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Ail : un passage au froid réduit la fusariose

Les premiers résultats du Cefel sur le séchage et la conservation des têtes d’ail semblent indiquer qu’un passage au froid lors d’une de ces deux étapes permet de diminuer les dégâts de fusariose. Affaire à suivre.

La fusariose a causé des pertes de 70 % de la récolte d'ail chez certains producteurs.
© Prosemail

« En 2015, nous avons vu apparaître les symptômes de fusariose de façon importante ainsi qu’en 2017, indique Céline Vézian de la coopérative Alinéa (Tarn-et-Garonne). Certains producteurs ont perdu jusqu’à 70 % de leur récolte. » Les symptômes, des caïeux bruns, apparaissent pendant la phase de conservation. Les bulbes sont alors impropres à la commercialisation. Principalement observée sur ail rose, la maladie touche tous les bassins de production à des degrés variables selon les années et les variétés. D’où une mobilisation de la filière pour trouver des leviers. « La thèse de Paul Chrétien à l’Inra constituera les tout premiers travaux sur cette maladie en France », continue la responsable technique et qualité. Le Cefel a mis en place, à la demande ses adhérents, des essais de comparaison des modalités de séchage et de conservation afin de déterminer quelles sont celles favorables au développement de la maladie.

A lire aussi : l'ail face à la fusariose

L’essai conduit en 2018 le sera de nouveau pendant deux ans. Trois modalités de séchage ont été testées : en chambre froide à une température proche de 17°C avec un taux d’humidité compris entre 90 et 100 % chez un producteur ; dans une tour de séchage appartenant à la coopérative Alinéa à des températures entre 20°C et 30°C et une humidité comprise entre 50 et 80 % ; et dans des palox d’un producteur entre 17°C et 27°C avec une humidité comprise entre 60 et 90 %. Le séchage a duré un mois, de la récolte fin juin à fin juillet. La conservation s’est faite de cinq façons : hors frigo avec un rafraîchisseur de la coopérative Alinéa à des températures comprises entre 17°C et 27°C et une humidité entre 60 et 80 % sur les trois modalités de séchage. La conservation en chambre froide chez un producteur, à une température proche de -2°C et une humidité entre 90 et 100 % a été testée après le séchage en chambre froide et après celui en tour. La conservation en frigo à 2°C avec ventilation à la coopérative Alinéa a été testée pour des lots séchés en tour et en palox. Enfin, des lots d’aulx séchés en palox ont été conservés hors frigo avec une ventilation dans des conditions producteur et dans des conteneurs.

Des tendances à confirmer dans le temps

Les dégâts de fusariose étaient compris entre 2 % et 32 % en sortie de conservation fin septembre. « Les modalités sans froid, ni pendant le séchage, ni pendant la conservation, présentent le plus de dégâts avec plus de 20 % de bulbes atteints à l’exception de la modalité de séchage en palox et de conservation en conteneur », indique Françoise Leix-Henry du Cefel lors de l’assemblée générale d’Alinéa en novembre dernier. Les autres modalités avaient moins de 6 % de bulbes atteints. Les résultats du nombre de caïeux atteints par bulbe suivent les mêmes tendances. En sortie fin octobre, les résultats sont similaires, hormis pour la modalité séchée en palox, conservée en conteneur où le taux de bulbes atteint, voire dépasse les 15 %. « Ces tendances sont relativement intéressantes mais elles sont à confirmer dans des conditions climatiques différentes de celles de 2018 », conclut l’expérimentatrice. Une grande partie des producteurs de la coopérative ont pu profiter de diagnostic séchage en 2018 pour améliorer leurs conditions de séchage. « D’ores et déjà, beaucoup d’entre eux se sont équipés en frigo ou ont amélioré leur système pour la récolte 2018 », rapporte Céline Vezian. Conséquence de ces changements ou année à faible pression, les dégâts ont été plus faibles en 2018. Mais pour les producteurs de la coopérative Alinéa, il serait nécessaire d’aller plus loin. « Il faudrait faire des tests au-delà du frigo, voir comment l’ail évolue chez le consommateur, souligne un des adhérents à la coopérative. On retrouve de la fusariose chez le consommateur. De nombreux défauts ne peuvent malheureusement pas être détectés lorsque l’on tâte seulement les têtes. » La coopérative a aussi fait des tests produits en post-récolte mais dans le but de trouver les matières actives efficaces pour un positionnement en foliaire ou en enrobage des caïeux.

 

La perte de poids

Une observation a été faite sur la perte de poids en cours de séchage. Elle est comprise entre 16 % et 25 %. Le séchage en palox semble augmenter la perte de poids, tandis que celui en frigo tendrait à la minimiser.

 

Avis d'expert : Paul Chrétien, doctorant à l’Inra

« Identifier et caractériser les agents pathogènes de la fusariose »

« Ma thèse à l’Inra d’Avignon, financée en partie par la filière ail de France, porte sur l’identification et la caractérisation des espèces de Fusarium provoquant la maladie de la fusariose sur ail en France et sur la conception d’un outil pour leur détection. La première étape a été d’échantillonner et d’isoler les différentes souches présentes dans les aulx. En effet, pour comprendre comment fonctionne une maladie et pour, un jour, mettre au point une méthode de lutte efficace et durable, il faut connaître parfaitement l’agent pathogène responsable de la maladie. Cet échantillonnage s’est fait dans les bassins de production du Sud-est et du Sud-ouest sur treize variétés différentes d’ail. Plus de 2000 souches de Fusarium ont été isolées. Leur identification moléculaire est en cours. Nous savons d’ores et déjà que l’espèce F. proliferatum, préalablement répertoriée sur ail dans d’autres pays, est présente sur ail en France. Nous sommes actuellement en train de réaliser des tests pour évaluer le niveau d’agressivité des souches isolées. La prochaine étape sera d’établir les portes d’entrée du champignon dans les aulx. Enfin, à terme, nous voulons développer un outil permettant aux professionnels de pouvoir détecter la présence du champignon dans les aulx, le sol, l’eau ou sur la ligne de conditionnement. »

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