Abricot : le pré-éclaircissage prend de la vitesse
L’Eclairvale est expérimentée depuis cinq ans aux vergers Riou, à Saint-Gilles (30). Son utilisation sur fleurs ou sur petits fruits apporte une souplesse d’intervention sans toutefois totalement supprimer l’éclaircissage manuel.
L’Eclairvale est expérimentée depuis cinq ans aux vergers Riou, à Saint-Gilles (30). Son utilisation sur fleurs ou sur petits fruits apporte une souplesse d’intervention sans toutefois totalement supprimer l’éclaircissage manuel.
« Après quatre ans d’essais de la machine à éclaircir Eclairvale dans nos vergers d’abricotiers et de pruniers, nous en avons acquise une en 2015, témoigne Jacek Gasior, responsable de la production fruitière intégrée au sein des vergers Riou, à Saint-Gilles (30). Nos vergers sont constitués de variétés Cot International, à faible besoin en froid et à fort potentiel de production, d’où la recherche d’alternatives pour diminuer les coûts d’éclaircissage, et obtenir plus de souplesses dans les interventions ». Or l’Eclairvale, développée par la société La Cannevale, permet d’intervenir sur fleurs et /ou sur petits fruits. Dans les vergers Riou, suivis par le GRceta Basse Durance, sur abricotier et prunier, l’outil est passé soit fin du stade C jusqu’au stade E, ou au stade petits fruits entre 0,7 cm et 2 cm environ. La machine peut être passée ponctuellement ou de façon successive selon la floribondité et l’intensité de nouaison. « Cette éclaircisseuse est un outil complémentaire pour diminuer le nombre de fleurs et de fruits sur l’arbre et optimiser le calibre. Elle décharge l’arbre mais ne se substitue pas à l’éclaircissage manuel », précise le responsable PFI. Dans les conditions des vergers Riou et de l’utilisation de la machine, la décharge est d’environ 10 à 20 % des fleurs par passage, puis environ de 10 à 20 % des fruits par passage sur petits fruits. « En déchargeant précocement les arbres, ils ont plus d’énergie métabolique lors du démarrage de leur végétation », analyse-t-il. La machine ne choisit ni les fleurs, ni les fruits, l’éclaircissage manuel est donc nécessaire pour affiner, mais sa durée en est réduite.
La rapidité de l'intervention confère la souplesse d’utilisation
L’outil s’attache sur le relevage du tracteur. Il est constituée d’un axe sur lequel des tiges souples sont fixées. Ces tiges peuvent pénétrer dans l’arbre jusqu’à 1,4 mètre. L’axe tourne par effet d’entraînement dû à la résistance des tiges contre les branches. Donc plus la vitesse du tracteur est rapide, plus la vitesse de rotation l’est aussi. L’inclinaison, l’élévation, le déport et la vitesse d’avancement permettent de régler l’intensité de l’éclaircissage. Aux vergers Riou, les vitesses d’avancement sont comprises entre 4 et 10 km/ha. Vitesse qui leur permet de travailler un hectare par heure en moyenne. La rapidité de l’intervention confère la souplesse d’utilisation de cette machine. Elle peut être utilisée ou stoppée rapidement et sans inertie organisationnelle. « C’est un moyen très confortable d’intervention car l’Eclairvale est un outil maniable qui ne nécessite qu’un seul salarié pour la conduire, la déplier et la replier. La machine est robuste, sans complexité technique puisque qu’il n’y a pas d’entraînement hydraulique », souligne Jacek Gasior.
Nécessité d'adapter le verger à la machine
« Mais c’est une machine qui s’apprend. Après cinq ans, nous sommes encore dans la phase d’apprentissage », insiste le chef de culture. Plusieurs années d’essais sont nécessaires en effet pour adapter sa vitesse de passage aux variétés, âge, forme des arbres et stade d’intervention selon la variété ou l’espèce. Selon l’année et les conditions climatiques, le nombre de passages varie. L’axe de la machine peut s’incliner et se déporter pour épouser l’inclinaison des charpentières. Toutefois, la machine trouve ses limites dans des vergers anciens d’abricotiers en gobelet. « Nos abricotiers et pruniers sont de petits gobelets, forme sur laquelle la machine a une certaine efficacité. Mais nous devons encore améliorer la qualité de notre taille pour les rendre plus compacts de façon à adapter le verger à la machine », explique Jacek Gasior. Des formes plates de vergers, type mur fruitier, palmette et axe centrale sont pour cela examinées par le GRCeta Basse Durance. « Nous voulons choisir la mieux adaptée à l'utilisation de l’Eclairvale ».
Nous devons rendre les abricotiers plus compacts de façon à adapter le verger à la machine
JACEK GASIOR
Éclaircir, à quel stade?
En pré-éclaircissage entre les stades D-E (boutons blancs) et G (chute des pétales)
L’éclaircissage à la fleur est à réserver à des variétés autofertiles, très florifères et régulièrement productives. « Le risque de gelées, et la possibilité d’une protection antigel du verger, est à prendre en compte dans le choix d’une intervention dès la fleur », souligne Christophe Chamet, de la Sefra. Mais il a été observé que plus l’éclaircissage est réalisé tôt, plus son effet sur le calibre est important. « Entre un éclaircissage au stade petit fruit et un éclaircissage au stade fleur, le poids moyen des fruits est augmenté de 20 à 35 % selon les variétés », témoigne Christian Pinet, de la Serfel. Pour que l’éclaircissage à la fleur soit efficace, il faut supprimer au moins 50 % des fleurs. « Certaines années, la fenêtre d’éclaircissage est d’une semaine à dix jours, du fait de floraison rapprochée, analyse Christophe Mouiren, du GRCeta. C’est pourquoi il est conseillé d’intervenir dès le stade D-E ». A pleine fleur, l'éclaircissage peut ne faire tomber que les pétales, mais pas la fleur, le travail perd alors en efficacité. Une intervention à la fleur est majoritairement insuffisante.
Eclaircissage sur petits fruits
L’éclaircissage sur petits fruits peut s’effectuer à partir d’une taille de fruits de 15 mm jusqu’à un mois après la floraison, pendant la période de division cellulaire. L’éclaircissage doit se faire avant le durcissement du noyau pour gagner en calibre. Fait trop tard, il peut aussi jouer sur l’induction florale de l’année suivante et faire entrer le verger en alternance. « La fenêtre n’est que d’une vingtaine de jours, note Christophe Mouiren. C’est pourquoi il est important de ne pas rester inactif devant un chantier d’éclaircissage qui s’éternise ». Une évaluation du nombre de fruits à retirer par arbre est à faire sur quelques arbres avant d’éclaircir l’ensemble de la parcelle.
Plusieurs outils d’aide à l’éclaircissage
L’utilisation d’une effleureuse portée type Eclairvale reste encore très marginale du fait de l’investissement. Mais plusieurs autres méthodes sont utilisées soit sur fleur soit sur petits fruits. La plupart d’entre-elles ne supprime pas totalement un passage manuel sur petits fruits pour rectifier leur répartitions.
PRÉ-ÉCLAIRCISSAGE À LA FLEUR
Brosse ménagère - Elle nécessite 50 à 65 h/ha de travail selon le stade, voire plus si le volume des arbres est important. Elle permet une réduction du temps d’éclaircissage manuel de 30 à 40 %. L’utilisation à rebrousse poil de cet outil sur les branches ne risque pas d’abîmer les bourgeons végétatifs au stade bouton blanc car ceux-ci n’ont pas encore débourré contrairement à la pêche.
Brosse Brovalle - Munie d’un manche de 60 à 80 cm, elle permet d’atteindre plus facilement le haut et l’intérieur des arbres. Elle nécessite 40 h/ha d’intervention (toujours en fonction du volume des arbres). Elle réduit le temps d’éclaircissage manuel de 40 à 70 % selon le stade.
Effleureuse électrique Electroflor/Powercoup PW2 (Infaco) - C’est l’outil le plus adapté pour atteindre facilement le haut des arbres en gobelet. De 20 à 50 h/ha sont nécessaires pour pré-éclaircir. Elle réduit de 40 à 100 % le temps d’éclaircissage manuel. Son coût est de 645 €, batterie non incluse. Elle nécessite une certaine prise en main de l’utilisateur pour gérer la longueur des fils. Elle peut s’utiliser en complément de la brosse ménagère pour éclaircir seulement le haut des arbres.
L’effleureuse électrique Saflower® - Elle repose sur le même principe que les deux outils précédents. Elle ne possède pas de manche, donc les temps d’intervention sont un peu plus longs que l’Electroflor et proches de la Brovalle. Le coût est inférieur et des lacets remplacent les fils plastiques en rotation. Etant moins agressifs, ils peuvent permettre un passage plus tardif, jusqu’à un stade de feuilles de 1 cm.
ECLAIRCISSAGE SUR PETITS FRUITS
Bâton - De 20 à 40 h/ha sont nécessaires pour utiliser cette méthode. Elle réduit de 40 % à 50 % le temps d’éclaircissage manuel. « C’est une solution très économique si l’on s’est fait prendre sur l’éclaircissage sur fleurs ou sur des variétés à faible valeur ajoutée », selon Christophe Mouiren. Moins précis qu’en manuel, il est à choisir en fonction des variétés, des débouchés commerciaux et des objectifs de calibre.
