de la culture suivante. Ce produit est autorisé aussi sur oïdium et maladie des taches brunes (cladosporiose).

Ratron GL à base de phosphure de zinc est un nouveau produit sous forme d’appât pour lutter contre les campagnols et autres rongeurs. L’application se faire avec une canne de distribution spécifique (5 granulés par trou).

Helicovex utilisable pour lutter contre les chenilles des noctuelles défoliatrices et pyrales, est efficace uniquement sur Helicoverpa (Heliothis) armigera.

Beloukha est un nouvel herbicide à base d’acide pélargonique, classé biocontrôle, utilisable pour le désherbage des melons de plein.

Mélanges interdits sur melon

Le mélange de produits présentant la mention de danger H373* est interdit entre eux. Sur melon, l’interdiction concerne Cidely Top, Vertimec Pro. Il en est de même pour ceux mentionnés H351* soit Folio Gold, Plenum 50 WG.

* H373 : risque présumé d’effets graves pour les organes à la suite d’expositions répétées ou d’une exposition prolongée

* H351 : susceptible de provoquer le cancer

Votre smartphone pour un diagnostic

Plusieurs applications d’aide au diagnostic des maladies des plantes sont consultables sur le site Web Inra e-phytia, dont une sur les maladies du melon, et diffusées sur les plateformes App Store et Google Play pour ce qui concerne les versions nomades. Téléchargeables gratuitement, ces applications sont actualisables et peuvent être embarquées afin de les utiliser même en zones non couvertes. Il suffit ensuite d’observer les symptômes sur la plante malade, de les comparer à ceux présentés sur les séries d’images que vous faites défiler sur votre smartphone, de choisir la plus ressemblante et un diagnostic vous est proposé. On peut alors consulter la fiche dédiée au bioagresseur en cause détaillant ses symptômes, sa biologie et les méthodes de protection permettant de le contrôler. Ces applications disposent de deux modules complémentaires : Di@gnoplant aide au diagnostic, renseigne, et forme en protection des plantes, Vigipl@nt permet de surveiller les cultures, de signaler les bioagresseurs courants et émergents. « Ce continuum de connaissances, de la recherche au terrain et réciproquement, fait maintenant merveille au pays de la santé des plantes », commente Dominique Blancard, Inra.

Risque Virus

Il y a des risques d’introduction de virus notamment le CVYV sur cucurbitacées (melon, concombre, courgette, pastèque, courge…), transmis par l’aleurode Bemisia tabaci à partir de plants ou de matériels provenant de régions infestées. Soyez vigilant sur l’origine des plants et vérifier leur état sanitaire à la réception. Le Tomato Leaf Curl New Delhi Virus transmis par l’aleurode Bemisia tabaci représente un nouveau risque sur melon.

 

Retrouvez tous les articles de notre dossier Melon :

Trouver des solutions contre la bactériose

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