Aller au contenu principal

Ail oignon échalote : se démarquer par les signes officiels de qualité

Depuis la fin des années 70 et notamment depuis dix ans, des zones de production d’ail développent des démarches d’identification de la qualité et des terroirs. Avec des résultats intéressants pour les aulx colorés, plus mitigés pour l’ail blanc.

© Claire Tillier - FLD

Dès les années 90, face à l’augmentation des importations d’ail en provenance de Chine, les professionnels français se sont mobilisés pour limiter les importations puis par la mise en place de signes officiels de qualité et d’origine (Siqo). « L’ail est le seul fruit ou légume à avoir aujourd’hui cinq productions sous Siqo », souligne Fabienne Ruamps, animatrice de l’Aniail, l’interprofession de l’ail. Dès 1966, l’Ail rose de Lautrec a obtenu le Label Rouge puis en 1996 une IGP. Ont suivi l’Ail blanc de Lomagne IGP et l’Ail de la Drôme IGP en 2008, l’Ail fumé d’Arleux IGP en 2013, puis l’Ail violet de Cadours avec une AOC en 2015 et une AOP en 2017.

Les Siqo permettent de se démarquer sur un marché en attente de garanties d’origine, qualité et typicité. « Le Label Rouge donne de la notoriété et est un outil de communication, souligne Gaël Bardou, président du Syndicat de défense du Label Rouge Ail rose et de l’IGP Ail rose de Lautrec. Il permet de sortir du lot et rassure le consommateur car il implique un cahier des charges, un suivi, des contrôles. Il y a une demande de la part des GMS. »

Un artout de taille face à l’Espagne

« Il est plus facile de se battre face à l’ail espagnol avec un produit labellisé », rapporte pour sa part Sébastien Taupiac, président du Syndicat de défense de l’Ail violet de Cadours. La demande étant plus régulière, un Siqo permet de stabiliser les prix et donne plus de visibilité aux producteurs, facilitant le maintien voire le développement de la production. « Avant l’AOP, les prix étaient très fluctuants, analyse Sébastien Taupiac. Si l’Espagne avait une bonne récolte en volume et coloration, les prix pouvaient chuter. L’AOP les a lissés à des niveaux corrects. En 2017, le prix de l’AOP était supérieur d’environ 1,50 €/kg au prix de l’ail violet standard. Des prix plus rémunérateurs et plus de visibilité donnent confiance aux producteurs. En quatre ans, le nombre d’adhérents au syndicat est passé de 45 à 92, avec des producteurs qui le rejoignent et des installations de jeunes. » « La stabilité des prix depuis plusieurs années permet une bonne dynamique d’installation », constate Gaël Bardou. Les Siqo permettent aussi d’ancrer un produit à son terroir. « Sans les Siqo et le travail d’identification des productions sur les territoires, la production d’ail en France aurait pu disparaître », estime Christiane Pieters, présidente de l’Aniail.

L’ail blanc plus concurrencé

Si la tresse ou la gerbe restent demandées pour les marchés, les zones touristiques ou comme produit d’appel en GMS, les petits conditionnements et les plateaux stickés représentent désormais l’essentiel des ventes. Et si la France est le premier débouché, une part parfois non négligeable est exportée. « Un tiers de nos volumes sont exportés en Italie, Suisse, Allemagne et Scandinavie », indique Gaël Bardou.

La part d’ail labellisée varie toutefois selon les conditions climatiques qui impactent fortement la qualité et les calibres. En ail violet de Cadours, la part d’ail labellisable a atteint 60-70 % en 2016, mais seulement 15-20 % en 2017. L’obligation de qualité et le travail très manuel limitent aussi le développement des productions. La surface moyenne par exploitation n’est que de 2,3 ha en Ail rose de Lautrec, 1,5 ha en Ail violet de Cadours. Enfin, si les Siqo donnent de bons résultats en ail coloré, leur impact est plus limité pour l’ail blanc. « Avec les MDD, les marques d’entreprise…, les possibilités de segmentation sont limitées en GMS, constate Fabienne Ruamps. Et les grossistes sont plus intéressés par les aulx colorés. De plus, l’ail blanc français est très concurrencé par l’ail d’importation présent toute l’année. »

Sur un potentiel de production de 1 000 t, seules 100 t/an sont ainsi commercialisées en IGP Ail blanc de Lomagne. « Même si les volumes restent limités, l’existence d’un Siqo permet de se positionner face à l’ail d’importation, assure Christiane Pieters. Et il y a de grosses marges de progression. Les consommateurs sont intéressés par les Siqo mais il y a encore du travail à faire au niveau de la distribution pour mieux les identifier. »

Neuf Alliums sous Siqo

* Ail rose de Lautrec : 157 producteurs, 6 conditionneurs, 360 ha, 550-750 t/an labellisées, taux de certification 45-55 %

* Ail violet de Cadours : 92 adhérents, potentiel : 1 000 t, 130 t/an labellisées

* Ail blanc de Lomagne : 70 producteurs, 5 conditionneurs, 172 ha, potentiel 1 000 t, 100 t/an labellisées

* Ail de la Drôme : 100 producteurs, potentiel 400 t

* Ail fumé d’Arleux : 6 producteurs

* Oignon doux des Cévennes : 98 producteurs, 46 ha, 2 800 t en 2017-2018

* Oignon Rosé de Roscoff : 60 producteurs, 730 t/an

* Échalote d’Anjou : 30 producteurs, 800 t en 2017

L’Ail de Cherrueix est aussi en attente d’une IGP et l’Auvergne réfléchit à un Siqo pour son ail.

Lire aussi notre article sur le lancement de campagne de l’ail français : ici

Les plus lus

Cinq personnes débattent sur un salon. avec un écran géant en arrière fond
Abricot : à quoi s’attendre pour la récolte européenne 2025 selon les prévisions de Medfel ?

Le salon Medfel a fait le point sur les récoltes d’abricot en France, en Italie, en Espagne et en Grèce. Les quatre pays…

<em class="placeholder">camerise</em>
« Quand j’ai commencé à produire de la camerise, j’ai dû tout expérimenter »

Producteur de petits fruits dans les Vosges, Damien Balland s’est lancé dans la culture de la camerise. Une espèce rustique,…

Quatre personnes présentent des prévisions de plantation sur un salon
Melon : à Medfel, une baisse inédite des surfaces est annoncée pour 2025

Les trois bassins de production de melons que sont la France, l'Espagne et le Maroc sont concernés par la baisse de surfaces.…

tranches de melon charentais
Prix du melon : accord oral des enseignes à « ne pas dégainer à 0,99 € » en 2025

L’AIM poursuit ses travaux pour mieux valoriser le melon et endiguer la perte des surfaces. A Medfel, l'interprofession a…

balanin - noisette
Proposition de loi Duplomb : quels étaient les usages des néonicotinoïdes en cultures de fruits et légumes ?

La proposition de loi Duplomb, qui prévoit notamment la réautorisation de certains néonicotinoïdes, suscite l'opposition. Les…

rayon fruits et légumes. Mise en avant du label Zéro résidu de pesticide avec un îlot central dédié
Labels et démarches qualité : les consommateurs y sont-ils vraiment sensibles ?

« Il faut que la proposition de valeur soit très compréhensible du consommateur pour qu’un label soit perçu comme légitime…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes