Aller au contenu principal

Contestations agricoles : « Nous sommes prêts à repartir au combat » explique cet éleveur de volailles

Producteur de poulets lourds en Côtes-d’Armor, David Labbé a largement participé aux mouvements agricoles. L’éleveur syndiqué reste motivé pour faire à nouveau entendre les revendications des éleveurs.

David Labbé en action fin janvier sur un barrage filtrant de la RN 12 dans les Côtes d'Armor
David Labbé en action fin janvier sur un barrage filtrant de la RN 12 dans les Côtes d'Armor
© D. Labbé

Quelle a été l’ampleur du mouvement de mise sous pression en Bretagne ?

David Labbé - « Nous avons commencé nos actions mi-novembre, à partir du démarrage des négociations commerciales sur les prix. 
 
 
Avec des actions et des cibles diverses : magasins de GMS, grossistes, filtrages de camions sur la quatre voies (RN12), manifestations (préfectures, centres d’impôts…), rencontres d’élus, d’administrations (préfet, DDPP…) et des médias. Et pour finir, à Guingamp une manifestation géante comme je n’en avais jamais vu. Avec l’opinion qui nous soutenait et a constaté le déferlement de viande étrangère et les pratiques scandaleuses, ici en Bretagne. Tout ça pour dire maintes et maintes fois la même chose. On marche sur la tête : on en a marre de la pression administrative et de la concurrence déloyale. On veut moins de charges et moins de normes pour avoir plus de revenus pour vivre. »

Les aviculteurs ont-ils suivi les manifestations ?

David Labbé – « Ce mouvement concerne tous les producteurs. Même s’ils sont moins nombreux que les laitiers, les aviculteurs sont solidaires avec leurs collègues et ressentent le malaise agricole, d’autant que celui-ci est peut-être plus puissant chez eux. J’ai croisé des non-syndiqués qui sont venus vider leur sac et leur colère. »

Êtes-vous satisfait des résultats obtenus ?

David Labbé – « On ne peut pas être satisfait à 100 % et surtout il faut traduire en chiffres ce qui est annoncé. Par exemple, sur quelles années de référence sera calculée la clause de sauvegarde vis-à-vis de l’Ukraine ? Pause des négociations sur le Mercosur ou abandon du processus ? Les éleveurs ont l’impression que leurs attentes sont moins prises en compte que celles des céréaliers, car ce sont eux qui ont le plus à perdre avec le libre-échangisme. On attend aussi que la France cesse de surréglementer : pour couper ou planter un arbre, à quoi ça rime de remplir une demande qui va traîner en longueur. Sans réponses satisfaisantes, les agriculteurs sont capables de repartir rapidement manifester leur ras-le-bol. »

Pourquoi la question du revenu n’a pas été frontalement mise en avant ?

David Labbé – « Effectivement, elle ne l’a pas été collectivement parce que les agriculteurs ont globalement bénéficié d’une légère bouffée d’oxygène. Ce n’est pas le cas en volaille. Le poulet lourd trinque le plus, car il est sous la pression concurrentielle d’un commerce mondialisé. Il faudrait parler de la rémunération et de la rotation. J’estime qu’en deux ans les contrats ont été revalorisés d’environ 3 % en poulet lourd (beaucoup moins que les +37 % en GMS), alors que nos charges ont fortement augmenté.

 

David Labbé a été technicien avicole pendant dix ans avant de s’installer en 2009 sur la ferme familiale avec 30 hectares de céréales et 2 700 m² de poulaillers dans ...
David Labbé a été technicien avicole pendant dix ans avant de s’installer en 2009 sur la ferme familiale avec 30 hectares de céréales et 2 700 m² de poulaillers dans lesquels il élève des poulets lourds. Il est aussi président des sections avicoles FSEA22 et FRSEA Bretagne, ainsi que du comité régional avicole (Cravi). © A. Puybasset
Pour tirer un salaire, il faut au moins six lots. Les éleveurs à deux semaines de vide sanitaire ne se rendent pas compte de la concurrence de l’importation. Mais est-il normal d’avoir jusqu’à huit semaines de vide parce qu’on n’a pas de fenêtres dans le bâtiment ? Le résultat c’est que les enfants de ceux qu’on pénalise n’auront aucune envie de prendre la suite de leurs parents dans dix ans. La filière décapitalise son potentiel de renouvellement et scie la branche sur laquelle elle est assise. Il y a de l’argent dans la filière et il faut un juste partage pour que l’on soit tous là demain. »

Quelle suite allez-vous donner à ces mouvements ?

David Labbé – « Tout dépendra des réactions des acteurs de la distribution et de l’agroalimentaire. Vont-ils changer leurs pratiques ou revenir à la situation antérieure ? Les décideurs politiques iront-ils au bout de leurs engagements, en France (loi Egalim, normes) et en Europe (Ukraine, Mercosur) ? Les éleveurs en ont vraiment marre et ne se contenteront pas de promesses. Je suis étonné d’entendre de jeunes aviculteurs me dire que si ça continue, ils arrêteront la volaille et mettront des panneaux photovoltaïques sur leurs bâtiments. Il faudrait que nos industriels l’entendent et réagissent. »
 

Les plus lus

<em class="placeholder">poulailler Terre Neuve Groupe Michel Marcillé-Robert Ille-et-Vilaine</em>
« Je vise un solde annuel de 25 000 euros avec mon poulailler neuf »
Fabien Delonglée, éleveur à Marcillé-Robert en Ille-et-Vilaine a inauguré son nouveau poulailler, un modèle Terre-…
<em class="placeholder">L&#039;automoteur Extramate permet de racler un couloir d&#039;environ 2 mètres de large et 63 mètres de long en moins d&#039;une heure.</em>
« Mes volières de poules pondeuses sont raclées sans bruit et sans effort »
Dans le Morbihan, Sébastien Robic racle les couloirs de ses volières à l’aide d’un chariot électrique articulé, sans déranger ses…
<em class="placeholder">Sylvain Plumelet, éleveur à Plémet (22), avec Guillaume Gannat, chargé de développement LDC (à gauche) et Guénaël Le Sourd, directeur d’Huttepain Bretagne </em>
« Un poulailler refait à neuf pour me lancer dans l’aviculture »

Lors d’une recherche de prairies pour ses chevaux, le hasard a mis un poulailler sur la route de Sylvain Plumelet. L’éleveur l…

<em class="placeholder">L’ancienne usine de nutrition animale UCAB à Crest dans la Drôme va poursuivre sa modernisation en passant au 1er juillet 2025 sous gestion d’une nouvelle société ...</em>
Aliment volailles : une alliance dans le Sud-Est qui conforte l’ancrage territorial de Sanders

L’ancienne usine de nutrition animale UCAB à Crest dans la Drôme va poursuivre sa modernisation en passant au 1er juillet 2025…

<em class="placeholder">Hugues de Froment, installé sur la ferme familiale, a testé deux bandes de poulets de chair dans son bâtiment pour palmipèdes devenu polyvalent.</em>
« Mon bâtiment de canards prêts à engraisser produit aussi du poulet »

Dans le cadre de la démarche La Ferme, portée par la coopérative Terres du Sud, l’éleveur Hugues de Froment, situé en Dordogne…

<em class="placeholder">5. Les traces fluorescentes indiquent que de la poudre ou de la crème fluorescente persistent sur les mains (souvent au niveau des ongles, des plis de la main…) ou la ...</em>
[VIDEO] Biosécurité en volailles : un test fluo pour sensibiliser au risque de contamination lors du passage du sas

Elanco propose une animation avec des produits fluorescents pour sensibiliser les éleveurs et les intervenants au risque de…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)