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Des plantes couvre-sols pour les abricotiers

Le projet Placohb, conduit par le CTIFL, a permis de déterminer des mélanges de plantes couvre-sols peu concurrents en verger d’abricoter adulte en agriculture biologique et d’intérêt pour attirer les auxiliaires.

La modalité de couvre-sol Répulsives contient de la menthe poivrée, de l'ail blanc d'automne, de Bituminaria bituminosa dont les odeurs sont répulsives pour les campagnols et de mélilot, toxique pour les rongeurs.   © CTIFL
La modalité de couvre-sol Répulsives contient de la menthe poivrée, de l'ail blanc d'automne, de Bituminaria bituminosa dont les odeurs sont répulsives pour les campagnols et de mélilot, toxique pour les rongeurs.
© CTIFL

Trouver une gamme de plantes couvre-sols, performantes pour différents usages en verger adulte d’abricotier conduit en agriculture biologique, tel était l’objectif du projet Placohb mené par le CTIFL. En arboriculture biologique, l’entretien du rang se fait mécaniquement. Cette technique coûteuse en temps, en énergie, peut aussi blesser les troncs et détruire les racines superficielles des fruitiers. L’utilisation de plantes couvre-sols sur ces mêmes rangs évite ces inconvénients et peut aussi favoriser la biodiversité et la régulation des bioagresseurs. Le projet a été mené sur le site de Balandran dans le Gard, sur une parcelle d’abricotiers adultes plantée en 2013 en agriculture biologique. Trois couverts semés et un couvert spontané sur le rang ont été comparés à une modalité travaillée mécaniquement. Une première modalité (Couvrantes) à base d’un mélange de graminées, légumineuses et autres dicotylédones a été choisie pour son fort potentiel couvrant et l’intérêt croisé de ces diverses espèces. La seconde (Légumineuses) est un mélange composé de cinq espèces de légumineuses pour lesquelles il est toléré un peu plus de concurrence vis-à-vis de l’eau mais qui doit apporter de l’azote au système. Une troisième modalité (Répulsives) comprenant à la fois des légumineuses et des plantes couvre-sols mais aussi des plantes répulsives pour les rongeurs a été testée pour contrer l’effet de la forte pression exercée par les campagnols provençaux sur cette parcelle avant 2016. La dernière modalité (Spontanées) en enherbement naturel spontané sert de référence et le travail du sol de témoin.

A lire aussi : Maraîchage : optimiser l’implantation des couverts végétaux

                      Des couverts végétaux dans les aspergeraies

L’ensemble des espèces semées en octobre 2017 a levé puis s’est maintenu durant les trois années dans les couverts avec des présences spécifiques plus ou moins importantes. Le recouvrement du sol par les différents couverts a varié de 75 à 90 % de la surface dès la première année et jusqu’à la fin de l’essai. Mais le pourcentage de recouvrement des couverts diminue dans le temps, ainsi que celui des espèces semées et légumineuses. Les modalités Légumineuses et Répulsives sont les plus intéressantes du fait de leur fort pourcentage de recouvrement, leur richesse en légumineuses et leur diversité spécifique. En revanche, la modalité Spontanées présente un faible taux de légumineuses et une trop forte hauteur avec peu de richesse spécifique par rapport aux autres modalités. Les couverts étudiés sont attractifs pour les auxiliaires en tant que ressource alimentaire et permettent ainsi d’augmenter localement la biodiversité par rapport à la modalité Travail du sol et à l’inter-rang. La modalité Répulsives est particulièrement attractive pour certains auxiliaires comme les araignées, les Braconides, les Ichneumonides et les syrphes par rapport aux autres modalités.

Pas d’effet négatif sur les récoltes en verger adulte en AB

Aucune différence significative de vigueur entre les abricotiers adultes (6e feuille) n’a été observée en fonction des couverts en 2017 et 2018. L’essai n’a montré aucune différence statistique de rendement (brut et commercialisable) entre les modalités, toutes menées en AB sur un verger adulte. La modalité Légumineuses a présenté en 2018 et 2019, des calibres supérieurs aux autres modalités. Les modalités Répulsives et Travail du sol offrent moins de déchets que les autres modalités en 2018 et 2019. Sur la conservation et la qualité des fruits, aucune différence n’a été observée entre les modalités enherbées, seule la modalité Travail du sol en 2018 a présenté une meilleure conservation. Une suite à ce projet serait de poursuivre ces observations dans d’autres conditions géographiques et sur un pas de temps plus long afin d’évaluer l’impact des couverts sur la production et la vigueur des arbres. Ces mêmes couverts seraient à évaluer aussi sur un jeue verger dès la plantation en comparaison aux performances technico-économiques d'un verger conventionnel fertilisé et désherbé chimiquement.

Source : Info CTIFL n°366, novembre 2020

Cinq espèces semées remarquables

Pissenlit : sa durée de floraison est très longue (171j) et également très précoce. A noter cependant : elle peut être une ressource pour les forficules.
Véronique de Perse : sa durée de floraison est très longue (143j) et très précoce, son taux de recouvrement important. Cette espèce ne nécessite pas forcément de semis, si elle est présente spontanément.
Lotier corniculé : sa persistance dans le temps est remarquable ainsi que son taux de recouvrement, elle attire fortement les auxiliaires, insectes et pucerons (non ravageurs pour l’abricotier).
Trèfle blanc nain : sa durée de floraison est longue (82j) et son taux de recouvrement important.
Menthe poivrée : elle attire fortement les auxiliaires, surtout les araignées, elle s’installe lentement mais se développe au fil des années.

Certaines espèces semées en revanche sont à éviter à cause de leur trop forte hauteur, leur concurrence ou leur difficulté à se développer dans les conditions de cet essai :

Vesce d’hiver : d’une hauteur trop importante, il s’agit d’une espèce très envahissante surtout la première année.
Bituminaria bituminosa, fétuque ovine, sainfoin, trèfle souterrain : ces espèces ont eu beaucoup de difficulté à se développer dans cet essai. Le sainfoin est également à éviter pour sa hauteur importante.

Des espèces spontanées intéressantes

De 40 à 60 espèces différentes, essentiellement spontanées, ont été identifiées dans les couverts et cette richesse spécifique augmente dans le temps. Il semble que le semis favorise la biodiversité floristique. En effet, il y a plus de diversité dans les parties semées. Les espèces spontanées largement majoritaires sont souvent connues pour être de « mauvaises herbes » mais elles peuvent aussi être utiles comme ressource pour les auxiliaires (pollen, nectar, pucerons…). Ainsi, certaines sont remarquables :

Stellaire intermédiaire : elle est présente dans l’ensemble des modalités et a un fort recouvrement à certaines périodes. Sa longue floraison (115j), très précoce, est également intéressante.
Crépis de Nîmes : il présente une longue floraison (87j), très précoce, il constitue une ressource importante pour les auxiliaires et attire des pucerons non ravageurs pour l’abricotier mais pouvant attirer à leur tour des auxiliaires ayant un intérêt pour l’abricotier.
Fumeterre officinale : elle est présente dans l’ensemble des modalités, sa floraison très précoce est très intense et longue (87j).
Capsella bursa-pastoris : elle est présente dans l’ensemble des modalités, avec un fort recouvrement en début de saison (30 %), sa floraison très précoce, est une ressource pour les coccinelles et syrphes.

Vergerette du Canada : elle est présente dans l’ensemble des modalités et a un fort potentiel de recouvrement surtout en fin de saison (30 %). Sa floraison très tardive est une ressource très intéressante en fin de saison pour les auxiliaires. Mais attention à sa hauteur, qui est très élevée en fin de saison.

Oxalis : elle est présente dans l’ensemble des modalités avec un fort recouvrement tout au long de la saison, et garde une faible hauteur. Il s’agit d’une ressource très intéressante pour les auxiliaires et surtout pour les araignées.
Torilis nodosa et des champs : elles sont présentes dans l’ensemble des modalités, ont un fort recouvrement, mais attention à la forte hauteur du Torilis des champs en juin-juillet. Il s’agit d’une ressource très intéressante pour les auxiliaires, les insectes, les punaises auxiliaires, mais également les forficules (pour T. nodosa).
Potentille : de faible hauteur, cette espèce est une ressource très intéressante pour les auxiliaires et notamment les punaises auxiliaires. Cette espèce est malheureusement peu présente, aussi elle peut être intéressante à semer.

Certaines espèces spontanées en revanche sont plutôt très invasives et concurrentielles pour les arbres et sont donc à éviter. Il s’agit de certaines graminées telles que le chiendent pied de poule, la digitaire, le ray grass et la setaire.

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