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Abricot : Le savant dosage du froid

La floraison des abricotiers est induite par les températures de l’automne précédent et de l’hiver. Le Ctifl étudie depuis quinze ans les corrélations entre climat et production pour comprendre la variabilité observée chaque année.

Des épisodes de froid tardif (9 mars 2010) sont responsables de blocage de la floraison.
© M.Jay, CTIFL

Précoce. Tardive. Groupée. Etalée. La floraison des abricotiers est aléatoire. Le Ctilf étudie depuis quinze ans le lien entre le climat et la floraison chez l’abricotier. « Une chose est sûre, depuis quinze ans, la floraison est plus tardive et s’est décalée progressivement de huit à dix jours », rapporte Michel Jay, Ctifl. Les causes de ce décalage : un manque de froid précoce et trop de froid tardif. L’abricotier exige en effet des températures froides afin que ses bourgeons puissent débourrer. La date à laquelle cette capacité est acquise s’appelle la date de levée de dormance « Elle varie sur des plages de 31 à 47 jours entre les années selon les trois variétés étudiées : Tom Cot®, Hargrand et Orangered® », précise le spécialiste. Plus les températures sont fraîches en automne, plus la dormance sera levée tôt. Les levées de dormance les plus précoces ont été notées en janvier. A l’inverse, plus l’automne et l’hiver sont doux, plus la date de levée de dormance est tardive. « La meilleure méthode pour évaluer la date de levée de dormance est le cumul des températures moyennes quotidiennes depuis le 1er juillet », ajoute le technicien. La valeur seuil de cumul des températures qui va déclencher la levée de dormance varie selon le profil de l’année. Lors des années avec un hiver froid, les seuils de cumul pour la levée dormance étaient compris entre 3 000 °C et 3 200 °C pour les trois variétés étudiées. Les levées de dormance ont alors eu lieu en janvier. Pour les années aux hivers plus doux, les cumuls de températures pour la levée de la dormance, effective en février, étaient compris entre 3 300 et 3 600 °C.

Un intervalle raccourci entre la levée de dormance et la floraison

Si la levée de dormance est induite par le froid, la floraison, elle, dépend de la chaleur. Des températures basses la bloquent. Une date de levée de dormance ne donne donc pas une date de floraison. L’intervalle entre la levée de dormance et la floraison est influencé par la façon dont les températures atteignent le cumul nécessaire à la floraison. Les floraisons les plus précoces interviennent en février quand les cumuls de températures sont très bas fin décembre et qu’il y a un redoux progressif ensuite. « Pour les autres années avec des cumuls de températures élevés fin décembre, toutes les floraisons ont été repoussées après le 11 mars », constate Michel Jay. Et lorsque se cumulent des températures douces en début et froides en fin de période, les floraisons sont alors les plus retardées. « Mais nous avons constaté que plus les températures sont douces jusqu’à la levée de dormance, plus l’intervalle avec la floraison est court », ajoute le spécialiste. Par exemple en 2012, l’hiver a été très doux jusqu’à fin janvier. Une brusque et intense vague de froid s’est abattue pendant les quinze premiers jours de février qui ont satisfait les besoins en froid mais bloqué le débourrement. Enfin un réchauffement rapide et fort en mars a provoqué une explosion de la floraison. L’intervalle entre la levée de dormance et la floraison était cette année-là de 16 à 20 jours selon les variétés étudiées.

Un impact des températures variables selon les variétés

Cette possibilité de raccourcir l’intervalle entre la levée de dormance et la floraison varie selon les variétés. « Pour Tom Cot® et Goldrich, tout se passe comme si ayant « attendu » longtemps la levée dormance, ces variétés hâtaient leur débourrement pour fleurir avant une date butoir, analyse Michel Jay. En quinze ans d’observation et malgré des années climatiques très différentes, la floraison de Tom Cot® n’a jamais dépassé le 19 mars. » Pour Goldrich, c’est le 16 mars. A contrario, Hargrand et Orangered peuvent repousser leur floraison jusqu’au 1er avril dans le Gard. Le climat des mois qui précèdent la floraison impacte aussi la production. « Là aussi, la réaction des variétés diffère ». La production de Tom Cot® reste régulière que l’arbre ait subi du froid hivernal ou non. A l’autre extrémité, Goldrich ou Bergarouge® sont eux extrêmement affectés par le manque de froid. « Avec 1000 h de froid (T°< 7,2 °C), Bergarouge® produit cinq fois moins qu’avec 2000 h de froid. »

Les cumuls d'heures de froid en fruits à noyaux par bassins de production sont disponibles sur le site du Ctifl

Source : Infos CTIFL

Vers un climat plus doux

Les automnes et les hivers sont moins froids. Depuis 2007, le cumul des températures moyennes quotidiennes du 1er juillet au 31 mars est à la hausse. Avant cette année, le cumul des températures était compris entre 3 650° et 3 900 °C. 2007 fut une année record avec un cumul de températures de 4 100 °C. Et depuis, les 3 900 °C ont été plusieurs fois dépassés.

Des anomalies florales à éclaircir

La sensibilité variétale aux anomalies florales ne fait aucun doute mais les facteurs climatiques restent à trouver. Sur le site de Balandran dans le Gard, Orangered® Bhart a eu en moyenne sur les dix ans de l’étude du Ctifl, plus de la moitié de ses bourgeons nécrosés, qui ont chuté ou avec un pistil court. Pour Hargrand, seul un cinquième de ces bourgeons a été touché en moyenne par ces phénomènes. Mais selon l’année le taux et le type d’anomalie varient beaucoup. Le taux passe ainsi de 12 à 42 % sur Tom Cot® entre 2012 et 2013. Pour Orangered, plus de la moitié des bourgeons étaient nécrosés en 2009, mais en 2010 ce taux était inférieur à 5 %. L’explication climatique de ces phénomènes est encore floue. Les températures en apportent une partie : plus il fait froid, moins les anomalies sont nombreuses. « Ainsi, 2007 reste dans toutes les mémoires comme une année déficitaire en production du fait d’un hiver très doux ayant entraîné un taux d’anomalies florales très élevé », se rappelle Michel Jay. Mais le défaut des pistils courts est à différencier des autres anomalies. Ce défaut se révèle dans les toutes dernières semaines qui ont précédé l’ouverture de la fleur. Des observations espagnoles ont prouvé que des couvertures plastiques en verger ont hâté la floraison et provoqué un fort taux de pistil court. Un forçage induit donc une désynchronisation de la croissance du pistil par rapport au reste de la fleur.

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