Effluents de volailles : comment en tirer le maximum de bénéfices pour ses cultures ?
Parmi les effluents d’élevage, les fientes et les fumiers issus des élevages de volailles présentent un réel intérêt pour la fertilisation des cultures, à condition de les incorporer au bon moment et dans les bonnes conditions.
Parmi les effluents d’élevage, les fientes et les fumiers issus des élevages de volailles présentent un réel intérêt pour la fertilisation des cultures, à condition de les incorporer au bon moment et dans les bonnes conditions.

Dans les zones de grandes cultures, il n’est pas toujours évident d’avoir accès à des effluents d’élevage. Les céréaliers qui en ont l’opportunité achètent ou récupèrent des effluents de volailles dans le cadre de partenariats avec des éleveurs. Cela peut aussi faire partie des motivations pour lancer un bâtiment d’élevage sur son exploitation. « Les effluents issus des élevages de volailles sont intéressants à inclure dans les systèmes grandes cultures pour entretenir la fertilité des sols, en bio comme en conventionnel », assure Matthieu Valé, responsable scientifique du laboratoire Auréa. Pour tirer le maximum de bénéfices de ces apports organiques, il convient de les incorporer au bon moment et dans les bonnes conditions.
Un apport d'azote sous forme d'effluents de volailles au plus près des besoins des cultures
La composition des produits provenant des élevages est très variable en fonction du type d’animaux et du traitement des effluents. Dans le cas des effluents de volailles, en particulier les fientes déshydratées, c’est surtout la richesse en azote, phosphore et potasse qui domine. Concernant l’azote, une partie non négligeable est présente sous forme ammoniacale, ce qui nécessite certaines précautions pour éviter les pertes par volatilisation lors de l’application et par lessivage par la suite. Il est recommandé de privilégier un apport au plus près des besoins en azote des cultures et d’enfouir rapidement après l’épandage, au maximum dans les 12 heures et idéalement dans les 4 à 6 heures.
Positionner judicieusement les apports dans la rotation
Du fait de leur cinétique rapide de minéralisation, les apports de fientes de volailles doivent être positionnés au mieux dans la rotation pour en tirer profit. « Ce sont les cultures de printemps, comme le maïs ou la betterave, qui vont le mieux valoriser ces apports, indique Matthieu Valé. Ce sera moins le cas des céréales implantées à l’automne. Les colzas sont dans une situation intermédiaire. » « Pour une quantité de 4 tonnes de fientes ou 6 tonnes de fumier par hectare, cela peut apporter jusqu’à une centaine d’unités d’azote, couvrir 75 % des besoins en potasse et l’intégralité des besoins en phosphore pour une betterave », illustre Fabrice Fiers, conseiller au Satege (Service d’appui technique à la gestion des épandages), à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais.
Si l’épandage est réalisé en été ou en automne avant une culture de printemps, l’implantation d’une culture intermédiaire est obligatoire en zones vulnérables. Les apports azotés devront ensuite être ajustés en fonction des reliquats en sortie d’hiver.
Ne pas hésiter à faire des analyses
Pour connaître la composition d’un effluent d’élevage, la meilleure solution reste à réaliser une analyse. « Dans le cas des produits normés, elles sont obligatoires, mais dans le cas des plans d’épandage, ce n’est pas forcément fait, même si c’est vivement conseillé », explique Fabrice Fiers. Les fumiers présentent une grande hétérogénéité de composition en fonction de la quantité de paille qu’ils comportent ; les moyennes indiquées par les instituts techniques (voir tableau) peuvent donc être assez éloignées de la composition réelle des produits. Les chiffres concernant les fientes sont plus représentatifs. Pour les produits normés, des teneurs minimales en certains éléments sont garanties.
Composition moyenne d’effluents fermiers (comparaison bovins et volailles) en kg/t de matière brute | ||||||||||
Type d’effluent | Matière séche | Matière organique | Azote total (NTK) | Azote ammoniacale (NH4) | Azote organique (N org) | Phosphore total (P2O5) | Potassium total (K2O) | Calcium total (CaO) | Magnésium total (MgO) | C/N |
Fumier de poulets de chair conventionnels | 622 | 518 | 21,9 | 3 | 18,9 | 14,7 | 19 | 17,9 | 9,1 | 12 |
Fientes de pondeuses (cages) | 848 | 628 | 39,5 | 3,2 | 36,3 | 37,8 | 25,7 | 79,6 | 8,7 | 7,9 |
Fumier de bovins sur litière accumulée | 257 | 212 | 5,9 | 0,9 | 5,1 | 2,8 | 9,5 | 6,6 | 1,6 | 18,1 |
Lisier de bovins | 91 | 78 | 3,4 | 1,3 | 2,1 | 1,5 | 3,6 | 2,4 | 1,1 | 11,4 |
Source : guide RMT élevages et environnement « valorisation agronomique des effluents d’élevages de porcs, bovins, ovins, caprins, lapins » - Ifip, Arvalis, Idèle et Itavi - 2019 |
Un effet fertilisant et bénéfique pour le sol sur le long terme
De par leur nature, les produits issus d’élevages de volailles minéralisent en quelques semaines dans le sol ; leur apport humique est donc assez faible. C’est particulièrement vrai pour les fientes déshydratées composées de 60 à 80 % de matière sèche. « Les effluents volaillers se dégradent vite et ont avant tout un effet fertilisant azoté. Ils ne permettent pas d’augmenter le taux de matière organique du sol, prévient Matthieu Valé. Même si cela peut permettre de l’entretenir. » Le spécialiste précise qu’en cas d’apports répétés pendant plusieurs années, les effluents de volailles peuvent tout de même avoir des effets bénéfiques sur la structure et stimuler la vie bactérienne et microbienne du sol. Ramené à la tonne de produit brut, le fumier de bovins va comporter autant de matière organique que des fientes de volailles, mais les quantités qu’il sera possible d’apporter sont très différentes du fait de la forte teneur en azote des fientes. « S’il est possible d’apporter 20 à 40 tonnes de fumier de bovins par hectare, on dépassera difficilement les 3 à 6 tonnes en volailles », souligne Matthieu Valé.
De plus en plus d’effluents de volailles normés
Les élevages de volailles produisent différents types d’effluents : les fientes déshydratées proviennent des élevages de poules pondeuses et les fumiers, mélangeant des résidus végétaux et des fientes, proviennent généralement des élevages de volailles de chair. Dans certains cas, les effluents de volailles sont compostés. S’ils ne sont pas normés, ils sont soumis à un plan d’épandage. « De plus en plus de producteurs passent par la normalisation pour commercialiser les fientes de volailles », constate toutefois Fabrice Fiers, conseiller au Satege (1), à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. Deux normes sont utilisées : la norme NFU 42-001 (engrais) pour les fientes et la NFU 44-051 (amendement organique) pour les fumiers. Ces produits normés peuvent être commercialisés et épandus sur n’importe quelle parcelle.