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Artichaut : comment lutter contre l'apion

En ciblant la lutte contre l’apion de l’artichaut, un essai réalisé à la Sica Centrex montre qu’un traitement au bon moment est quasiment aussi efficace que trois systématiques.

Dans les Pyrénées-Orientales, l’apion (Ceratapion carduorum), petit coléoptère, est l’un des principaux insectes ravageurs des cultures d’artichaut de la plaine du Roussillon. Souvent maîtrisé grâce la lutte réalisée contre les pucerons à l’automne, il peut entraîner des dégâts importants, jusqu’à 80 % de capitules si celle-ci est allégée. Il est d’autant plus dangereux que les adultes ne sont pas toujours faciles à observer et que ses larves se dissimulent sournoisement dans des galeries à l’intérieur des pétioles des feuilles ainsi que des pédoncules des capitules jusqu’à atteindre ces derniers. Ses dégâts n’apparaîtront qu’au printemps lors de la récolte, sans possibilité d’intervention. Il déprécie la qualité commerciale et par voie de conséquence la rentabilité de la culture. Les solutions phytosanitaires existent. Une approche raisonnée, en ciblant le parasite au bon moment, peut rendre un seul traitement quasiment aussi efficace que trois systématiques.

Chercher le bon positionnement

Toutefois, l’insuffisance de connaissances sur le cycle biologique de cet insecte (voir encadré) ainsi que l’absence de techniques fiables pour évaluer les populations et cibler le seuil de nuisibilité ne permettent pas de raisonner la protection sur le terrain. De fait, elle reste le plus souvent systématique. Mais les certifications d’entreprises, les demandes sociétales (environnement, santé), le coût des protections phytosanitaires ou encore le réchauffement climatique imposent d’avancer techniquement sur des bases solides pour développer la lutte raisonnée contre l’apion.
Aussi, pour commencer à répondre à cet enjeu, la Sica Centrex a mis en place sur la campagne 2017-2018 un essai avec la variété Sambo pour la mise en perspective de l’évolution des populations d’apions, avec quatre modalités d’application du Décis Protech et un témoin non traité (voir tableau 1). La bouillie du Décis Protech varie entre 400 et 1 000 l/ha en fonction de la taille des plantes pour un mouillage homogène dans la limite du ruissellement. Ainsi, le suivi 2017-2018 des populations d’adultes dans le cœur de l’artichaut a montré que les populations d’apions commencent à apparaître début octobre. 

Le premier pic de population est atteint vers le 10 au 15 novembre (90 à 100 % atteints). Vers le 20 novembre, les populations chutent puis un deuxième pic se développe aux alentours du 11 décembre. Deux autres pics de population sont observés vers le 10 janvier et le 10 février. La modalité 1 (un seul traitement le 5 octobre) est intervenue au tout début de l’apparition des adultes d’apions. Trop précoce, il n’a pas eu d’effets sur les populations d’adultes d’apions du premier pic de développement. Le niveau d’infestation s’est même révélé supérieur au témoin non traité. 

En revanche avec un seul traitement ciblé le 25 octobre, la modalité 2 a cassé le cycle de développement de l’apion au moment où le nombre d’apions par plante était en forte augmentation. Le nombre de plantes présentant des apions et le nombre d’adultes présents dans les plantes sur cette modalité sont restés à des niveaux similaires à la modalité 4 (trois traitements systématiques 5 octobre, 25 octobre et 21 novembre). 

La modalité 3 (un seul traitement le 21 novembre) est arrivée trop tard, après le premier pic de population. Il a permis de faire redescendre le nombre d’adultes présent par plant à un niveau proche de zéro et de maintenir ces populations basses jusqu’en mars. Cependant, ce traitement n’a pas empêché le pic de population du mois d’octobre. Dans les conditions de cet essai, les traitements du 5 octobre et de 21 novembre seuls se sont montrés moins efficaces pour diminuer les populations d’apions que l’application d’octobre.

Un seul traitement pourrait suffire

Les résultats sur capitules sont les plus importants car ils conditionnent en partie le résultat économique des cultures (voir tableau 2). Ils sont aussi en forte corrélation avec les observations des adultes au cours de l’automne. Sur le critère du nombre de capitules habités par des larves d’apion, la modalité 4 (trois traitements) montre le meilleur résultat avec 15 % de capitules atteints. La modalité 2, avec une efficacité similaire, suit immédiatement derrière avec 17 % des capitules atteints. Le bon positionnement du seul traitement (25 octobre) est la clé de ce résultat. La modalité 3 montre un résultat intermédiaire avec 29 % des capitules atteints. 

Sur cette modalité, le nombre d’adultes présent au cœur des plantes après le 1er décembre est similaire aux modalités 2 et 4. Cependant, le nombre de dégâts supérieurs sur capitules montrerait que ce sont les populations d’apions adultes présentes fin octobre et début décembre qui seraient à l’origine des larves dans les capitules au printemps. La modalité 1 met en évidence le plus grand nombre de capitules atteints (51 %). Ce nombre important est corrélé au nombre d’adultes présents en octobre. La protection phytosanitaire a ici clairement raté sa cible. Pour affiner ces résultats, déterminer le seuil de nuisibilité et positionner la lutte au meilleur moment, d’autres essais seront nécessaires. L’essai sera reconduit en 2018-2019 avec un ciblage plus précis des traitements entre le 15 octobre et le 15 novembre.

Résultats extraits du compte-rendu d’essai « Ravageur maraîchage 2018 essai apion de l’artichaut ». Compte-rendu détaillé disponible auprès de la Sica Centrex.

Aude Lusetti et Cindy Leroy, Sica Centrex 

Un cycle biologique à mieux cerner

Les adultes d’apion pondent à partir du mois de mai sur les feuilles (source INRA). Les larves hivernent tout l’hiver dans la plante où elles creusent des galeries et se nymphosent au printemps. Le cycle est normalement d’un an. Mais dans le Roussillon, le cycle n’est pas si simple. Les pontes ont lieu d’octobre à novembre et de mars à juin à la base des plantes. Il est fréquent de trouver des adultes sur feuilles jusqu’en décembre et les dégâts commencent à apparaître en janvier.

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