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Courges : l’offre variétale s’élargit

Face à une demande croissante, l’offre variétale en courges s’élargit. Le potimarron et la butternut bénéficient de l’arrivée d’hybrides plus productifs et résistants.

La production de potimarron se développe en France et repose désormais sur des hybrides.
© V. Bargain

La consommation des courges est en plein essor. Aujourd’hui, un Français sur quatre achète des courges de façon régulière pour leurs atouts santé, leur image de légumes anciens et leur diversité d’utilisation. La courge la plus consommée et la plus cultivée en France est le potimarron qui offre un goût sucré, une taille adaptée aux foyers d’aujourd’hui et qui ne nécessite pas d’être épluché. Depuis plusieurs années, des semenciers ont mis en place des programmes de sélection du potimarron. Si les variétés populations (Uchiki Kuri…) sont encore cultivées, la production repose aujourd’hui surtout sur des hybrides. Les premiers critères de sélection restent la qualité et le rendement. Le potimarron doit peser de 0,8 à 1,5 kg et avoir une forme d’oignon, avec un fond un peu aplati pour que les fruits ne roulent pas sur les étals. Sa peau doit être brillante, orangée à rouge. Et les taux de matière sèche et de sucre doivent être élevés. Le rendement repose sur le nombre de fruits par pied et dépasse 30 t/ha pour les dernières obtentions. La résistance aux virus ZYMV, WMV et PRFV est un critère essentiel car ces maladies causent de plus en plus de dégâts. Les virus attaquent les plantes, provoquent des taches vertes sur les fruits et altèrent leur qualité, les rendant invendables. Leader en potimarron, Enza Zaden propose désormais deux variétés présentant des résistances intermédiaires aux virus, Bright Summer, variété à petits fruits de 0,6 à 0,8 kg, et Hot Summer, lancée en 2018. Graines Voltz y travaille également et pourrait proposer des variétés tolérantes en 2019. Les résistances à l’oïdium et à la fusariose sont également recherchées, avec désormais des variétés plus tolérantes à ces champignons. Autre critère : le port de plante. « Les courges sont en général très coureuses, souligne Marcel van Diemen, sélectionneur chez Enza Zaden. Des efforts sont faits pour obtenir des variétés plus buissonnantes, sur lesquelles les fruits sont près du pied, ce qui permet d’augmenter la densité, de biner l’inter-rang et facilite la récolte. Ce port peut toutefois limiter le calibre, les sélectionneurs recherchent donc un équilibre entre plante coureuse et plante buissonnante. » Enfin la conservation est de plus en plus travaillée, avec de nouvelles variétés moins sensibles à Didymella.

Recherche de précocité en butternut

Peu consommée en France il y a quelques années, la butternut prend de plus en plus de place sur les étals pour sa taille, son goût et sa facilité d’épluchage. Les semenciers s’y intéressent donc et proposent désormais plusieurs hybrides. Les principaux critères de sélection sont le type de fruit, le rendement, le goût et l’adaptation au climat. Pour l’Europe, les sélectionneurs recherchent des fruits de 1 à 1,5 kg en forme de poire ou de cacahuète, à la chair orange vif et épaisse. La précocité est également essentielle. « A la différence du potimarron, originaire de zones tempérées, la butternut est d’origine tropicale, explique Marcel van Diemen. Sous nos climats, son cycle dépasse 100 jours. De plus, elle est sensible au gel. » La résistance aux virus est aussi un axe de sélection, même si la butternut y est moins sensible que le potimarron. Des variétés présentant des résistances intermédiaires sont en préparation. La courge musquée est elle aussi de plus en plus consommée en Europe et reste notamment incontournable dans le sud de la France. La production repose essentiellement sur des variétés population (Musquée de Provence…), mais les sélectionneurs commencent à s’y intéresser. Les axes de sélection sont le rendement, l’homogénéité de calibre et de forme, la résistance aux virus, la précocité et, comme la musquée est surtout vendue en tranches de 1 kg, une petite cavité centrale et une chair épaisse et colorée sont recherchées. Graines Voltz propose ainsi deux hybrides de musquée : Ventoux F1, petite musquée de 3 à 5 kg, précoce et qui peut se cultiver au nord de la Loire, et Muski Teeny® F1, mini musquée de 0,8 à 2 kg.

Réduction des calibres et diversification

La famille des courges est marquée par la grande diversité des espèces et des variétés. On distingue la sous-famille des Cucurbita maxima (potiron, potimarron, giraumon, Bleue de Hongrie…), originaires de zones tempérées, celle des Cucurbita moschata (butternut, courge de Nice, musquée…), d’origine tropicale, et celle des Cucurbita pepo (courge spaghetti, pâtisson, citrouille…). En sélection, la tendance est à la réduction des calibres. « L’objectif est de proposer des fruits d’environ 1 kg pour deux personnes, voire des fruits pour une personne », indique Julie Caignon, responsable communication potagère chez Graines Voltz. En 2018, le semencier lance ainsi une gamme de mini-courges, les Teeny®'s, incluant un potimarron de 0,4 à 0,8 kg, trois butternuts de 0,4 à 0,9 kg, dont une ronde, et une musquée de 0,8 à 2 kg. La diversification porte aussi sur les formes (potimarron plat, sphérique…) et les couleurs, pour l’originalité de présentation et parce que des variétés à peau verte ou bleue se conservent mieux en général, ce qui permet d’étaler la commercialisation. Graines Voltz propose ainsi des potimarrons à peau verte ou bleue, des butternuts à peau verte striée ou de forme ronde, des pâtissons blancs, jaunes, verts. Le type Bleu de Hongrie, proche de la musquée par sa présentation, tend aussi à émerger, sa longue conservation permettant de prolonger l’offre de tranches en fin de saison en complément des musquées.

Sébastien Pihée, producteur de courges en Maine-et-Loire

Une culture intéressante quand il n’y a pas de virus

A Fleuron d’Anjou, quinze producteurs cultivent 70-80 ha de courges, principalement du potimarron et un peu de butternut et de pâtisson. « La coopérative a commencé les courges en 2005, avec la mode d’Halloween, explique Mickaël Boussault, responsable technique à Fleuron d’Anjou. La mode étant passée, la production a décliné vers 2010. Depuis quatre ans, nous la redéveloppons, surtout en potimarron. » Producteur de semences de céréales et de pissenlit, Sébastien Pihée s’est lancé dans le potimarron il y a deux ans, sur 2,5 ha en 2016 puis 5 ha en 2017. La variété Orange Summer est semée au semoir à maïs, à 12 000 gr/ha. La maîtrise de l’enherbement est assurée par un désherbage, deux binages et un passage manuel. La culture ne nécessite par ailleurs que deux irrigations, au semis et au début floraison, et 90 UN/ha. S’y ajoutent éventuellement des insecticides pour lutter contre les pucerons vecteurs de virus. La récolte, manuelle, a lieu début septembre. Les fruits sont coupés au sécateur, laissés au sol un ou deux jours, puis ramassés et mis en pallox avant d’être livrés en station où ils sont calibrés. Les charges opérationnelles, surtout liées à la main-d’œuvre et aux semences, s’élèvent à 4 000 €/ha. En 2016, le producteur a récolté 1,7 fruits/plant, ce qui a permis une marge brute de 6 000 €/ha. « Mais en 2017, la culture a été très touchée par des virus, déplore-t-il. Malgré quatre anti-pucerons, les dégâts sur fruits sont considérables. S’y est ajouté un coup de chaleur qui a fait éclater certains fruits. La marge brute sera beaucoup moins élevée cette année. »

 

 

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