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Coproduits : « Okara, coques de soja, betterave rouge et salade au menu de nos vaches à 12 000 kilos de lait »

Le Gaec fontaine Lintry, dans le Loiret, a remplacé le tourteau de colza non OGM par des coproduits de soja. Il utilise aussi deux coproduits de légumes. Plus de lait et de taux butyreux, pour un coût souvent inférieur, motivent les éleveurs à continuer.

« Nous utilisons des coproduits issus d’usines agroalimentaires de notre secteur, à 5 à 12 km de la ferme, depuis longtemps », plante Alexandre Berruet, un des associés du Gaec fontaine Lintry, dans le Loiret. L’élevage compte 130 vaches prim’Holstein à 12 000 kilos par vache et par an. Elles sortent de février à décembre, en filière C’est qui le patron (non OGM, au moins 4 mois de pâturage). « Notre objectif est de réaliser la ration la moins chère possible qui nous permet de produire le plus de lait possible : une ration efficace en somme. » Et de fait, le coût total de la ration (fourrages, coproduits et concentrés) atteint 130 euros pour 1 000 litres en moyenne sur l’année.

Trois formes d’énergie

Dans leur système, les éleveurs cherchent « une complémentation avant tout très riche en énergie. Les coproduits amènent d’autres formes d’énergie que l’amidon du maïs : le sucre avec les résidus de betteraves rouges et la matière grasse avec l’okara de soja. Nous estimons que c’est cette complémentarité qui nous a fait gagner deux kilos de lait en plus par vache et par jour. »

La betterave rouge, issue des usines qui pèlent et cuisent les betteraves destinées à l’alimentation humaine, est incorporée depuis douze ans dans la ration des laitières. « Comme la pulpe et la betterave fourragère, elle est riche en sucre et remplace une partie de l’ensilage de maïs. Elle permet de gagner 1 à 1,5 point de taux butyreux », précise Alexandre Berruet. Son prix est de 53 euros par tonne de matière sèche livrée.

La salade aussi agrémente les rations depuis longtemps. « C’est le coproduit le plus riche en eau (5 % de matière sèche). Son intérêt est qu’elle est très appétente. L’usine Les crudettes nous l’amène gratuitement deux à trois fois par semaine. »

De l’okara et des coques de soja

L’incorporation de deux coproduits du soja est plus récente. « Cela fait deux ans que nous en achetons à la place d’un tourteau de colza non OGM. » L’okara et la coque sont des coproduits de la transformation du soja en jus de soja, fabriqué à l’usine Innové du groupe LSDH (Laiterie Saint Denis de l’Hôtel). Comme l’okara est humide (18 % MS), il ne se conserve pas longtemps. Il est donc livré par l’usine deux fois par semaine. La coque de soja (enveloppe de la graine) est un produit sec (90 % MS). « C’est nous qui allons le chercher. »

Ces deux coproduits intéressent le Gaec car ils sont plus riches en énergie qu’un tourteau de colza : 1,1 UFL pour l’okara et 1,08 UFL pour la coque, d’après des analyses réalisées par les éleveurs. L’okara est plus riche en MAT (25,5 %) que la coque (12,9 %). « Comme nous cherchons avant tout l’énergie à travers les coproduits, nous utilisons aussi bien de l’okara que des coques. »

« Ramené à la tonne de matière sèche, l’okara nous coûte 316 euros par tonne et son prix n’a pas changé en deux ans. Selon le prix du tourteau de colza, c’est plus ou moins intéressant. En ce moment, avec un tourteau de colza à 300 euros par tonne, l’intérêt est limité. Il ne faudrait pas que le prix de l’okara soit beaucoup plus élevé que le colza à l’avenir. »

Attention à l’ingestion avec des coproduits humides

Les éleveurs ont testé jusqu’à quelle quantité d’okara ils pouvaient monter. « 2,5 ou 2,6 kilos de matière sèche par vache et par jour, c’est le maximum pour notre élevage, car c’est un aliment assez gras (12 % MG). Notre ration est déjà très humide, donc intégrer davantage de coproduit humide ferait baisser l’ingestion. »

Comme l’exploitation est proche des usines, les livraisons sont régulières. « Nous n’avons pas besoin de grosses capacités de stockage. Nous réalisons le mélange des fourrages et coproduits chaque jour. » La gestion des coproduits humides reste délicate. Le Gaec les stocke dans un silo couloir à l’air libre, non bâché. « L’okara doit être consommé dans la semaine. La betterave tient bien mais attire les pucerons. La salade, très humide, peut pourrir facilement en été. Les parties dégradées sont jetées dans le fumier : nous ne prenons pas de risque. Les coproduits humides sont plus difficiles à gérer que des produits secs : ils salissent le silo, il faut avancer régulièrement le front d’attaque. » Par contre, c’est plus simple pour la coque, qui est stockée dans un silo couvert.

Fiche élevage

130 vaches traites

12 000 kg de lait par vache et par an à 40 de TB et 32,4 de TP

300 ha dont 110 ha de prairies et 45 ha de maïs fourrage

37 % de coproduits dans la ration de base en hiver

graphique ration de base hiver vaches laitières coproduits Gaec fontaine Lintry
GRAPHIQUE : Au Gaec fontaine Lintry, 37 % de coproduits dans la ration de base des vaches en hiver - Ration hivernale des vaches en kilos de matière sèche par vache et par jour © Source : Gaec fontaine Lintry

Du concentré est distribué au robot de traite : une VL 4 litres non OGM et du maïs grain. Les quantités sont fonction de la production des vaches.

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