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Cultures de poivron : limiter les pertes dues au blossom end rot

La mise en œuvre de différents leviers, notamment la réduction de conductivité de la solution fertilisante, peut permettre de limiter les pertes dues au blossom end rot.

Invenio étudie l’intérêt de baisser les conductivités d’apport d’une culture de poivron hors-sol  en vue de limiter les pertes dues au Blossom. © Invenio
Invenio étudie l’intérêt de baisser les conductivités d’apport d’une culture de poivron hors-sol en vue de limiter les pertes dues au Blossom.
© Invenio

Face aux problèmes récurrents de fatigues de sol dus à différents pathogènes Colletotrichum coccodes et Macrophomina phaseolina en particulier (voir les travaux de Jonathan Gaudin, INRAE de Bordeaux), les producteurs de poivron se posent de plus en plus la question de basculer vers des cultures hors-sol. Mais les quelques essais déjà conduits ont montré qu’elles sont assez sensibles aux problèmes de Blossom end rot.

A lire aussi : « Des pistes contre les champignons telluriques en culture de poivron »

Le blossom end rot, BER ou nécrose apicale, ou cul noir sur fruit, touche l’aubergine, la tomate, mais également le poivron qui est l’espèce la plus sensible. « Il se caractérise par une nécrose sèche qui apparaît sur la base inférieure du fruit, à tout stade de développement, due à un défaut de nutrition calcique du fruit », explique Henri Clerc, Invenio. Très souvent, une défaillance au niveau de l’alimentation hydrique de la plante et donc du fruit est en cause. En effet, le poivron reste une espèce dont l’enracinement est connu pour sa fragilité et sa sensibilité aux excès de salinité.

L’intérêt de baisser les conductivités

Différents problèmes de culture peuvent en être la cause : un défaut de conduite de l’irrigation, un enracinement déficient ne permettant pas une alimentation correcte des plantes, un déséquilibre de la solution d’apport, des antagonismes dans l’absorption de certains éléments, des problèmes de conduite du climat avec une demande climatique trop forte… Il a été noté aussi des sensibilités variétales.

Ceci peut être dû à des erreurs d’irrigation, de mauvais enracinements ou des conditions climatiques défavorables. Il peut aussi être favorisé par un problème de fertilisation déséquilibrée en calcium, ou par des antagonismes d’absorption, par des déséquilibres végétation - charge en fruit par rapport au système racinaire. En 2020, Invenio a conduit un essai sur une culture de poivron hors-sol en plantation semi-précoce antigel afin d’étudier l’intérêt de baisser les conductivités d’apport (variété Mavera d’Enza Zaden) en vue de limiter les pertes dues au blossom.

A lire aussi : Poivron, aubergine, courgette : les pistes pour limiter les maladies du sol

En effet, sur cette espèce exigeante en apports azotés, les équilibres d’apports issus du nord Europe peuvent être adaptés dans le sud-ouest de la France compte tenu des volumes de solution apportés quotidiennement. « L’essai a été mis en place pour vérifier qu’une baisse de 20 % des Ec d’apport permet de limiter les risques de montée d’Ec dans les pains et donc de brûlures de racines qui augmentent les problèmes de blossom », mentionne le spécialiste.

Ainsi, deux conduites de fertilisation ont été comparées en baissant les conductivités dans les pains en vue de limiter les risques de blossom en période de fortes demandes climatiques : une conductivité normale et une conductivité réduite (objectif de -0.2 à -0.3mS/cm) à partir de début mai, 15 jours avant le début récolte.

Sans effet négatif sur le rendement

Les premiers résultats avec une Ec réduite par rapport au témoin pendant la période de production, montrent que cette stratégie permet de maintenir le rendement final correct et proche de l’objectif de 20 kg/m². Elle permet aussi de limiter les pertes liées à la problématique du BER. « Notre réduction des Ec d’apports de 15 % environ quelques jours avant le démarrage de la récolte et sur toute la durée de la culture permet bien de réduire les concentrations en sel dans les pains de culture, sans effet négatif sur les résultats agronomiques de la culture, mais sans possibilité de vérifier son impact sur le blossom car le pourcentage reste très faible dans les deux modalités », résume et conclut Henri Clerc. Ces travaux seront poursuivis pour valider ces résultats et étudier les effets de différentes concentrations en NH4 sur l’apparition de ce phénomène.

4 leviers pour limiter le blossom

Invenio a testé quatre leviers pour limiter les problèmes de rendement et de blossom :

1 Favoriser un bon enracinement en début de culture en ne plantant pas dans des sols ou des substrats froids

2 Enlever la première fleur, voire la première couronne de fruits

3 Gérer l’équilibre des éléments des solutions nutritives

4 Etre attentif à l’hygrométrie de l’abri

A retenir à la fin de l’essai

- Le bon respect du protocole et une baisse des Ec d’apport de 15 % permettent une baisse des Ec dans les pains qui était recherchée
- Une baisse des teneurs en éléments minéraux en général entre autres du NO3 dans les drainages avec la fertilisation réduite
- Pas d’effet sur les hauteurs de plante

- Pas de perte de rendement commercialisable, ni de poids moyen
- Une très légère baisse du taux de déchet non significative (8 % en Ec réduite au lieu de 10 % au témoin)
- Un taux très faible de blossom end rot dans les deux modalités (moins de 2 %) dû en partie à l’effet variétal
- La baisse de coût du poste fertilisation est de 3 400 €/ha sur la période de réduction de l’Ec de début mai au 20 octobre
- La baisse des Ec de drainage et donc une limitation de la pollution induite

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