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Conditions de travail en maraîchage : des outils efficaces pour réduire la pénibilité mais coûteux

Les travaux de la station expérimentale d’Auray montrent que les outils proposés par les fabricants peuvent vraiment réduire la pénibilité du travail en maraîchage.

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Neuf outils ont été évalués sur la station d’Auray pour les opérations jugées les plus pénibles.
© V. Bargain

« En maraîchage, de nombreuses opérations culturales sont réalisées manuellement et peuvent être très pénibles du fait des postures qu’elles impliquent, de leur répétitivité ou du port de charges qu’elles entraînent, rappelle Maët Le Lan, responsable de la station d’expérimentation d’Auray, dans le Morbihan, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Un maraîcher sur trois souffre de troubles musculosquelettiques, ceux-ci représentant 90 % des maladies professionnelles en maraîchage. » Depuis dix ans, des travaux sont donc réalisés à la station d’Auray sur la pénibilité du travail en maraîchage. Un projet, Assistant, associant la station et plusieurs partenaires (Planète Légumes, TMS Studio, MSA des Portes de Bretagne, CAAA) est notamment mené de 2023 à 2026 pour évaluer l’intérêt des assistants et robots pour améliorer les conditions de travail et réduire la pénibilité.

Déterminer les opérations les plus pénibles

Le projet a notamment permis de construire une grille d’évaluation de la pénibilité du travail. « Les postures de cinq opérations culturales ont été analysées, entre autres grâce à une solution de captation numérique des mouvements avec une combinaison connectée », explique Malo Eveno, stagiaire sur la station d’Auray. Les expérimentateurs ont ensuite déterminé ce qui est acceptable, moyen ou très pénible en termes de gestes et postures (dos, cervicales, épaules, poignets, genoux), de répétitivité des gestes, de charge portée, d’effort de traction, d’environnement de travail (température, UV, bruit) et de charge mentale. L’évaluation a montré que les cinq opérations culturales choisies et étudiées dans ce projet étaient bien pénibles pour la plupart des salariés : la plantation des oignons, le désherbage des oignons et des carottes, l’arrachage des oignons et la récolte des haricots verts et des courgettes. Les expérimentateurs ont ensuite évalué l’intérêt de neuf outils proposés par des fabricants pour réduire la pénibilité de ces opérations : l’exosquelette Exoviti (RB3D), le lit de désherbage Ergo (Coserwa), le lit de désherbage CAT 8.1 (Elatec), le robot Oz (Naïo Technologies), la motobineuse électrique Mobelec (Elatec), le lit de désherbage Glider (Terrateck), la plate-forme automotrice PAM (Elatec) et les assistants Toutilo (Touti’terre) et Romanesco (Romanesco).

 

Se poser les bonnes questions avant d’investir

« Les conclusions sont que ces outils réduisent la pénibilité du travail, rapporte Maët Le Lan. Tous améliorent certaines postures, pour certaines opérations, notamment au niveau des épaules, du dos et des genoux, articulations très concernées par les troubles musculosquelettiques. Certains outils sont très polyvalents et réduisent la pénibilité pour plusieurs opérations. Ils sont toutefois assez coûteux. D’autres ne sont adaptés qu’à un type d’opération, comme la récolte par exemple. Le coût des outils semble d’ailleurs corrélé à leur polyvalence ! » L’évaluation de la charge mentale liée à l’utilisation d’un assistant ou robot (facilité de prise en main, gestion de la télécommande, stress lié à la nécessité d’aller vite…) n’a toutefois pas encore pu être réalisée, les outils méthodologiques manquant pour ce type d’évaluation. « De plus, ce qui est bon pour un producteur ne l’est pas forcément pour un autre et il faut se poser les bonnes questions avant de choisir un outil », insiste Maët Le Lan. Un point important avant d’investir est d’identifier l’opération culturale que l’on juge la plus pénible, ce qui peut orienter vers un outil précis ou un outil polyvalent. Un point essentiel est aussi le budget disponible, qui peut varier de 1 300 euros pour un exosquelette jusqu’à 50 000 euros pour un assistant bien équipé. Autres aspects à examiner : le parcellaire (est-il groupé, est-il facile d’amener l’outil sur une fourche, est-ce que l’outil roule vite…), tout ce qui est lié aux utilisateurs (leur gabarit, leurs antécédents de santé) et ce que l’on recherche en termes d’options (abri pour le soleil, le vent, la pluie, panneaux photovoltaïques…).

Lire aussi : Maraîchage dans le Morbihan : « Nous avons acheté un porteur électrique pour faciliter le désherbage »

Prendre en compte le coût de la pénibilité

Le budget disponible pour ces investissements reste toutefois problématique. « Une étude en Bretagne a montré que la moitié des exploitations de maraîchage diversifiées ont moins de 15 000 euros de matériel sur l’exploitation, indique Maët Le Lan. Investir 50 000 euros dans un assistant peut donc être inenvisageable. » D’autres pistes que le matériel peuvent réduire la pénibilité du travail, comme de tenir compte de la sensibilité des uns et des autres à telle opération culturale, de varier les activités en les échelonnant… « La meilleure des postures est celle qui change tout le temps », souligne Maët Le Lan. Une autre piste pour l’avenir sera d’évaluer le coût de la pénibilité du travail. « Ces outils sont une charge et ne font pas systématiquement gagner du temps, constate Maët Le Lan. Mais la pénibilité, les arrêts de travail… ont également un coût. Ces outils peuvent permettre de finir la journée sans être trop fatigué ni découragé, ce qui peut faciliter la vie des maraîchers et le recrutement de salariés. Réduire la pénibilité du travail est un enjeu de durabilité de la filière. »

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