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Chine : pourquoi la culture de la pomme de terre y est en forte progression ?

Et est-ce que cette progression est une menace pour les filières européennes, en particulier industrielles ?

Au niveau mondial, la pomme de terre est la 3e culture, derrière le blé et le riz mais devant le maïs. Les volumes globaux de production ne cessent de progresser -ils ont atteint 376 millions de tonnes en 2021.

Les zones de production de la pomme de terre se retrouvent, naturellement, en Amérique andine d’où la pomme de terre est originaire, et en Europe où elle a été implantée en premier lieu. Mais la production en Europe se contracte depuis des années. A l’inverse, l’Asie est en forte hausse depuis les années 60. La pomme de terre prend aussi sa place en Afrique et en Amérique du sud et latine, avec un rôle dans la sécurité alimentaire des populations. 

 

Sécurité alimentaire : la pomme de terre comme aliment de base

« Aujourd’hui on estime que la pomme de terre est un aliment de base -c’est-à-dire dont la consommation dépasse les 30 kg par an et par personne- pour 1,3 million de personnes », a souligné André Devaux, agronome, chercheur pour le Centre International de la Pomme de Terre (CIP) et membre du conseil d’administration du World Potato Congress (WPC), à l’occasion de l’assemblée générale du CNIPT du 10 janvier.

Lire aussi : La pomme de terre serait-elle la solution aux défis que l’agriculture mondiale doit relever ? 

De nouveaux pays ont donc pris le lead sur la production mondiale, la Chine en premier lieu, désormais 1er producteur mondial (94 millions de tonnes), suivi de l’Inde (environ 54 millions de tonnes), de l’Ukraine et de la Russie. Ces pays développent la culture de la pomme de terre pour des raisons de sécurité alimentaire

« Le Pakistan voit aussi sa production de pomme de terre en hausse, dans les plaines et les montagnes, comme revenu de rente. Les paysans produisent mais ne consomment pas. Ils vendent leur production de pommes de terre pour pouvoir acheter les produits qu’ils préfèrent comme le maïs », illustre André Devaux

 

Le cas de la Chine

La Chine a mis la pomme de terre au centre d’une politique publique depuis 10 ans en la promouvant comme aliment de base. Pourquoi ?

Le pays fait en effet face à une pression croissance due à la hausse de sa population. En parallèle, la production agricole y est difficile, avec une dégradation continue des sols et une raréfactions des ressources. « La consommation d’engrais y est en croissance de +300 % mais rien n’y fait, le rendement n’augmente pas », témoigne André Devaux.

La pomme de terre est donc considérée comme la culture prioritaire pour augmenter les revenus et réduire la pauvreté. D’ailleurs, la culture de la pomme de terre en Chine coïncide avec les zones de pauvreté. C’est une culture plus rentable que les céréales (Qu Dongyu, 2022) et l’importance de la pomme de terre a beaucoup augmenté au cours des deux décennies. « Le maïs aussi observe une croissance importante, mais n’est pas, contrairement à la pomme de terre, destiné à 100 % à l’alimentation humaine », précise André Devaux.

 

La Chine, une menace pour les industriels européens ?

La pomme de terre en Chine n’est toutefois pas à son plein potentiel. Le rendement y est encore faible : environ 17 tonnes par hectare à date, là où l’Europe de l’Ouest se situe plutôt autour des 45 t/ha.

Côté débouchés, la production locale est consommée fraîche sur le marché domestique. Si la Chine a certes déjà développé une filière féculière, les autres produits de la transformation de la pomme de terre restent importés. Mais cela pourrait changer car « le gouvernement chinois promeut la consommation de la pomme de terre en vantant les qualités nutritionnelles et en poussant au développement des filières de produits à base de pomme de terre : les nouilles, la farine et la pomme de terre râpée », précise André Devaux.

Lire aussi : Pérou : la pomme de terre, un espoir pour lutter contre l’anémie des populations ? 

Estimant « remarquable » que « des pays d’envergure tel que la Chine et qui n’ont pas ce tubercule dans leurs habitudes alimentaires aient des plans stratégiques pour la pomme de terre », Francisco Moya, président du CNIPT, s’est tout de même interrogé sur la menace que pouvait représenter ces potentiels concurrents pour nos filières européennes.

André Devaux a donné son avis : « Je ne vois pas de danger immédiat de la Chine. Aujourd’hui, la Chine produit énormément de pommes de terre mais importe encore des produits transformés à base de pomme de terre depuis l’Europe et l’Amérique du Nord car le pays a une capacité de transformation et une rentabilité bien inférieurs à vos produits. Mais il ne faut pas négliger leur force d’investissement. En revanche, si la Chine développe des filières de transformation, ses premiers clients seront ses voisins asiatique. De même, aujourd’hui en Inde, tout ce qui est produits à haute valeur ajouté sont importés. »

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