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En bovins, de quels moyens disposent les éleveurs pour mieux gérer les culicoïdes, moucherons vecteurs de la MHE et de la FCO ?

Face à la MHE et à la FCO transmises par les culicoïdes, certaines mesures pourraient permettre de limiter les attaques. Des recherches sont engagées aussi pour mieux gérer les moucherons selon la zone et la saison.

vaches limousines mouches yeux qui pleurent
Pour ralentir la diffusion de la FCO et éviter des symptômes graves, GDS France recommande de vacciner contre le sérotype 8 dans toute la France et éventuellement contre le sérotype 4.
© Sophie Bourgeois

Face à l’épidémie de maladie hémorragique épizootique (MHE) et à la résurgence de la fièvre catarrhale ovine (FCO), le Groupement de défense sanitaire (GDS France), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) ont établi des recommandations pour lutter contre les culicoïdes, moucherons vecteurs de ces deux maladies virales infectieuses. 

 

Moucherons de type culicoïdes
Les culicoïdes sont des moucherons de 1 mm à 3 mm, dont seules les femelles se nourrissent de sang et sont responsables de la transmission de la MHE et de la FCO.

 

Les œufs, larves et pupes vivant en milieu humide et riche en matière organique, gérer les effluents, litières et matières organiques au plus près des animaux limiterait les habitats favorables aux culicoïdes. Le confinement des animaux malades ou suspects en intérieur, au moins la nuit, est aussi recommandé. Une obligation pour la sortie d’animaux de zones atteintes de MHE est la désinsectisation des véhicules et des animaux en amont du prélèvement obligatoire. Et la désinsectisation individuelle peut être pratiquée pour réduire les attaques et sur les animaux malades pour limiter la diffusion de la maladie.

Hausse des prescriptions d’insecticides

Faute d’autre solution (pas de vaccin contre la MHE, ni de piège, et technique de l’insecte stérile impossible…), les vétérinaires mettent en avant ces recommandations. « Nous suivons la position de GDS France en soulignant l’importance de surveiller les signes cliniques et de contacter son vétérinaire sanitaire en cas de suspicion », indique Elsa Gueguen, vétérinaire chez Seenovia.

Dans le Massif central, une hausse des prescriptions d’insecticides est observée face à la MHE et à la résurgence de FCO liée à une nouvelle souche du sérotype 8 entraînant des cas cliniques plus graves. « En Aveyron, la mortalité en bovin liée à la FCO a augmenté de 17 % les dix derniers jours d’août 2023 et de 40 % les dix premiers jours de septembre, rapporte Guillaume Thomas-Guingand, président du GTV Aura. En prévention et pour répondre à la réglementation, les demandes de prescription d’insecticides ont augmenté. » 

Les plus utilisés sont les pyréthrinoïdes, deltaméthrine surtout et cyperméthrine, avec des formulations pour-on, à appliquer sur la ligne du dos, ou parfois à pulvériser, à utiliser en bain ou en plaquettes auriculaires. « Les pyréthrinoïdes ont un effet répulsif plus ou moins fort et un effet insecticide, note Guillaume Thomas-Guingand. Leur durée d’efficacité est toutefois aléatoire. Pour l’export ou pour répondre à la réglementation sur le transport, ils fonctionnent globalement en respectant les délais d’application. En élevage, ils réduisent les attaques sans les empêcher complètement. » « Les pyréthrinoïdes et les organophosphorés sont efficaces sur culicoïdes, note Claire Garros, entomologiste au Cirad. Il y a cependant un souci de diffusion des formules pour-on, qui ne protègent pas les parties déclives des animaux, ni les mamelles et pattes. »

Pour plus d’efficacité, Guillaume Thomas-Guingand conseille de tondre la ligne du dos avant d’appliquer le pour-on. « Les insecticides ne peuvent toutefois être utilisés en continu ni systématiquement, car les résidus se retrouvent dans l’environnement et peuvent notamment détruire les insectes qui dégradent les bouses. Il ne faut les utiliser que si nécessaire, lors des mouvements d’animaux et en début de saison, quand les culicoïdes ne sont pas trop nombreux, plutôt qu’en plein été. »

Vaccination contre les sérotypes 4 et 8

Au 24 janvier 2024, selon GDS France, la FCO de sérotype 8 touchait 26 départements des régions Aura, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. « Et avec la reprise d’activité des culicoïdes, elle devrait encore s’étendre », prévoit Emmanuel Garin, vétérinaire du GDS France. S’y ajoute le sérotype 4 en Corse et le sérotype 3, présent en Belgique et qui pourrait arriver en France. Pour ralentir la diffusion de la FCO et éviter des symptômes graves, GDS France recommande de vacciner contre le sérotype 8 dans toute la France et éventuellement contre le sérotype 4. « Le vaccin BTV pur protège contre la nouvelle souche, indique le vétérinaire. Et il en est très probablement de même pour Syvazul et Bluevac. Nous sommes dans l’attente de l’étude de l’Anses à ce sujet. » L’éleveur peut vacciner lui-même, sauf si la vaccination doit être certifiée pour l’export ou les échanges, ce qui implique de faire appel au vétérinaire sanitaire. En cas d’échange d’animaux non vaccinés provenant de zones infectées, il est conseillé de désinsectiser l’animal et de faire une PCR. La supplémentation en vitamines et oligo-éléments peut aussi renforcer les défenses immunitaires des animaux.

 

À éviter !

Pulvériser un insecticide dans l’environnement ou près de l’élevage ne réduit pas l’abondance des adultes de culicoïdes. Éviter aussi le traitement insecticide général des bâtiments dont l’efficacité n’a pas été prouvée.

Estimer l’impact du changement climatique sur le risque de transmission

« On trouve désormais des culicoïdes du printemps au début d’hiver dans toute la France et jusqu’à 2000 mètres, indique Claire Garros. En dessous de 10 °C, les adultes ralentissent le rythme de piqûre et la plupart disparaissent, mais les immatures persistent et se développent au printemps. » Les adultes se dispersent de 2-3 km par 24 heures et beaucoup plus en cas de vent. « Les populations semblent s’adapter et remonter du sud vers le nord », constate Romain Persicot, directeur du GDS Aura. Une piste est de mieux connaître l’activité des culicoïdes selon les zones et la saison, pour adapter les mesures de biosécurité. « La surveillance des culicoïdes de 2009 à 2012 dans le cadre de la lutte contre la FCO a permis d’identifier les espèces présentes en France et leurs périodes d’activité, précise Claire Garros. Elle a montré qu’il n’y a pas d’espèce invasive. Ces données commencent toutefois à dater. Et avec le changement climatique et la modification des paysages, de nouvelles recherches sont nécessaires. » Un projet, Vectoclim, financé par la région Occitanie, sera engagé en 2024 pour développer des modèles permettant d’estimer l’impact du réchauffement climatique sur l’abondance, l’activité saisonnière, l’évolution et la phénologie des moustiques tigres et des culicoïdes et du risque associé de transmission de virus.

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