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Marché bio : quelles pistes pour sortir de la crise ?

Quelle distribution bio peut-on imaginer dans les prochains semestres dans une situation de baisse des achats et de fermeture de magasins ? Les intervenants des Bio N’Days 2023 ont voulu donner des pistes de sortie de crise.  

Pour son édition 2023, Bio N’Days avait convié un large panel d’intervenants. Les thèmes abordés ont tourné de la situation de la filière, la reterritorialisation, mais aussi de l’évolution de la distribution.
© Capture d'écran/Philippe Gautier FLD

La septième édition de BIO N’DAYS, le rendez-vous d’affaires sur les produits biologiques, organisé par le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes, s’est déroulé le 6 juin à Valence. Le contexte est difficile pour l’univers bio (baisses des ventes, fermetures de magasins spécialisés…). En 2022, l’inflation a connu un record et les marchés bio en circuits conventionnels et spécialisés ont connu un recul de plusieurs points qui a placé la consommation bio en-dessous de la barre des 5%.

Lire aussi : Les ventes de fruits bio décrochent en 2022

Quel chemin va prendre la consommation bio dans les différents circuits de distribution ? Les participants ont brossé le portrait d’une filière en souffrance à l’heure actuelle mais qui conserve toujours son potentiel de développement.

Baisse en GMS : un phénomène antérieur à l’inflation

Emily Mayer, directrice des études à Circana (ex-institut IRI), a replacé la baisse des ventes de bio en grande distribution dans son contexte : « Après des années de forte croissance, le tassement de la bio a démarré fin 2019 en GSA (grandes surfaces alimentaires) et le marché s’est retourné au premier trimestre 2021 ». Ainsi, en 2018, la progression était de 22,8 % en 2018, pour passer à 19,9 % en 2019 et 13,3% en 2020. Mais dès 2021, l’évolution devenait négative en 2020 et 2021 (-3,0 % et -3,7 %).

Lire aussi : « L’agriculture biologique a un problème de désirabilité » selon Benjamin Quiras, PDG de Léopold

L’inflation, si elle n’explique pas complétement la situation, intervient malgré tout sur les arbitrages des consommateurs. « Nous sommes passés dans une consommation de contrôle mais pas de privation, explique Emily Mayer. Cela se caractérise par un descente en gamme qui s’accentue depuis trois trimestres  au profit ders MDD et des Premiers prix, d’enseignes axées sur le prix comme E.Leclerc et Lidl et au détriment des labels ». Ainsi, les produits labellisés Bio ont reculé de 7,8 %, ceux marqués Ecocert de 13,3 %, et les produits Label Rouge de 18 % !

« Un travail de pédagogie sur les attributs plaisir de la Bio pourrait offrir une voie de sortie de crise structurante au long terme » selon Emily Mayer de Circana

Cependant, il semble que la baisse des ventes soit aussi corrélée à un offre moins importante dans les rayons. Il est acté que les grandes enseignes ont fortement déréférencé. Soulignant que le fort développement des dernières années avait, en termes d’offre, « presque saturée les rayons », Emily Mayer considère qu’il  est temps que ce mouvement se calme : « Il faut trouver un point où il faut s’arrêter la rationalisation. Car, en 2022, les consommateurs sont plus nombreux qu’un an auparavant à réclamer davantage de bio dans les rayons ». En effet, ils sont 25 % à le demander en 2022 contre 18 % en 2021.

Lire aussi : Relancer la consommation et communiquer sur les valeurs du bio

 

 

Les fruits et légumes amortissent la baisse en retail traditionnel

La situation est-elle similaire pour les magasins spécialisés ? Bernard Ollié, président de l’agence de conseil good (et administrateur du Synabio) a finalement dressé un panorama aussi difficile pour cette partie de la distribution. « La demande est moins forte dans le réseau bio et les volumes vendus sont en retrait de 13 % », a-t-il indiqué.

Cependant, selon le cabinet good, la baisse nette a été amortie par les fruits et légumes. Ainsi, en 2019, ceux-ci représentaient 29,6 % du total des ventes des magasins spécialisés. En 2022, ils ont dépassé les 40 %.

Au niveau du parc de magasins, Bernard Ollié considère qu’il se maintient mais la tendance est quand même baissière par rapport à 2019.

Lire aussi : « On assiste à une vague de fermetures de magasins bio spécialisés » explique Pierrick Leroux, directeur général ProNatura

Biocoop table sur la croissance en 2024

Pierrick de Ronne, président de la coopérative Biocoop (et de la Maison de la Bio) a conclu les débats et donné sa vision au moyen terme sur la filière. Il a rappelé qu’historiquement la consommation bio a été portée par les consommateurs. « En janvier, Biocoop a connu un retour d’une petite croissance grâce à la fréquentation de nos magasins, a-t-il expliqué. Les acheteurs réguliers sont toujours là. L’objectif est de cibler aujourd’hui les autres consommateurs un peu perdus. Pour la mi-2024, nous tablons sur le retour d’une vraie croissance ».

Pour cela, Biocoop entend développer des gammes de produits rationalisés et porteurs de valeur, son offre MDD, ainsi que le vrac (particulièrement pour les fruits et légumes, même si Pierrick de Ronne a reconnu que cela était parfois difficile) : « Il s’agit de créer de la différentiation, des produits que l’on ne retrouve nulle part ailleurs et augmenter nos services en magasin comme la consigne ».

« Il faudra savoir cohabiter avec le bio industriel mais aujourd’hui il manque un discours autour de cela », Pierrick de Ronne, Biocoop

La distribution bio, comme vrai acteur économique

Dans un contexte de « rééquilibrage du réseau bio où dans certaines régions, il y a eu certainement trop de magasins », Pierrick de Ronne s’est aussi interrogé sur les conditions d’une cohabitation avec le « bio industriel ». L’intégration du Synadis et de la GMS au sein de l’Agence bio a interpellé certains, mais le président de la coopérative Biocoop y voit une façon de montrer que la distribution bio « est un acteur économique et pas seulement un outil de valorisation de l’amont ».

Sur le thème de l’opposition entre « Bio plus » et « Bio industriel », Pierrick de Ronne a plaidé pour que la question soit posée dans la sérénité. « Il faudra savoir cohabiter avec le bio industriel, qui porte aussi des valeurs, mais il manque aujourd’hui un discours autour de cela, a-t-il indiqué, s’adressant en creux au syndicat agricole majoritaire.  

Voir par ailleurs : Bio : Pourquoi Interfel et les produits laitiers du Cniel s’associent dans leur communication ?

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