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Eleveur et engagé : une démarche toujours gagnante en Charente-Maritime

Le partenariat noué depuis près de trente ans par un groupe d’éleveurs de Charente-Maritime avec la grande distribution résiste à la conjoncture. Initiée avant le lancement officiel du dispositif Eleveur et Engagé, la démarche reste porteuse et appréciée des éleveurs. Les prochaines années seront décisives, à l'épreuve de la hausse des prix à la consommation.  

Jean-Noël Gémon et Fabien Milliéroux (dans l’élevage de ce dernier à Royan) adhèrent au dispositif Eleveur et Engagé.
Jean-Noël Gémon et Fabien Milliéroux (dans l’élevage de ce dernier à Royan) adhèrent au dispositif Eleveur et Engagé qui représente le débouché d'une grande partie de leur production.
© L.Roussière

 « Ce partenariat avec la grande distribution a permis de maintenir de l’élevage sur le territoire, c’est certain », affirme Jean-Noël Gémon, éleveur de blondes d’Aquitaine à Médis (Charente-maritime) et cocréateur de la démarche en 1997 avec l’enseigne Leclerc. Lancé officiellement en 2016, le dispositif Eleveur et Engagé s’est depuis étendu au niveau national.

Lire aussi : Décapitalisation bovine : « Nous devons impérativement sécuriser les naisseurs et naisseurs engraisseurs »

En Charente-Maritime, 90 éleveurs fournissent un approvisionnement régulier en viande bovine pour les rayons de boucherie traditionnelle des Leclerc et des magasins U affiliés au groupe Coop Atlantique, ainsi que quelques magasins U indépendants. « Cela représente 1000 bêtes à l’année, en moyenne », précise Jean-Noël Gémon, qui écoule les trois quarts de sa production par ce biais, comme Fabien Milliéroux, éleveur de Limousines à Royan et adhérent depuis 2020 à la démarche : « C’est mon circuit principal maintenant. C’est une fierté en plus de travailler en local », explique-t-il.

« La plus-value fait la différence »

Pour s’accorder sur les tarifs, un groupe d’éleveurs représentants les principales races du département (blondes d’Aquitaine, limousines et charolaises) se réunit avec les représentants de la distribution chaque trimestre. « Je me réfère aux cotations de prix de France Agri Mer pour toutes les classes et les tiers de classe, explique Frédéric Ollier, coordinateur des achats sur la filière boucherie de Coop Atlantique, basé à Saintes. Une fois que le prix est acté, nous rajoutons une plus-value. »

Lire aussi : Jeunes bovins : la coopérative Terrena ambitionne de créer 42 000 places d’engraissement supplémentaires en cinq ans

En 2016, la plus-value s’élevait à 1€ du kilo de carcasse, contre 50 à 60 centimes aujourd’hui. « Les cours ont fortement grimpé. Nous sommes vigilants pour ne pas être en-dessous de ce qui est convenu, mais la plus-value s’érode vite », reconnaît Frédéric Ollier. Côté éleveurs, l’écart de prix avec d’autres acheteurs s’amenuise, mais continue à faire la différence. « J’ai vendu trois bêtes par un autre circuit et l’absence de plus-value se mesure concrètement », relève Jean-Noël Gémon, qui souligne aussi que « la démarche a aidé à tirer les prix vers le haut, même pour ceux qui n’y sont pas affiliés. »

Le nombre d’éleveurs engagés ne diminue pas, preuve de l’intérêt qu’ils perçoivent dans le partenariat et la vision à long terme qu’il procure. Le système se révèle également satisfaisant du côté des enseignes : « Les volumes sont stables d’une année à l’autre, parfois en progression selon les jours fériés et la météo, déclare Frédéric Ollier. Les magasins apprécient de pouvoir se projeter sur les mois à venir. »

Se former dans les frigos d'abattoir

La contrepartie de la plus-value tient dans la qualité des animaux vendus, classés selon la grille EUROP entre E et R+. « Nous passons une formation à l’abattoir de Surgères, où tous les animaux sont abattus, décrit Jean-Noël Gémon. On emmène l’animal dont on a estimé la classe et le poids et on doit retrouver sa carcasse dans le frigo ensuite, ce n’est pas évident ! » Les éleveurs reçoivent une grille avec la position de leur vache dans le groupement, les autres éleveurs étant masqués. « Cela permet de se situer et de casser les préjugés. »

Une à deux fois par an, les éleveurs assurent une animation dans les magasins. « Ils peuvent mettre un visage sur un nom. C’est une satisfaction quand le client me dit que la viande est bonne », sourit Fabien Milliéroux, dont les vaches partent dès l’annonce en magasin.

Des problématiques à l’horizon

Si le système est toujours gagnant-gagnant, il peut être mis à mal dans les prochaines années, d’abord par la baisse de la consommation de viande bovine, freinée par les prix. Dans un marché très concurrencé, les distributeurs tentent de limiter la hausse : « En 2023, il y a eu une forte augmentation de la grille tarifaire sur les prix aux éleveurs. La concurrence n’a pas bougé donc nous n’avons pas augmenté nos prix aux consommateurs », se rappelle Frédéric Ollier, qui voit aussi un autre enjeu dans la raréfaction des bouchers en magasin.

La décapitalisation du cheptel, mesurée sur le territoire, devrait s’accélérer dans les prochaines années avec le départ à la retraite d’une génération d’éleveurs. « Dans le groupement, on compte une quinzaine de jeunes éleveurs. Le premier éleveur bovin de mon âge est à 20 kilomètres », observe Fabien Milliéroux, âgé de 33 ans. La faible densité d’élevage s’est aussi révélée être un atout dans ce département qui comporte un bassin de consommation important, un paramètre clé pour la réussite de la démarche.

Lire aussi : Commerce équitable : Max Havelaar étudie une filière vi

Rédaction Réussir

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