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Dossier Asperge : la griffe marque la plantation

Base du potentiel de production de la future aspergeraie, la griffe apporte le potentiel génétique et l’énergie indispensables à une bonne implantation de la culture.

Les griffes produites et plantées en France sont de qualité CE, répondant ainsi à une qualité minimum imposée par la réglementation européenne.
© RFL

La griffe est une combinaison du potentiel génétique de la variété contenu dans la graine et issu de la sélection variétale (la plupart des variétés sont des hybrides), et du potentiel végétatif de la plante élevée pendant une année par le pépiniériste. Même si la réglementation CE en cours en France impose un grammage minimal de 25 g, les griffes d’asperge proposées aux professionnels sont au moins 40 g. Certains pépiniéristes proposent même plusieurs catégories selon le poids de la griffe 40-70 g et + de 70 g, qui correspondent aussi à des catégories A et A +.

Une végétation abondante dès la première année

Son calibre augure de l’énergie dont elle dispose pour faciliter sa reprise et assurer l’émergence de tiges. Tout autant que le poids, c’est aussi la régularité de poids du lot des griffes qui compte pour faciliter la plantation (notamment avec des densités importantes) et assurer l’homogénéité de la parcelle à venir. La griffe se compose d’un plateau et d’un système de racines charnues composant les réserves de la plante. On recherchera un plateau étalé, équilibré pour faciliter son développement à venir et un nombre important de turions (bourgeons), en moyen de 5 à 7 (variable suivant les variétés). Ce nombre augure du nombre de tiges. Une végétation abondante dès la première année permettra d’assurer une bonne implantation de l’aspergeraie. Des plants trapus peuvent également faciliter la plantation machine et/ou leur mise en place lors de plantation à forte densité (8 à 9 griffes par mètre linéaire). Certains fournisseurs de griffes proposent la location de machine à planter. Le chantier de récolte s’organise avec un tracteur, une planteuse et un fourgon pour les plants / un conducteur, deux planteurs sur la machine et deux personnes pour approvisionner les planteurs et contrôler la ligne de plantation. La mécanisation permet un gain de 50 % de temps de plantation comparée à un chantier manuel. Il est également possible de faire appel à un entrepreneur dans certaines zones de production.

Disposer de plants sains certifiés

« La majeure partie de griffes produites (98 %) et plantées en France est de qualité CE, répondant ainsi à une qualité minimum imposée par la réglementation européenne », précise Gilles Chevalier, Inspecteur responsable de l’espèce au GNIS-SOC Région Centre. La production, le contrôle et la certification des griffes d’asperge sont organisés par le GNIS. Les conditions de production de griffes d’asperge prévoient notamment que l’origine des semences doit être justifiée et qu’une parcelle destinée à la production de griffes ne doit pas avoir porté de cultures d’asperge depuis au moins dix ans, ou une pépinière de griffes depuis au moins cinq ans. Les contrôles sanitaires effectués par le pépiniériste seront faits durant la période végétative et jusqu’à la récolte et le conditionnement y compris. Au moment de leur récolte, les griffes doivent avoir subi une période maximale de douze mois de végétation, et une période d’arrêt végétatif. Les contrôles sanitaires de la culture et des griffes portent sur de nombreuses maladies et ravageurs. Des exigences particulières s’appliquent pour le Rhizoctone violet dont la présence sur des griffes implique la destruction de la partie ou de l’ensemble de la parcelle contaminée et pour les Fusarioses pouvant entraîner, en fonction de la gravité des symptômes, soit l’acceptation de la parcelle, soit l’obligation de traiter, soit le refus d’une partie ou de la totalité de la parcelle. Les lots présentés à la certification doivent satisfaire à toutes les prescriptions du règlement du GNIS-SOC. Les certificats ou vignettes, et éventuellement les scellés, ne peuvent être apposés que sur les plants répondant aux normes définies dans ce règlement technique. L’apposition est effectuée sous le contrôle du SOC. « Chaque emballage contenant les plants certifiés doit être muni d’un certificat ou vignette et éventuellement d’un scellé délivré par le SOC. La délivrance de ces documents est défini par le SOC avec chaque entreprise admise au contrôle », termine Gilles Chevalier. Ce contrôle qualité est une garantie précieuse pour les producteurs de disposer de plants sains qui sont un préalable à une parcelle saine et rentable.

 

Le marché de la griffe

Les surfaces de pépinière d’asperge sont en diminution en France. Actuellement, elles représentent environ 50 ha alors qu’elles étaient de 150 ha il y a une vingtaine d’années. Cette régression s’explique par la diminution de la demande après les attaques de fusariose dans les années 90 dans le Sud-est de la France, par la régression du marché d’exportation des griffes notamment en Grèce, et enfin par l’arrivée des variétés de type hollandais implantées à partir de plants importés. En 2017, environ 10 millions de griffes ont été vendues en France. Il s’agissait là d’une forte année de plantation (+ 20 % par rapport à 2016). Pour 2018, il est prévu de revenir à niveau de plantation des années 2014-2015. Deux tiers des griffes plantées sont d’origine française et produites par un petit nombre d’entreprises spécialisées. L’autre tiers est importé des Pays-Bas, Allemagne et Espagne.

A savoir

Commander les griffes un an avant la plantation pour être sûr de disposer de la variété et de quantité souhaitée

Prévoir et planifier la plantation qui nécessite le travail préparatoire d’ouverture des tranchées mais aussi un drainage éventuel, le décompactage, le sous solage, l’apport de matière organique et/ou de fumure de redressement, éventuellement désinfection de sol et destruction des vivaces

A la réception, planter le plus rapidement les griffes

Privilégier de planter dans de bonnes conditions. Laisser ressuyer le sol si trop de pluie ou attendre qu’il se réchauffe si trop froid. La plantation/implantation de la culture est une étape déterminante de la performance de l’aspergeraie pour toute sa durée de production (8 à 15 ans). La maxime est « planter des plants chauds dans un sol chaud »

Stoker les griffes sous un hangar bien ventilé et au sec en étalant les sacs (dépalettiser) ou en chambre froide entre 2 à 5 °C, se conservent 5 à 7 jours

La griffe : une culture très spécifique

La production de griffe se fait sur un sol indemne de maladies (Rhizoctone violet et fusariose). Il s’agit de sols neufs n’ayant jamais reçu d’asperge ou de sols en rotation longue (+ de 6 à 7 ans) qui sont préalablement désinfectés. Réalisé en mars, le semis s’effectue à 220 000 à 260 000 graines/ha selon la richesse du sol, les calibres de griffes recherchés et les variétés qui produisent des griffes plus ou moins grosses. Le taux de germination est assez faible 75 à 85 % et le temps de germination long. Ceci impose donc une maîtrise de l’enherbement de la pépinière. Celui-ci se réalise à l’aide herbicides de pré-levée puis de désherbage mécanique entre rang et de désherbage manuel sur le rang. Les passages s’effectuent tous les mois car la concurrence des mauvaises herbes pénalise fortement la croissance des asperges et donc le calibre des griffes. La protection phytosanitaire est rapprochée pour éviter toutes affections du feuillage par les maladies et ravageurs. Le ramassage des griffes s’effectue en février et mars avant leur mise en plantation. Il est réalisé selon les demandes avec arrachage et livraison en direct ou pour un stockage des griffes en frigo (pas plus d’un mois) avant leur expédition. Les griffes sont trempées dans un traitement anti-fongique, sauf pour les griffes destinées à la bio dont il existe désormais une offre spécifique de plants bio.

L’option de la motte

L’option de planter des mottes plutôt que des griffes a été expérimentée depuis quelques années, sans toutefois convaincre un grand nombre de professionnels. Celle-ci consiste à planter entre juin et septembre des plants en motte issus de semis de l’année. Son avantage principal est de pallier un manque de disponibilité de griffe. La motte permet également de planter dans des conditions poussantes, à partir de juin. Dans certains cas, asperge verte sous tunnel, elle permet de réaliser une dernière culture d’hiver. Elle peut aussi faciliter la plantation en terre lourde. Sur le plan organisation, le décalage entre récolte/plantation permet de disposer plus facilement de la main-d’œuvre. Mais le temps gagné en année de plantation nécessite une année d’entretien de l’aspergeraie supplémentaire. En effet, il est difficile d’envisager une récolte, même partielle, l’année suivante, sauf pour des plantations précoces (juin) bien implantées. La reprise de la motte exige également un suivi plus précis des irrigations : celle-ci dispose de moins de réserves qu’une griffe. Si sur un plan économique, la motte ne présente pas d’avantage particulier, l’offre existe chez des pépiniéristes donc certains proposent plusieurs types de mottes. Attention, les racines de plantes en motte ne doivent pas s’accumuler en « chignon » et garder leur caractère pivotant pour faciliter leur développement.

 

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