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Des couverts végétaux pour fertiliser les noyers

Des producteurs commencent à implanter des couverts végétaux sous leurs noyers. Les premiers résultats sont encourageants, même si des recherches doivent encore être menées.

Pierre Berger, nuciculteur à Beaulieu (Isère), implante des couverts végétaux dans toutes ses parcelles de noyers.
© I. Brenguier

Quand il parle des couverts végétaux qu’il implante sous ses noyers, Pierre Berger, nuciculteur à Beaulieu (Isère), se montre prudent. « Il n’existe pas de formule toute faite. Chaque année, nous modifions la composition du mélange pour l’affiner », précise-t-il. Un point de vue que partage Olivier Gamet, nuciculteur à Chatte, qui implante également des couverts sous ses noyers. « Ce sont des expérimentations à l’échelle de nos exploitations que nous menons. Même si nous suivons le même protocole, il ne s’exprime pas de la même façon. Car, d’une parcelle à une autre, il y a toujours des différences de sol, de climatologie… Nous veillons donc à ne pas tirer de conclusions hâtives. » Pour autant, les premiers résultats qui émergent s’annoncent prometteurs et donnent envie à ces pionniers de poursuivre leurs essais.

Amélioration de la structure des sols

Comme Olivier Gamet, Pierre Berger a commencé à implanter des couverts pour améliorer la structure de ses sols, soumis à des problèmes de tassement, et favoriser l’apport d’azote. Aussi, chaque année, dès la récolte des noix terminée, après avoir broyé les feuilles tombées, le nuciculteur, grâce à son semoir semis-direct, sème un nouveau mélange. Le mélange implanté par Pierre Berger à l’automne 2017 était composé de trois variétés de féverole, de deux de pois (assas et arka), de vesce, de seigle, d’avoine, de colza et de radis fourrager, ainsi que de radis chinois. « Dans la mesure du possible, j’essaie toujours d’associer plusieurs variétés d’une même espèce. Cela rend le mélange moins fragile et cela permet d’identifier celles qui lèvent le mieux », explique le nuciculteur. Le couvert reste en place jusqu’à la mi-mai, au moment où il le broie et le laisse sur place. Un apport d’azote de 20 à 30 unités d’azote est toujours effectué en supplément, mais Pierre Berger est encore à la recherche de la bonne période pour le réaliser. Selon l’agriculteur, la plus grande difficulté de ce semis est de choisir le bon moment où l’implanter. « Ce n’est pas toujours évident. Il n’y a pas de date idéale. Cela dépend des années (du moment où la récolte des noix se termine), et du sol. Il ne faut pas qu’il soit trop sec ou trop mouillé », précise-t-il. Jusqu’à présent, il n’a jamais eu à déplorer de dégât de gel, mais il reconnaît que les derniers hivers n’ont pas été trop rigoureux. Il estime aussi qu’il faut observer une certaine vigilance dans le cas de printemps pluvieux qui pourraient favoriser l’humidité, néfaste à la culture. Pour l’instant, les résultats qu’il observe depuis cinq ans le satisfont. « J’ai pu constater une nette amélioration de la structure des sols et notamment de leur porosité. L’infiltration de l’eau est facilitée, de même que l’activité des vers de terre et des auxiliaires, dont la présence est favorisée par les fleurs des couverts. Et ces changements n’ont eu d’impacts ni sur le plan sanitaire, ni sur la production de noix, qui s’est maintenue », analyse-t-il.

Protection contre l’érosion et le lessivage

Selon Karim Riman, agro-écologue, spécialiste de l’étude des sols, « la matière organique du sol n’est pas figée. Elle se minéralise, se transforme, s’appauvrit quand on ne lui donne rien ». Il faut donc l’enrichir. Les couverts végétaux sont un bon moyen, d’autant qu’ils présentent de nombreuses autres propriétés. « Les couverts végétaux protègent le sol de l’érosion (éolienne, pluviale et « solaire ») et du lessivage. Ils améliorent la stabilité de la structure et aèrent les sols. Ils stimulent leur activité biologique et accélèrent la minéralisation de l’humus évolué. Ils assurent également une meilleure décomposition des débris végétaux (bois de taille, feuilles). Et ils restituent des éléments fertilisants facilement assimilables après son incorporation pour les engrais verts ».

Isabelle Brenguier

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