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François Desprez : « Le blé OGM tolérant à la sécheresse pourrait représenter 25 % des parts du marché argentin »

Le semencier français Florimond Desprez a développé avec son partenaire argentin Bioceres des variétés de blé OGM conçues pour limiter les effets du stress hydrique. Les résultats des essais en plein champ en 2020 en Argentine remplissent d’optimisme le président du groupe, François Desprez, qui livre ici ses ambitions autour d’un projet dont l’heure de vérité est imminente.

« L’UE, notre marché traditionnel, n’a pas adopté les OGM. La messe est dite », explique François Desprez. Mais le président du groupe Florimond Desprez juge le développement de variétés OGM nécessaire pour continuer d'exister sur le marché américain.
© Florimond Desprez

Quelle est l’implication du groupe Florimond Desprez dans les essais en plein champ réalisés sur 6 200 hectares par votre joint-venture argentine, Trigall Genetics, avec des blés OGM portant un gène de tolérance à la sécheresse ?

François Desprez : Il ne s’agit pas là de recherche variétale à proprement parler, mais de multiplication de semences de trois variétés porteuses du gène HB4 créé par la recherche publique argentine et dont les droits d’exploitation sont détenus par la société Bioceres. Nous, nous avons apporté le matériel génétique support de cette technologie. Ces semis ont été réalisés dans la perspective du lancement de cette technologie lors des prochains semis de blé en Amérique du Sud, en mai-juin. À condition, bien sûr, que le Brésil autorise l’importation de blé OGM. Son verdict est attendu au plus tard en mai.

Ces blés OGM ont-ils fait leur preuve face à la sécheresse ?

Par chance, si l’on peut dire, la sécheresse à laquelle ont été confrontés cette année les céréaliers argentins a mis en valeur l’avantage de ces variétés. Dans les environnements à bas potentiel, limités par la sécheresse, elles ont donné des rendements de 30 à 40 % supérieurs aux références locales, et ailleurs, de 10 à 15 % de plus. La promesse semble avoir été tenue. Avec cette première récolte, nous pourrions semer cette année entre 120 000 et 130 000 hectares, soit 1 à 2 % de la sole argentine de blé.

Qu’un semencier français participe à une aventure industrielle autour d’un blé transgénique peut faire polémique. Ne craignez-vous pas des retombées négatives pour votre entreprise, en termes d’image ?

On s’est posé la question lorsque nous avons été approchés par Bioceres, il y a dix ans. Et quand il y a eu l’annonce, en août dernier, du décret argentin d’autorisation de la culture de blé OGM, sur les réseaux sociaux, en France, cela a donné lieu à de vifs échanges entre agriculteurs. Nous pensons sincèrement que nous sommes une entreprise éthique responsable. L’agriculture américaine a choisi les cultures OGM en soja et maïs.

Ce n’est pas le refus de Florimond Desprez de mettre à disposition son germoplasme qui y aurait changé grand-chose. Et cela ne fait pas de nous un thuriféraire des plantes transgéniques. Nous sommes pragmatiques. L’UE, notre marché traditionnel, n’a pas adopté les OGM. La messe est dite. Mais pour continuer d’exister sur le marché états-unien des semences de betteraves, par exemple, nous avons bien dû accepter de distribuer des semences porteuses du gène Round-up Ready.

Quelle est votre ambition avec ce blé OGM ?

D’abord, nous voulons faire une commercialisation à grande échelle sans cette épée de Damoclès d’ordre réglementaire. Les agriculteurs argentins ont démontré avec le soja et le maïs que leur adoption de la technologie OGM a été extrêmement forte et rapide. En sera-t-il de même avec le blé ? Je n’imagine pas une sole de blé argentine 100 % emblavée avec des variétés HB4. Mais si tout se déroule bien du point de vue réglementaire, si notre fonds génétique est compétitif, et si le trait HB4 prouve le concept sur lequel il a été construit, alors il n’est pas illusoire d’espérer pouvoir capter, au bout de quelques années, 25 % des parts du marché argentin des semences de blé.

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