Aller au contenu principal

Dossier Biocontrôle : Les producteurs donnent leur avis

D’après une récente enquête, le biocontrôle bénéficie d’une bonne image auprès des producteurs mais des freins à une diffusion plus large subsistent.

542 agriculteurs ont été interrogés sur leurs avis et leurs attentes vis-à-vis du biocontrôle.
© IBMA France

« Il y a une marge de progrès en termes de notoriété et d’utilisation des solutions de biocontrôle par les producteurs », résume Denis Longevialle, secrétaire d’IBMA France, en présentant les résultats de l’enquête réalisée en 2018 auprès de 542 agriculteurs français par AgroParisTech Service Etudes. Par ce moyen, IBMA France a souhaité évaluer la perception et l’utilisation du biocontrôle par les agriculteurs. Spontanément, près d’un agriculteur sur quatre dit ne jamais avoir entendu parler des produits de biocontrôle. Cette proportion est un peu plus forte chez les producteurs en AB que chez ceux en conventionnel. « Après lecture de la définition des produits de biocontrôle, on se rend compte que 17 % de ces agriculteurs n’en ayant jamais entendu parler sont en réalité des utilisateurs, indique Denis Longevialle. Cela montre que ces produits ne sont pas toujours bien compris. »

 

 

Un peu moins de la moitié des agriculteurs interrogés, 44 %, déclarent utiliser des produits de biocontrôle. Ils sont proportionnellement plus nombreux en bio (50 %) qu’en conventionnel (41 %). Il y a une proportion d’utilisateurs plus élevée en cultures spécialisées qu’en grandes cultures. Une conséquence logique du nombre plus important de solutions disponibles dans ce secteur. Dans le détail, 84 % des maraîchers en utilisent, 65 % des arboriculteurs et 57 % des viticulteurs. En grandes cultures, la proportion d’utilisateurs de biocontrôle est de 34 % et en polyculture, 22 %. Mais lorsqu’ils sont utilisés, c’est en viticulture que les produits de biocontrôle sont davantage déployés (82 % des cultures concernées), devant l’arboriculture (74 %) et le maraîchage (53 %). « Nous n’avons pas séparé les productions de légumes de plein champ de celles sous abri », précise Denis Longevialle.

Un coût des produits trop important

Preuve du potentiel de progression des solutions de biocontrôle, plus de la moitié des agriculteurs interrogés envisagent d’en utiliser davantage, alors qu’ils sont à peine plus de 5 % à souhaiter moins les utiliser. En arboriculture, ils sont 63 % à vouloir plus les utiliser et en maraîchage, 58 %. « Le biocontrôle bénéficie d’une bonne image auprès des agriculteurs », note le secrétaire général d’IBMA France. Trois agriculteurs sur quatre ont en effet un avis positif sur le sujet et 7 % ont un avis négatif, les autres étant partagés. Les avantages attribués aux produits de biocontrôle qui ont été les plus cités sont la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires classiques, le respect de l’environnement et la préservation de la santé de l’applicateur. Une meilleure image de l’agriculture auprès des consommateurs et la durabilité environnementale du système d’exploitation ont également été souvent évoquées. A l’inverse, les principaux freins à une plus large adoption du biocontrôle sont pour les producteurs un coût des produits trop important, un manque d’accompagnement et de formation, et une moindre efficacité des produits.

Un usage envisagé par 93 % des non-utilisateurs

« 6 % des enquêtés, soit trente personnes, ont utilisé des solutions de biocontrôle dans le passé et ont arrêté. Ce sont des "déçus" du biocontrôle », analyse Denis Longevialle. Cet abandon est dû avant tout à des questions d’efficacité et de prix des produits. Les "déçus" du biocontrôle utilisaient pour les trois quarts d’entre eux des macro-organismes et pour un peu plus de 20 % des substances naturelles. Mais la moitié de ces ex-utilisateurs envisagent toujours le biocontrôle comme une option envisageable pour le futur. Parmi les non-utilisateurs actuels de biocontrôle (soit 56 % des agriculteurs interrogés), 20 % affirment qu’ils en utiliseront très probablement et 73 % envisagent une utilisation future comme une option à étudier. L’enquête montre aussi une marge de progression quant à la mise en avant des solutions alternatives par les fournisseurs de produits phytosanitaires. Si 25 % des agriculteurs se voient proposer régulièrement des produits de biocontrôle par leurs fournisseurs, ils sont 39 % à n’avoir jamais eu de proposition de produits de biocontrôle. Plus de la moitié des producteurs interrogés estiment cependant que leur fournisseur est prêt à les accompagner dans une démarche d’intégration de ces produits. Et 70 % ressentent le besoin d’être accompagné, formé ou informé à leur utilisation. Dans ce registre, les conseillers techniques ont un rôle important. « Les conseillers techniques ont la cote, souligne Denis Longevialle. Les agriculteurs sont 70 % à utiliser au moins la plupart du temps les produits préconisés par leur conseiller technique. Et ils sont 75 % à lui faire confiance concernant le choix des stratégies de protection phytosanitaire. Les conseillers techniques sont des éléments essentiels pour le déploiement du biocontrôle. »

Le panel interrogé

542 agriculteurs, répartis dans toute la France, interrogés par courrier électronique ou au téléphone

42 % en grandes cultures, 17 % en viticulture, 10 % en maraîchage, 21 % en polyculture, 10 % en arboriculture

71 % en agriculture conventionnelle, 29 % en AB

Des sources d’information diverses

En termes de protection des cultures, un agriculteur sur quatre dit suivre principalement les préconisations de son conseiller technique. La majorité, 60 %, a plutôt tendance à se renseigner auprès d’une source large d’information : collègues, presse spécialisée, internet… Sur le biocontrôle spécifiquement, les organismes les plus cités pour s’informer sont les coopératives, les Chambres d’agriculture et les fournisseurs.

Les plus lus

Des kiwis, petits fruits rouges et des châtaignes barrées d'un drapeau français.
Francisation de fruits : un grossiste de Dordogne condamné

Nouvelle condamnation pour francisation de fruits. Le gérant de l’entreprise périgourdine Fruits rouges du Périgord,…

bineuse sur une parcelle de haricots pour l'industrie. hauts-de-france. visite de presse Unilet
Protection des cultures/Parsada : lancement d’un nouvel appel à projets doté de 45 millions d’euros

Cet appel à projets, piloté par FranceAgriMer, vise notamment les acteurs de la recherche appliquée et fondamentale. Les…

<em class="placeholder">Dimitri Piraud, producteur de cerises dans le Rhône, a installé des vergers 100 % sous couverture intégrale.</em>
Cerises : apprivoiser les contraintes techniques des vergers sous couverture intégrale

Les vergers de cerisiers dits « modernes » sont de plus en plus nombreux dans le Rhône. Mais cette conduite sous…

verger de poires aux pays-bas; visite en juin 2022 congrès interpera
Poire : vers une hausse des récoltes 2025 partout en Europe sauf en France

Le congrès Interpera a dévoilé fin juin les premières tendances de récolte pour cette campagne de poires. Les problématiques…

Une bineuse équipée de moulinets TILT Rotovert, permettant de désherber le rang lors du binage, sur un champ. Devant, le drapeau de l'Unilet
Parsada pour les légumes d’industrie : quelles avancées après un an ?

Un voyage de presse organisée dans les Hauts-de-France par Unilet a été l’occasion pour les opérateurs de la filière des…

annie genevard ministre de l'ag(riculture en visite officielle en PACA
Plan de souveraineté de la filière fruits et légumes : 8 millions d’euros pour la rénovation des vergers

Le dispositif couvre les campagnes 2025-2026 et 2026-2027. La campagne de dépôt des demandes d’aide est ouverte jusqu’au 8…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes