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Courgette : où en est la piste variétale contre le virus ToLCNDV ?

Des premiers essais variétaux ont été réalisés par l’Aprel et INRAE, sans résultats probants, selon un article paru dans Treiz’maraîchage fin 2023. L’étude doit se poursuivre cette année.

En 2023, le virus émergent Tomato leaf curl New Delhi virus (ToLCNDV) a été à nouveau signalé dans les Bouches-du-Rhône dans des cultures de courgette de plein champ. En France, le premier signalement de ce virus date de 2020 avec quatre sites identifiés dans les Bouches-du-Rhône et le Gard, puis cinq déclarés en 2022. Ce virus a un statut d’organisme de quarantaine qui doit faire l’objet d’une lutte obligatoire au titre de la réglementation européenne relative à la santé des végétaux.

La souche de ToLCNDV présente en France est plus adaptée aux cucurbitacées qu’à la tomate, comme c’est le cas des souches déjà décrites en Espagne et en Italie. Sur courgette, les symptômes de ce virus se caractérisent par des jeunes feuilles de petite taille qui jaunissent et se recroquevillent, par un blocage de la croissance, un gaufrage de l’épiderme des fruits, voire un éclatement des fruits. Ce virus est transmis par l’aleurode Bemisia tabaci. Cet insecte piqueur-suceur n’est généralement pas ou peu présent en début de saison de culture, puisque les populations s’installent à partir du mois de juin.

Cinq plateformes d’essais variétaux en Provence

Il n’existe pas de moyen curatif pour lutter contre les infections virales des plantes. Pour éviter la propagation du ToLCNDV, la prévention est donc essentiellement basée sur des mesures prophylactiques. En condition d’importante pression virale, l’utilisation de variétés résistantes ou tolérantes serait la principale piste pour maintenir la production. En 2023, l’Aprel a mis en place cinq plateformes variétales en Provence afin de surveiller la pression virale sur les cultures de courgettes en plein champ. Les plantations ont été réparties sur toute la saison, qui s’étale de début avril à début août.

Des observations de symptômes sur les feuilles ont été associées à des prélèvements analysés à l’INRAE afin d’identifier les virus présents : ces observations de symptômes permettent de suivre l’augmentation progressive de la pression virale au cours de la saison. En moyenne sur les trois parcelles précoces, avec une plantation début avril, 18 % des plantes présentent des symptômes en fin de culture, tandis que pour la plantation de mi-juin, cette moyenne atteint 72 %.

Keesha semble mieux résister au virus

Enfin, pour l’essai de fin de saison planté début août, 100 % des plantes sont symptomatiques. Les résultats des analyses permettent d’identifier les virus présents : au début de la saison, le virus WMV transmis par puceron est prédominant, avec 30 % d’échantillons positifs sur la campagne de prélèvements, qui s’étend du début à la fin de récolte. La période de mi-saison se distingue par une augmentation de la détection du virus WMV avec 75 % d’échantillons positifs et les premières manifestations du virus CABYV, également transmis par puceron.

En fin de saison, le virus ToLCNDV, transmis par l’aleurode Bemisia tabaci, se généralise avec 100 % d’échantillons positifs sur la parcelle d’étude, ainsi qu’une augmentation des échantillons positifs au CABYV. Les observations sur le terrain et ces analyses révèlent des tendances de comportement des différentes variétés plantées face au virus, sans que des différences significatives soient confirmées. Dans les plantations précoces, la variété Keesha présente des symptômes moins marqués et une infestation par le virus WMV qui peut être légèrement plus tardive que les autres variétés observées (Quios, Milos, Liniac, Noriac, Zelia et Zefiros).

Noriac et Liniac présentent des symptômes intermédiaires

Dans les plantations de mi-saison, Keesha est la variété qui présente le moins de symptômes à mi-récolte avec 25 %, mais ce pourcentage augmente à plus de 80 % en fin de culture et dépasse la moyenne de l’essai. Le premier cas de ToLCNDV a été détecté sur la variété Amorgos début août. Dans la plantation tardive, la pression du ToLCNDV est telle qu’aucune des variétés de l’essai ne permet une production de courgette.

Cependant, il est possible de noter une gradation dans l’intensité des symptômes : en effet, Keesha présente des symptômes légèrement plus modérés, tandis que Zelia et Syros sont complètement bloquées. Noriac et Liniac ont une intensité de symptômes intermédiaires. De plus, des échantillonnages d’adventices ont été réalisés aux alentours des différentes parcelles afin d’identifier les réservoirs potentiels de virus. Autour des quatre premières parcelles, aucun virus n’a été identifié dans les adventices. Autour de la parcelle tardive, seul le ToLCNDV a été recherché. Il a été trouvé sur Ecballium elaterium (concombre d’âne) et Datura stramonium. Des essais seront conduits en 2024 en courgette de plein champs afin d’évaluer un panel plus large de variétés.

Cécile Desbiez, Adriana Patthamapornsirikul, Aurélie Roussin, Catherine Rys, Hermine Sarthou, Éric Verdin. Tiré de l'article « Travaux en cours sur le ToLCNDV sur courgette » in Treiz’maraîchage n° 82 (nov.-déc. 2023)

Projet européen Virtigation

L’Aprel et l’unité de pathologie végétale d’Avignon de l’INRAE sont partenaires du projet européen Virtigation (financement de l’Union européenne H2020 – 2021 – 2025). Ce projet vise à développer les connaissances pour mieux contrôler et gérer les maladies virales émergentes causées par les begomovirus (TyLCV, ToLCNDV, transmis par les aleurodes) sur les cucurbitacées et par les tobamovirus (ToBRFV, transmis par les semences et par contact) sur la tomate en Europe du Nord et dans le bassin méditerranéen.

Des mesures prophylactiques comme seul recours

Outre le volet variétal à l’essai, le seul moyen de lutte contre le virus ToLCNDV est la prophylaxie. Pour ce faire, il faut éviter l’introduction de plants produits en zones contaminées : les plants doivent être accompagnés du passeport phytosanitaire. De plus, vérifier la qualité des plants avant plantation est primordial : la présence de l’aleurode vecteur impose un traitement avec un produit homologué et compatible avec le système de production. Dans les parcelles où le ToLCNDV a été détecté les années précédentes, l’élimination des adventices et espèces sauvages susceptibles de maintenir le virus dans et sur les bordures de parcelles doit être automatique.

La propreté des parcelles doit être maintenue tout au long du cycle de production. Il faut également surveiller l’éventuelle apparition de nouveaux symptômes : à l’apparition de symptômes viraux, un test rapide d’identification par bandelettes directement sur le terrain ou par analyse en laboratoire doit être effectué. Si la présence du virus est confirmée, il faut alors en informer le Service régional de l’alimentation de la DRAAF pour inspection, prélèvement de végétaux symptomatiques et analyses de recherche officielles dans un laboratoire agréé. Les plantes symptômatiques devront être arrachées. Sur la base d’une expertise relative à la viabilité économique, la parcelle pourra être maintenue en culture tant que la production sera considérée comme rentable.

En fin de culture, un traitement contre Bemisia tabaci devra être effectué sur toutes les parcelles trouvées contaminées par le ToLCNDV, afin d’éviter sa dispersion dans les parcelles voisines, et la culture doit être complètement détruite. Après la culture, il est préférable de respecter une rotation culturale sur la parcelle contaminée, visant dans la mesure du possible la non-plantation de cucurbitacées durant toute la campagne qui suit la détection du virus. À défaut, si la parcelle est replantée avec des cucurbitacées, il est souhaitable de respecter un vide sanitaire d’un mois et d’augmenter la fréquence de surveillance.

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