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Eau : comment améliorer la capacité des sols à l’infiltrer et la stocker

Une étude a montré les atouts des systèmes en agriculture de conservation des sols (ACS) dans la dynamique de l’eau dans le sol, en particulier sur la vitesse d’infiltration. Résultats chiffrés et témoignages pratiques.

lombric dans un prélèvement de sol à la bêche sur parcelle menée en non labour et en agriculture biologique dans l'Yonne en hiver
Les galeries produites par les lombrics améliorent la capacité d'infiltration de l'eau des sols.
© C. Gloria

Avec le changement climatique les épisodes d’excès ou de déficits forts en eau vont se multiplier. Comment faire en sorte qu’un sol tamponne ces effets en mettant en réserve un maximum d’eau pour l’alimentation des cultures ? Le bassin de l’Adour-Garonne a fait l’objet d’une étude via le projet Bag’Ages (1) pour mesurer l’impact de pratiques agroécologiques sur la dynamique de l’eau dans le sol. L’étude a porté notamment sur les effets de l’agriculture de conservation des sols (ACS).

« Nous avons notamment comparé des parcelles gérées en ACS depuis un temps long à des parcelles voisines en labour, présente Julien Boyer, ingénieur R & D Eau et gestion quantitative chez Arvalis. Nous avons mesuré que les systèmes en ACS présentaient une réserve utile (RU) plus importante qu’en labour, avec une différence comprise entre 5 et 10 mm. Cette différence se voit essentiellement sur l’horizon supérieur du sol, entre 0 et 25 cm de profondeur. C’est surtout dû à la concentration de matière organique que l’on y retrouve, générée par l’incorporation de couverts végétaux d’interculture. » Cette différence de RU en faveur des parcelles en ACS est modeste, puisqu’elle représente à peine une journée de consommation d’eau d’une culture en été.

Une infiltration de l’eau multipliée par deux à quatre en ACS

D’autres éléments que la RU sont à prendre en considération dans la dynamique de l’eau dans le sol, notamment sur les mouvements et les flux. « L’ACS présente des résultats plus spectaculaires sur l’infiltration de l’eau en multipliant par deux ou trois cette capacité. Ce n’est pas neutre quand il y a une forte pluviométrie ou des excès d’eau sur un temps donné, souligne Julien Boyer. Une meilleure infiltration permet par exemple d’accéder aux parcelles plus tôt pour préparer la terre dans de meilleures conditions. »

Les conductivités hydrauliques à saturation (Ks) ont montré des mesures 2,5 fois supérieures en moyenne en ACS (157 mm/h) qu’en labour (63 mm/h) sur les parcelles étudiées. Sur les terres les plus limoneuses du suivi, la différence est encore plus importante, jusqu’à quatre fois supérieure. « En s’intéressant à la Ks au cours d’un cycle cultural, on observe en labour une valeur maximale après le travail du sol. Mais la Ks s’effondre ensuite en fin de cycle alors qu’en ACS, elle reste relativement stable, » informe l’expert d’Arvalis

Créer des chemins préférentiels d’écoulement de l’eau en cas d’anoxie

Ingénieur conseil chez Agro d’Oc, Sylvain Hypolite confirme les bons résultats de l’ACS. « Sur des épisodes d’abats d’eau, le projet Bag’Ages a bien montré que les parcelles en ACS se comportent très bien en réduisant drastiquement l’érosion, avec une meilleure circulation verticale de l’eau en début de période humide. » Mais le spécialiste se veut plus nuancé en cas de longue période d’humidité. « On peut avoir alors des problèmes de manque d’oxygène (anoxie) pour les plantes, a priori à cause d’un défaut de circulation horizontale de l’eau. Dans ce cas, une fissuration localisée peut être bénéfique en créant des chemins d’écoulement préférentiel de l’eau. Nous étudions l’effet du passage d’un outil pour régler ce type d’excès d’eau, sans perturber l’horizon de surface du sol en utilisant un fissurateur par exemple. »

L’ACS présente des atouts pour gérer les excès d’eau sans être une assurance tous risques. « Avec des couverts maintenus tardivement au printemps, elle peut provoquer une consommation trop importante d’eau au printemps et générer un stress hydrique sur la culture qui suit comme le maïs, remarque Sylvain Hypolite. Cela implique de se tenir prêt à anticiper l’irrigation en système ACS ou, pour les cultures en sec, de détruire le couvert suffisamment tôt (mars) pour ne pas le laisser vider la réserve utile du sol au printemps. » En fin de cycle en ACS, le spécialiste remarque en revanche une meilleure exploration du sol par les cultures de printemps. L’amélioration de la RU en est peut-être une raison.

(1) Bassin Adour-Garonne, quelles performances des pratiques agroécologiques ?

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