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Dossier Dephy arbo : « La confusion a permis d’être en zéro résidu »

Au Château de Nages, dans le Gard, les pratiques ont bien bougé depuis l’entrée de l’exploitation dans le réseau Dephy pêche du GRCeta Basse Durance, en 2011. Une démarche qui a incité le domaine à se lancer en 2019 dans la pêche bio.

Le Château de Nages, dans le Gard, compte 300 hectares, dont 110 ha de verger où sont produits pêche et abricot. L’exploitation arboricole fait partie du réseau Dephy Ferme Pêche, piloté par le GRCeta de Basse Durance depuis 2012. « Les objectifs sont de se positionner sur la baisse des intrants de produits phytosanitaires, mais surtout d’acquérir des références afin d’amorcer des solutions concrètes dans les exploitations », résume Christophe Mouiren, du GRCeta, en charge de l’animation. Le Château de Nages a depuis sept ans fait évoluer ses pratiques, explique Christophe Ripolles, chef de culture, et plusieurs axes ont été travaillés sur l’exploitation. A l’entrée dans le réseau, l’IFT chimique moyen sur les trois premières années (2010 à 2012) était de 35, sur les trois dernières années (2016-2018) il était de 17,5. « La confusion sexuelle est un levier majeur (qui engendre une baisse de 5 à 8 IFT en moyenne, ndlr) et cela nous permet d’être en « zéro résidu » sur toute la saison, en particulier sur abricot », explique-t-il.

 

 

Autre action généralisée sur l’exploitation : la lutte contre les forficules, avec la pose de glu, en avril, avec une équipe de 10 à 12 personnes, et le piégeage, sur la base de travaux développés par le CTIFL de Balandran. « Mais les problématiques de cette technique restent la pose d’échalas et son coût : il faut compter environ 40 heures pour fabriquer 500 pièges, plus environ 20 h de pose par hectare (1 piège/arbre) et entre 10 et 15 heures pour les récolter. Il faut intervenir très tôt. En 2018, ça a été compliqué avec le printemps, très humide, l’herbe a beaucoup poussé. Elle a généré des ponts entre le sol et les arbres fruitiers. Mais cette technique fonctionne et permet de baisser de deux l’IFT strict, tout en sécurisant la problématique conservation », souligne Christophe Ripolles.

Prise de risque sur les traitements fongicides

Troisième axe travaillé sur l’exploitation : l’amélioration de la pulvérisation, notamment pour les fongicides. « En hiver, sur le premier traitement, nous passons un rang sur deux jusqu’à la fleur, ce qui amène aussi un gain de temps. Nous avons aussi baissé la dose par hectare de matière active de 25 %. Mais on fait cela uniquement jusqu’à la fleur, après c’est trop risqué et on ne joue plus sur la réduction de dose. Mais il faut être conscient que c’est une prise de risque, et l’on voit d’ailleurs revenir la cloque. » A l’inverse, l’arboriculteur ne prend aucun risque sur les traitements insecticides. « Là, on passe tous les rangs. » Car l’inconvénient, en pêcher, est qu’il n’existe pas ou peu de conduites en forme plate. Par ailleurs, le type de pulvérisateur utilisé (couronne) nécessite de la ventilation et donc, génère de la dérive. « On travaille bien sur les réductions de doses, mais cette technique reste difficilement applicable sur des formes en volume », reconnaît Christophe Mouiren.

Bien préparer le sol avant les bâches

L’exploitation a également testé d’autres techniques, en particulier les bâches tissées et le travail du sol, « un à l’automne et un au printemps, avant complément chimique ». Mais Christophe Ripolles se pose beaucoup de questions sur l’avenir, suite à la disparition programmée du glyphosate. « D’ici deux ans, le désherbage va devenir compliqué avec la disparition du glyphosate », reconnaît le chef de culture. Pour la pose des bâches, l’expérience acquise ces dernières années a permis d’affiner la stratégie d’installation après plantation : « Il faut avoir très bien préparé le sol préalablement, pour avoir un terrain bien plat : si des creux apparaissent, on aura inévitablement des dépôts de matière organique où l’on verra germer des repousses qui poseront problème après. Pour faciliter le nettoyage de la bâche, nous venons d’ailleurs d’investir dans une balayeuse-brosse car jusque-là, on le faisait à la main. Après la préparation du sol bien plat, on fait le sillon à l’extérieur du rang de 20 cm de profondeur ; ensuite, on déroule la bâche, à deux en général ça suffit. C’est la terre de la butte rejetée sur la bâche qui tend le tout. »

Pour le chef de culture, l’ensemble de ces techniques permet de répondre à une demande sociétale que l’on ne peut plus ignorer. « Le fait de faire partie du réseau Dephy Ferme permet d’échanger, de voir où l’on en est. Ça donne une photographie à un instant « t » et ça permet de voir ce qui peut être amélioré, et comment. Ça fait avancer tout simplement et le tout donne des perspectives à l’OP. D’ailleurs, nous allons planter 12 hectares de pêchers bio, dont 8 ha en 2019 », conclut Christophe Ripolles.

Une baisse de l’IFT de 40 % en pêche

Le groupe Dephy pêche du GRCeta Basse Durance a débuté en 2012 avec dix producteurs en PFI du Gard, des Bouches-du-Rhône, de la Drôme et du Vaucluse. L’IFT chimique moyen appliqué sur les 160 hectares du réseau était de 28,78 pour la moyenne 2010-2011-2012 (point zéro du réseau). Aujourd’hui, il est de 17,07 avec un changement partiel des producteurs en 2016, dont un en agriculture biologique, et une augmentation des surfaces à 360 ha. Soit une baisse de l’IFT de 40 %. Elle s’est faite par une diminution du nombre d’applications et l’utilisation de produits de biocontrôle. Les insecticides ont diminué de 45 % en passant en moyenne d’un IFT chimique de 11 à 6 entre la moyenne des trois premières années et des trois dernières. Pour les fongicides, la diminution est du même ordre avec une baisse de l’IFT chimique moyen de 6 points en passant de 16 à 10. « Le réseau devrait rester en l’état, indique Christophe Mouiren, l’ingénieur réseau. Pour les producteurs du réseau, au-delà de continuer à améliorer leurs pratiques et de répondre au mieux aux exigences sociétales, certains s’orientent vers l’agriculture biologique. »

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