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Maraîchage : 5 choses à savoir avant de blanchir ses abris

Avec les canicules à répétition, le blanchiment des abris crée un climat plus propice à la croissance des cultures d’été (baisse de température et hausse de l’hygrométrie), tout en diminuant certains ravageurs et les pertes de récolte. Il limite l’effet des fortes chaleurs d’été en coupant le rayonnement de 30 à 50 % avec pour effet direct une baisse de température et une hausse d’hygrométrie.

Lors de l'application, le produit utilisé pour le blanchiment doit être réparti de manière uniforme jusqu’au faîtage. © DR
Lors de l'application, le produit utilisé pour le blanchiment doit être réparti de manière uniforme jusqu’au faîtage.
© DR

1. Les cultures à blanchir

Tomates : le blanchiment réduit la perte de vigueur due aux fortes chaleurs, rend le pollen plus fécond (et limite donc les coulures de bouquet), réduit les microfissures, les collets verts, les culs noirs, les enroulements de feuilles et les coups de soleil sur les fruits des rangs de bordures sud et ouest.

Poivrons : le blanchiment limite les risques de coup de soleil et de cul noir.

Concombres : la forte luminosité et les fortes chaleurs entraînent une baisse d’hygrométrie qui a pour impact une baisse de surface foliaire, des brûlures de tête et une coulure des fleurs. Le blanchiment permet d’obtenir une lumière diffuse, plus adaptée à la croissance des concombres.

Aubergines : l’ombrage est capital dans la lutte contre l’acarien tétranyque. Il permet aussi une meilleure vigueur et donc une diminution des coulures de fleurs en été.

Fraises : l’ombrage lors des fortes chaleurs permet d’augmenter la fermeté des fruits et rend la cueillette plus confortable. Il impacte également le comportement des acariens et des thrips.

2. La date de blanchiment

La date du blanchiment dépend des conditions climatiques et des cultures à protéger. Dès les premières chaleurs, les serres contenant des concombres, poivrons ou aubergines peuvent être blanchies. Les cultures seront ainsi protégées par la peinture sans que la production de fruits soit affectée. Dans les serres contenant des tomates, un blanchiment trop précoce peut retarder la maturation des premiers fruits. Dans le cas de serres mixtes, il faut s’adapter à la culture la plus demandeuse en rayonnement.

L’organisation de la serre est alors essentielle. Les plantes les plus demandeuses en rayonnement (tomates), ou celles ayant un fort pouvoir couvrant (haricots rame) doivent être situées à l’ouest ou au sud en fonction de l’orientation du tunnel et les plantes ayant le plus besoin d’ombrage à l’est ou au nord. Il est conseillé de blanchir en deux fois : une première application en mai, à faible dose sur l’ensemble de la surface ou seulement sur les côtés sud et ouest et une seconde application en juin sur la totalité de l’abri.

3. L’application

Le mode d’application est très important dans la réussite du blanchiment. Le moment de la journée et la météo des jours suivants sont à prendre en compte. En effet, la peinture ne sera totalement fixée qu’après une période de 12h sans pluie. L’application doit se faire en matinée après le séchage de la rosée et en l’absence de vent. La qualité du plastique et surtout sa propreté sont des facteurs de qualité de fixation.

L’application doit être répartie de manière uniforme jusqu’au faîtage. Elle peut se faire avec une lance, ou avec des atomiseurs ou pulvérisateurs de verger. En fonction des serres, on ne blanchira pas forcément jusqu’en bas. Pour les serres à ouverture latérale, le blanchiment ne se fait pas jusqu’en bas, car l’ouvrant sert aussi à réguler la chaleur en plein été. Il faut alors trouver le bon compromis entre blanchiment et ouverture : l’ouverture permet de réguler la température et fait aussi baisser l’hygrométrie de la serre, ce qui crée des conditions de stress pour la croissance végétale.

4. Les produits

De nombreux produits à base de carbonate de calcium et de résines acryliques (autorisés en bio) sont disponibles et présentent a priori peu de différences selon les marques. Deux types de produits existent : des produits horticoles plus opaques avec une adhérence renforcée par davantage de résines acryliques (à réserver à la première application), et des produits standards qui occultent un peu moins et sont dégradés et lessivés plus facilement (pour la deuxième application). Attention à bien vérifier l’état de la couverture en cas de gros orage d’été et réappliquer une couche si besoin.

Pour les producteurs ne voulant pas utiliser de produits pétro-sourcés, d’autres options existent : la chaux aérienne éteinte mélangée à du lait, qui résiste cependant très mal au lessivage et doit donc être réappliquée après chaque pluie ; et un mélange d’argile calcinée dilué à 5-8 % (type Sokalciarbo), éventuellement mélangé avec du blanc d’œuf ou du fromage blanc qui permettent d’uniformiser le mélange et d’augmenter la résistance au lessivage. Il faut préalablement diluer l’argile dans un bac puis verser le mélange dans le pulvérisateur où aura lieu une dernière dilution qui doit bien être homogénéisée. Puis l’agitation dans la cuve doit être maintenue pendant l’application pour éviter la précipitation. L’argile étant abrasive, il est recommandé d’utiliser un pulvérisateur équipé d’une pompe à piston-membrane.

5. Le coût

Pour les peintures acryliques, les doses sont de 25 kg pour 200 l pour un ombrage léger et de 25 kg pour 100 l pour un ombrage plus intensif (blanchiment en une fois). En règle générale, pour une bonne homogénéité, on applique un mélange de 80 l pour 1 000 m2. Les peintures valant entre 2 et 4 €/kg, le coût matière du blanchiment est de 20-80 €/1 000 m2. Pour les blanchiments à base d’argile, la base de dilution est de 5 à 8 % avec un mélange de 200 l pour 1 000 m2. Ce type de blanchiment reviendra à 15-24 €/1 000 m2. A noter que sont actuellement testées des applications par drone, en prestation de service. Ce système génère un coût direct, mais permet de se libérer du temps d’application ainsi que de la nécessité d’un équipement spécifique.

Adapté de l’article publié dans Brassica n°118, mai 2019 puis dans Repères Tech & Bio n°9, avril 2020

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