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Eau : faire le point sur sa consommation en élevage laitier

Mesurer la consommation d’eau de son élevage permet de trouver des pistes d’optimisation possibles, notamment autour du lavage.

<em class="placeholder">vannes et les sous-compteurs </em>
Les vannes et les sous-compteurs contribuent à limiter les fuites.
© Chambre d'agriculture de Bretagne

Combien consomme mon exploitation laitière en eau ? Comment cette consommation est-elle répartie ? Quelles sont les économies d’eau possibles ? Même en Bretagne, réputée pour sa pluviométrie, de fortes tensions sur la ressource en eau peuvent apparaître. En 2017 et 2022, de nombreux forages se sont retrouvés à sec entraînant des reports sur un réseau d’eau déjà en tension.

Face à cet enjeu, la chambre d’agriculture de Bretagne a développé Eval’eau, un diagnostic permettant d’estimer les consommations en eau d’un élevage laitier et d’identifier et chiffrer les leviers d’économies potentiels. Ces diagnostics ont été déployés dans 70 fermes laitières bretonnes spécialisées sur la période 2021-2024.

Mesurer sa consommation en eau

Le premier enseignement de ces diagnostics est l’estimation de la consommation : en moyenne 3 355 m3 par an pour 87 VL à 7 500 litres de lait vendu par VL. Cela représenterait une facture d’eau de 8 400 euros par an (pour un coût de l’eau du réseau de 2,5 €/m3, hors abonnement). Mais cette moyenne cache une forte variabilité (de 930 à 7 500 m3/an) du fait principalement des effectifs animaux et de leur niveau de productivité qui influent sur l’abreuvement.

Le second enseignement est la répartition de la consommation d’eau : 83 % est dédiée à l’abreuvement et 17 % au lavage des installations de traite. Dans un souci de bien-être animal et de maintien de la production, aucune économie n’est envisageable sur l’abreuvement. C’est donc autour du lavage qu’il faut agir.

Comment puis-je faire des économies sur le lavage ?

Avant de démarrer la traite, un simple mouillage des quais permettra d’économiser de l’eau et du temps sur le lavage de la salle de traite. À la fin de la traite, privilégier le raclage manuel des bouses dans le parc d’attente et les quais de la salle de traite, ou les abords du robot. D’un point de vue matériel, préférer le jet haute pression ou le surpresseur, qui offrent un bon rapport débit/pression. Selon l’Institut de l’élevage, ces pratiques permettraient une économie de 37 % sur les eaux de lavage.

Pour les élevages en salle de traite, le recyclage des eaux blanches offre une piste supplémentaire d’économie. Pour les fermes étudiées, quand ce n’est pas déjà fait, le recyclage des eaux blanches de la salle de traite, la mise en place de pratiques ou de matériels économes, représentent une économie potentielle moyenne de 171 m3/an. En plus de diminuer la facture d’eau, cela permet de réduire les coûts d’épandage et les besoins en stockage.

Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau, la maîtrise des consommations et la recherche d’alternatives sur l’exploitation sont essentielles pour s’adapter et participer à la gestion collective de l’eau.

Chasser les fuites d’eau

Les fuites d'eau pouvant représenter jusqu’à 11 % de la consommation totale, la pose de vannes et de sous-compteurs associés permet une analyse plus fine de sa consommation et une meilleure réactivité en cas de fuite. Comptez environ 150 euros (hors pose) pour l’achat d’un sous-compteur.

Un autre levier pour limiter les reports sur le réseau d’eau publique lors d’assec est la récupération des eaux pluviales grâce aux toitures de l’exploitation. Néanmoins, la faisabilité technique et économique de cette pratique n’est pas garantie dans toutes les exploitations. Une vigilance est également à avoir sur le sanitaire : le lavage du lactoduc et du matériel en contact avec le lait doit être effectué avec de l’eau potable.

Avis d’expert : Pierrick Eouzan, chargé d’études bâtiment à la chambre d’agriculture de Bretagne

« Bien penser la récupération des eaux pluviales »

<em class="placeholder">Pierrick Eouzan, chargé d’études bâtiment à la Chambre d’agriculture de Bretagne</em>
Pierrick Eouzan, chargé d’études bâtiment à la chambre d’agriculture de Bretagne. © Chambre d'agriculture de Bretagne
« La première étape pour se lancer dans la récupération des eaux pluviales est de déterminer la surface de toiture potentiellement récupérable et sans amiante-ciment. En multipliant cette surface par la pluviométrie annuelle du secteur, vous obtiendrez le potentiel de récupération sur votre exploitation. Cette estimation est à comparer avec votre besoin en eau qui peut être calculé grâce au diagnostic Eval’eau.

Si le volume collecté représente 10 à 15 % de votre consommation annuelle, privilégiez cette eau pour le nettoyage des sols et murs de l’installation de traite. Si le volume collecté est supérieur, il peut aussi servir à l’abreuvement, à condition de traiter l’eau en amont.

De 7 000 € pour une poche souple à 21 000 € pour une cuve en béton

Le dimensionnement de la cuve de stockage dépend du nombre de mois d’autonomie en eau souhaité. Pour le choix de la cuve, évitez celles transparentes et privilégiez les cuves enterrées pour la qualité bactériologique car elles limitent le réchauffement de l’eau. Quelques aspects techniques sont également à prendre en compte : le niveau de pente pour collecter les eaux de pluie (1 % minimum), les contraintes d’accès à la cuve (réseaux enterrés existants, enrobé, etc.) et le type et dimensionnement des tuyaux (privilégier le PVC CR8). Enfin, prévoyez un traitement de l’eau, avec a minima un filtre à particules, et des analyses d’eau régulières.

Côté chiffrage, pour 1 000 m3 récupérés par an, comptez 7 000 € pour une poche souple ou 21 000 € pour une cuve en béton, 3 000 € de pompe et 5 000 € de réseau PVC, soit un total de 15 000 € à 30 000 € (hors traitement). Sur un amortissement de dix ans à 3 %, cela représente un coût de l’eau entre 1,8 € et 3,6 €/m3. »

Optimiser l’abreuvement du troupeau laitier

<em class="placeholder">vache laitière devant un abreuvoir en bâtiment</em>
Au bâtiment, compter 6 cm linéaire d’abreuvoir en hiver par vache et jusqu’à 12 cm en été. © Chambre d'agriculture de Bretagne
La consommation d’eau d’une vache varie de 40 à 150 litres par jour selon la température, la productivité et la ration. Au bâtiment, compter 6 cm linéaire d’abreuvoir en hiver par vache et jusqu’à 12 cm en été. Afin de limiter la concurrence, disposer les abreuvoirs dans plusieurs zones du bâtiment et garder un espace latéral de 3,5 m pour la circulation des vaches. La sortie de traite est un endroit stratégique, les vaches y consommant 30 % de leurs besoins en eau quotidiens. Une vache pouvant ingérer 10 à 15 litres par abreuvement, viser un débit d’eau de 20 l/min pour assurer une disponibilité constante en eau.

Au pâturage, les vaches doivent avoir accès à un point d’eau tous les 200 m. Si ce n’est pas le cas, s’assurer que le débit d’eau permet à la moitié du troupeau de boire en dix minutes. Pour les génisses et taries, le mieux est de disposer deux abreuvoirs par case pour limiter la concurrence. Les veaux doivent disposer d’eau en permanence dès leur naissance. Enfin, pour maximiser l’abreuvement, l’eau doit être de bonne qualité : propreté des bacs, qualité bactériologique…

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