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Poireau
Alternatives contre les mineuses

Le Ctifl et les stations régionales d’expérimentation ont évalué l’efficacité de différentes techniques de protection alternatives contre les mouches mineuses de la famille des Agromyzidae.

Avec le thrips, les mouches mineuses de la famille des Agromyzidae (Phytomyza gymnostoma principalement) constituent aujourd’hui les problématiques les plus importantes pour les producteurs de poireau, sans pour autant disposer d’une autorisation de mise sur le marché pour les produits de protection. Différents travaux ont été réalisés par le Ctifl et les stations régionales d’expérimentation afin de mettre au point et d’évaluer l’efficacité de différentes techniques de protection alternatives à l’utilisation de produits phytosanitaires : moyens de biocontrôle, méthodes physiques, modélisation, substances répulsives ou naturelles, biodiversité fonctionnelle.

Des filets efficaces

Ainsi, des expérimentations menées par la Serail ont montré que l’utilisation de filets insect-proof, du type « Filbio » (0,38 à 0,40 €/m2) ou « Austronet » (0,55 €/m2), permet de protéger efficacement les cultures de poireau contre les mouches mineuses (tableau ci-dessous). Utilisés à bon escient, c’est-à-dire placés sur la culture juste avant le début des vols de mouches (détectés à l’aide de bols jaunes et de pots de ciboulette et éventuellement anticipés grâce au suivi des températures et de la photopériode), ces filets constituent aujourd’hui une protection très efficace contre les mouches. Les filets peuvent être posés sur arceaux ou bien à plat sur la culture. En 2013, la Serail a testé ces deux modalités de pose. La pose à plat a été la plus efficace car le filet n'a pas bougé une fois posé sur les poireaux contrairement à la pose sur arceau qui a entraîné des soulèvements de filets par rafales de vent et donc quelques contaminations. En 2014, la maille du filet Microclimat (environ 0,40 €/m2) posée à plat lorsque les premières piqûres nutritionnelles ont été observées sur ciboulette, a également montré de très bons résultats. Cette maille a l’avantage d’être très résistante dans le temps (huit ans). Les filets sont à laisser sur la culture jusqu’à la fin de l’activité de la mouche mineuse, c’est-à-dire jusqu’à fin octobre en Rhône-Alpes. D’autres expérimentations ont été conduites par la Serail (69) et LCA (41) en 2013 sur poireau d’hiver avec du talc. À LCA, six applications foliaires d’Invelop (talc) à 10 kg/ha répétées tous les dix jours ont été évaluées en comparaison avec un témoin non traité et une modalité avec six applications de Vertimec gold à 0,5 l/ha avec un volume de bouillie de 400 l/ha. Lors de notation en octobre, puis à la récolte en décembre, les applications de talc n’ont pas permis de faire mieux que le Vertimec Gold. Ces différences ne sont pas significatives. À la Serail, six applications foliaires d’Invelop à 20 kg/ha, de Surround WP (argile) à 5 kg/hl lors de la 1ère application puis à 3 kg/hl et d’huile essentielle de carotte sauvage à 0,2 %, répétées tous les 7 à 14 jours, ont été évaluées en comparaison avec un témoin non traité et une modalité avec six applications de Success 4 à 0,2 l/ha dans un volume de bouillie de 500 l/ha. À la récolte, la pression de mouches mineuses a été importante. L’argile, le talc et l’huile essentielle de carotte sauvage n’ont pas montré d’effet de protection contre cette mineuse. Ces trois modalités ne sont pas significativement différentes du témoin non traité.

Hauteurs et dates de coupe

Plusieurs projets ont ou vont tester les substances répulsives. A Nantes, le CDDL a mis en place en 2014 un essai avec une décoction de rhubarbe mais l’essai n’a pas pu être exploité. L’Acpel (17) a démarré le projet Abrav en 2015 avec l’évaluation de l’effet répulsif de produits naturels (huiles essentielles). Plusieurs huiles essentielles seront testées selon un dispositif en bloc à quatre répétitions : santoline (Santolina chamaecyporissus), lavande (Lavandula officinalis), Romarin (Rosmarinus officinalis), et citronnelle de java (Cymbopogon winterianus). Les applications des préparations sur les quatre modalités seront réalisées toutes les semaines en encadrant la période à risque déterminée par le suivi des piqûres de nutrition sur ciboulette. Enfin, des essais effectués par la Serail en 2014 montrent que supprimer la partie supérieure du feuillage juste après les pontes de mouches sur les poireaux permet de réduire significativement le niveau d’infestation des cultures (voir encadré).

 

Couper pour protéger

Dans l'essai de la Serail, la coupe a eu lieu en semaine 42, soit une semaine après le pic de vols en Rhône-Alpes. Pour cela, les outils de monitoring tels que les bols jaunes et les pots de ciboulette ont été très utiles. La suppression du feuillage empêche les larves de mouches de descendre dans le fût des poireaux et de s’y transformer en pupes. Cette technique n’a, semble-t-il, pas compromis le rendement car les poireaux ont ensuite eu le temps de refaire leurs feuilles dans les conditions poussantes de l’automne 2014. Les résidus de feuilles coupées avaient été exportés de la parcelle d’essai. La date de fauche ainsi que la hauteur de coupe doivent être choisies de façon très précise pour lutter le plus efficacement possible contre la mineuse sans affecter le rendement. Un essai sur le site de la Serail a également cherché à étudier plusieurs hauteurs et différentes dates de coupe, avec plusieurs outils (cisaille, taille haie, rotofil). Des essais similaires seraient à conduire sur le créneau du poireau primeur pour valider l’impact éventuel sur le rendement.

Rédaction Réussir

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