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Colletotrichum touche le noyer

Le nouveau pathogène Colletotrichum, découvert sur noyer en 2011 cache encore bien des mystères. La Senura cherche à mieux connaître ce champignon pour trouver des moyens de lutte appropriés.

LE COMPLEXE D’ESPÈCES DE CHAMPIGNONS COLLETOTRICHUM se reconnaît par sa fructification orangée sur tâche noire fin août, début septembre.
© SENURA

Colletotrichum. Un nouveau nom de pathogène fait dorénavant frémir les nuciculteurs. « En 2011, nous avons constaté une explosion de noix noires. Sur certaines parcelles, 70 % de la récolte a été perdu, rapporte Agnès Verhaeghe, ingénieure Ctifl de la station d’expérimentation Senura (38). Or ces symptômes n’étaient pas dus à la mouche du brou, ni à Gnomonia leptostyla, l’agent de l’anthracnose classique du noyer ». Après analyse, des champignons du genre Colletotrichum ont été identifiés par Michel Giraud, du Ctifl. Depuis, ces champignons sont retrouvés chaque année mais leur expression est variable selon les vergers. « Des vergers plus denses semblent plus propices à son développement », analyse l’ingénieure.

Une maladie due à un complexe d’espèces de champignons

Malgré le fait que le genre Colletotrichum soit très largement répandu, la biologie de ce pathogène est très peu connue. « Sur noyer, nous avons pu proposer un cycle du champignon mais les conditions optimales de développement des conidies sont encore à déterminer », souligne Cyrielle Masson. La difficulté de l’absence de données est renforcée par le fait que plusieurs espèces sont présentes. « Parmi le principal complexe d’espèces nommé Colletotrichum acutatum, notre partenariat avec le Lubem (Laboratoire universitaire de biodiversité et d’écologie microbienne) a permis d’identifier trois espèces principales, continue l’expérimentatrice. Chacune a une température et une hygrométrie optimales ». D’où la difficulté de connaître les phases de contamination et donc de protection. « Deux des axes de travail de la station consistent à déterminer quelles espèces sont en jeu et quelles sont les optimums de développement pour chacune. Les suivis réalisés chaque saison par la station montrent que chaque pluie, de mars à la récolte, projette des spores, affirme Agnès Verhaeghe. Et des températures élevées peuvent bloquer le développement des symptômes. Mais une petite tâche bloquée jusqu’en août peut se développer jusqu’à recouvrir toute la noix en trois semaines juste avant la récolte ».

La piste de la prophylaxie

Dans ce flou, la mise en place de moyens de lutte est très complexe. Les produits homologués sur anthracnose à Gnomonia sont homologués sur Colletotrichum dans le nouveau catalogue des usages. « Mais sans connaître les périodes de contamination, les pulvérisations appliquées contre anthracnose à Gnomonia n’ont pas d’effet visible, témoigne l’ingénieure de la Senura. Mais nous expérimentons l’efficacité de certains produits ». L’espoir tient plus dans la prophylaxie. En prophylaxie hivernale, un secouage en post-récolte est testé pour faire tomber les momies au sol. Celles-ci sont ensuite broyées. « Nous testons aussi l’aspiration des déchets et l’application d’urée pour accélérer la dégradation biologique », continue la spécialiste. Pour diminuer la contamination par les fruits de l’année, des tests de soufflage des arbres avec un appareil de traitement pour faire tomber les fruits contaminés ont commencé en 2016. Ils sont ensuite broyés au sol. « Les résultats ne sont pas valorisables pour le moment, tempère Agnès Verhaeghe. Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur Colletotrichum. Et très peu de moyens pour le faire ».

Un champignon difficile à identifier

Les symptômes du Colletotrichum sont difficiles à différencier d’autres maladies. Ces champignons forment des petites tâches noires sur le brou de la noix en début de saison. « A ce stade, ces symptômes peuvent s’apparenter à des dégâts de grêle, de bactériose ou d’anthracnose, précise Cyrielle Masson, de la Senura. Le seul critère qui permet de les différencier avec certitude est la présence de sporulations orangées sur la tache au moment de la fructification du champignon fin août, début septembre. Ensuite, la reconnaissance est aussi difficile ». Sur la coque, Colletotrichum laisse une trace noirâtre. Et sur cerneaux, il se caractérise par des dessèchements, une coloration foncée et parfois le développement d’un mycélium. « Mais des cerneaux flétris peuvent être aussi dus à des défauts d’irrigation », ajoute Agnès Verhaeghe. Et les cerneaux ne sont pas forcément touchés selon le temps qu’a eu le champignon pour se développer.

Un genre à large spectre

Le genre de champignons Colletotrichum est l’agent d’anthracnose sur plus de 600 espèces : tomate, fraise, olivier, myrtilles, mangues, bananes. Sur pomme, une des espèces est l’agent d’une maladie de conservation.

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