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Dossier Diversification : la pecan pose ses racines dans le Sud-ouest

André, Nadine, Anthony et Dimitri Tesson parient sur l’avenir et le réchauffement climatique en choisissant amandes, noix de pecan et pistaches comme le prochain axe de diversification de leurs entreprises.

Des projets pour anticiper l’avenir, André Tesson n’en manque pas. « Depuis 30 ans, nous élevons des poulets mais avec la diminution de la consommation de viande, nous devons changer notre fusil d’épaule ! » L’autre épaule, ce sont les fruits à coque. « On y trouve des nutriments comme le fer, qui manquent dans les steaks végétaux », précise, enthousiaste, l’agriculteur lot-et-garonnais. Déjà producteur de noix et noisettes sur 90 ha, ce visionnaire s’est lancé depuis deux ans, avec sa femme et ses deux fils, dans l’amande et la noix de pecan. « Nous avons voulu rester sur des productions qui se récoltent mécaniquement, précise Anthony Tesson, son fils. L’idée est d’adapter nos machines de récolte noix, noisettes ou prunes. » Le séchage pourrait aussi se faire avec les outils déjà disponibles dans la coopérative du village ou avec des séchoirs achetés localement. « Mais pour le moment, on ne connaît pas le produit pour évaluer ses besoins en températures et temps de séchage, précise André Tesson. Il faudra tester. » Fin 2018, il aura planté une dizaine d’hectares d’amandiers, 7 ha de pacaniers (noix de pecan) et 8 ha de pistachiers (voir encadré) : un investissement total de 150 000 euros. « C’est un pari, nous ne savons pas si ça va marcher ! Mais notre objectif serait de produire une trentaine de tonnes de chacun de ces nouveaux fruits à coque. »

Des conduites à adapter au terroir

C’est au cours d’un voyage en Espagne, à Tolède, qu’André et son fils Anthony ont rassemblé les éléments pour élargir leur gamme de fruits à coque. « Ici, le climat est moins propice à ces nouveaux fruits mais on anticipe le réchauffement climatique et les problèmes d’approvisionnement en eau des principales régions productrices ! », indiquent-ils. Tout est encore à apprendre sur la conduite de ces fruits, rares dans la région, mais les producteurs ont déjà pris en considération un certain nombre de problèmes. Pour leur taille, André Tesson compte sur le lamier, passé une fois tous les trois à quatre ans. Les premiers arbres ont été plantés pendant l’hiver 2016-2017 avec différentes distances de plantation, pour tester. « Les distances entre inter-rang sont conditionnées par les machines de récolte : entre 7 et 10 m », précise-t-il.

Un canon à chaleur pour éviter le gel

Les amandiers ont été plantés sur les parcelles en haut des coteaux pour limiter l’asphyxie racinaire. Et pour éviter au maximum ce problème, les sols étant argileux, Tesson père et fils, ont modifié une machine pour créer des buttes et planter les amandiers dessus. « Nous sommes aussi en limite de zone de production pour l’amande à cause du gel, pointe l’audacieux arboriculteur. Nous envisageons donc de fabriquer une turbine à air chaud à partir des canons à chaleur utilisés en bâtiment d’élevage de poulet. » Attelée à un tracteur, elle tournerait dans les vergers pour limiter la chute des températures. « Nous devrions faire les premiers essais l’hiver prochain ». Les huit hectares plantés cette année l’ont été avec la variété Lauranne car elle est autopollinisatrice. Mais quelques arbres de la variété Soleta ont été implantés régulièrement pour assurer la pollinisation. Cette variété fleurit plusieurs dizaines de jours. Pour assurer les besoins en eau de cette culture de 500 à 700 m3 par hectare, un lac collinaire a été creusé. L’irrigation des amandiers se fait en goutte-à-goutte enterré, mais avec une seule ligne, leurs besoins en eau étant inférieurs à ceux de la noisette. La première récolte est prévue en 4e feuille.

Limiter la croissance pour passer le lamier

Pour les pacaniers, les conseils techniques ont été pris auprès du producteur pépiniériste rencontré en Espagne. « Fin 2018, nous devrions avoir planté 7 ha », précise le producteur. La première récolte se fera dans sept ans. « Selon le producteur rencontré en Espagne, le rendement possible est de 2,5 t/ha avec 100 arbres/ha, mais les prix de vente peuvent aller jusqu’à 30 €/kg. » Les pacaniers étant moins sensibles à l’asphyxie racinaire, ils ont été implantés dans les bas-fonds. Leur irrigation se fait par microjet. Ce sont des arbres qui peuvent monter jusqu’à 25 m. « Mais je veux leur garder un gabarit qui permet de les tailler au lamier. Nous avons expérimenté une plantation en 10 x10 m, mais pour limiter leur croissance le 7 x 6 m serait sans doute l’idéal », constate André Tesson.

Une commercialisation en vente directe

Pour la commercialisation de ses fruits, la famille Tesson ne manque pas d’idée. « Ma femme Nadine et notre fille Andréa souhaitent monter un magasin en vente directe dans notre village et j’ai déjà eu un contact avec Carrefour », se projette-il. Unicoque, la coopérative de noisettes à laquelle André Tesson apporte ses noisettes, regarde aussi son projet d’un œil bienveillant. « On pourrait proposer des sachets apéro avec pistaches, amandes, noix de pecan, noisettes, noix et pruneau », imagine Anthony Tesson. Un avenir plein de projets. Et un projet plein d’avenir, puisqu’avec des pacaniers capables de produire pendant 200 ans, ce n’est pas que sur le sien que mise André Tesson !

Des pistaches lot-et-garonnaises

André Tesson expérimente aussi le pistachier. « Mais nous n’avons pas encore trouvé ni les bons plants, ni la bonne méthode de plantation. Et vu le port de l’arbre, la taille ne pourra pas se faire au lamier ». Parmi les autres fruits envisagés dans les années à venir : la noix en cœur originaire du Canada et la noix rouge de Suisse. Ce sont des produits qui intéressent les pâtissiers.

 

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