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Carotte : Des stimulateurs de défense des plantes testés contre la brûlure foliaire

Combiner le levier variétal et l’utilisation de Stimulateurs de défense des plantes (SDP) pourrait permettre d’optimiser la protection de la carotte vis-à-vis de la brûlure foliaire.

Une douzaine de stimulateurs de défense des plantes (SDP) ont été évalués sous serre, vis-à-vis de la brûlure foliaire de la carotte. © Equipe QuaRVeg / UMR IRHS
Une douzaine de stimulateurs de défense des plantes (SDP) ont été évalués sous serre, vis-à-vis de la brûlure foliaire de la carotte.
© Equipe QuaRVeg / UMR IRHS

La combinaison de fongicides, de modèle de prévision des risques et de la résistance variétale est aujourd’hui le rempart le plus utilisé contre la brûlure foliaire de la carotte due au champignon pathogène, Alternaria dauci. Devant le retrait de solutions chimiques, les producteurs sont en attente de solutions alternatives. Des solutions, il en existe au laboratoire mais elles doivent encore franchir quelques étapes avant de faire leurs preuves au champ, sous peine d’être perçues par les producteurs comme étant inefficaces. Les Stimulateurs de défense des plantes (SDP) représentent une bonne alternative aux fongicides. D’origine naturelle ou de synthèse, ces produits agissent indirectement sur le pathogène en déclenchant les réactions de défense de la plante. Avant d’envisager leur utilisation à grande échelle, il est nécessaire de mieux les connaître. L’équipe QuaRVEg de l’UMR IRHS à Angers participe au projet européen OPTIMA dont l’objectif est de développer une méthode de gestion intégrée des bioagresseurs en vergers de pommiers (tavelure), sur vigne (mildiou) et sur légumes de plein champ (carotte/alternariose) en mettant en œuvre l’utilisation de biopesticides, de modèles de prédiction et de détection précoces des maladies et de techniques de pulvérisation de précision.

Sept SDP se révèlent intéressants

Deux essais ont été conduits en serre en 2019 sur deux variétés de carotte (une assez résistante et une très sensible) avec une douzaine de produits différents (disposant d’autorisation de mise sur le marché ou non). Au stade 5-6 feuilles, des plantes ont été pulvérisées avec les spécialités à tester en utilisant la dose maximale préconisée par les firmes. D’autres plantes ont été pulvérisées avec du Signum® servant de référence fongicide de synthèse. Ces traitements n’ont été réalisés qu’une seule fois au cours de l’essai. Enfin, des plantes ont été pulvérisées avec de l’eau pour servir de témoin sans protection. 48h plus tard, les plantes ont été inoculées avec le champignon. Les symptômes ont été évalués une première fois trois à quatre semaines après l’inoculation puis une seconde fois environ 15 jours après la première notation. La notation s’appuie sur une échelle visuelle allant de 0 (aucun symptôme) à 9 (feuillage totalement grillé). Parmi tous les produits, sept se sont révélés très intéressants. Parmi eux, le KITAE®, commercialisé par Green Impulse (voir encadré) permet de protéger les plantes de la variété sensible H1 de façon statistiquement aussi efficace que le Signum®. De fait, lors de la première notation des symptômes, l’indice de maladie de 4,75 pour la modalité sans protection passe à 1,25 après traitement KITAE®. A l’instar des résultats obtenus avec le Signum®, cette protection diminue avec le temps (note 7 sur le témoin vs 5,25 avec le KITAE® en deuxième notation). Concernant les applications du KITAE® sur la variété K3, même si en début d’épidémie une petite tendance à diminuer les symptômes semble se dessiner, aucune différence significative entre KITAE® et témoin n’est mise en évidence. Notons que le Signum® n’a pas non plus permis une amélioration sur cette variété partiellement résistante. Enfin, il ne semble pas y avoir d’antagonisme entre la résistance de la variété et l’application du produit.

Des pistes pour améliorer l’effet de protection

Sur la variété sensible H1, des analyses moléculaires permettront de vérifier l’effet stimulant du KITAE® et par la suite de proposer une stratégie d’utilisation plus complète. La durée des effets pourra être évaluée afin de donner aux utilisateurs des recommandations quant au renouvellement de la pulvérisation. Il semble tout à fait possible qu’une deuxième ou troisième pulvérisation permettent de maintenir de façon accrue l’effet protection dans le temps. Sur la variété déjà naturellement résistante K3, ces analyses permettront de savoir si l’absence de résultat est due à une non-stimulation ou simplement parce qu’une pulvérisation décalée dans le temps, par exemple au moment où la résistance naturelle « décroche », aurait été plus pertinente. Par ailleurs, il semblerait que la bonne performance du KITAE® puisse aussi être expliquée par un effet mécanique dû à la formation, grâce aux biopolymers, d’un biofilm réduisant les capacités infectieuses (germination ou pénétration) des spores. Cet aspect n’a pas été analysé dans les essais 2019 mais pourra l’être dans de prochains essais pour compléter les éléments de stratégie d’utilisation. Des essais de plus grande envergure avec les deux SDP les plus prometteurs seront poursuivis en 2020. L’objectif est, à terme, de pouvoir recommander un couple variété/SDP ainsi qu’un calendrier d’applications aux producteurs de carottes.

Un SDP à base de chlorydrate de chitosan

KITAE® est une spécialité à base de chlorydrate de chitosan (substance autorisée en protection des cultures comme substance de base ayant un effet fongicide et bactéricide via la stimulation des mécanismes de défenses naturelles des plantes), commercialisé par Green Impulse, une start-up créée début 2019 et basée à Angers. KITAE® est utilisable en agriculture biologique. Selon Green Impulse, les performances de ce produit sont dues à sa composition spécifique en oligomers et polymers de chitosan.

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