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À Pélussin dans La Loire
Vendre au moment des fêtes

Au Gaec de la Cabriole, on économise du temps et de l’argent en vendant ses fromages et son lait pendant les mois d’hiver.

La chèvrerie du Gaec de la Cabriole, à Pélussin dans la Loire, s’est équipée d’une mangeoire mécanisée et d’un distributeur d’aliments. Ce tapis permet un gain de temps énorme pour Claude Boucher en Gaec avec son frère jumeau et sa belle-sœur. En effet, fini la corvée de distribution,"le tapis fait le boulot". Il est alimenté avec une griffe à foin directement en relation avec le bâtiment de séchage en grange. Il permet aussi de gagner de la place dans la chèvrerie car il n’y a plus d’espace pour le passage des tracteurs. Les 260 chèvres sont donc logées dans une chèvrerie de 55 mètres de long et de 17 mètres de large. Afin d’optimiser l’utilisation de ce tapis, les éleveurs ont pour projet d’acheter un aplatisseur mélangeur.

Le gain de temps a toujours été un objectif pour Claude, André et son épouse Marie-Blandine depuis leur installation en Gaec en 1990. Sur l’exploitation, les trois métiers sont bien répartis : Claude Boucher gère la chèvrerie et la production avec un salarié, son frère André avec sa femme et deux salariés gèrent la fromagerie et les deux frères commercialisent les fromages. Cette répartition du travail permet à chacun de se dégager du temps, les deux frères prennent en effet à cœur "de pouvoir partir en vacances et de se dégager des week-ends". Leur objectif est donc d’avoir une production assez importante et de bons résultats économiques pour avoir des salariés et ainsi déléguer. Entre 1990 et 2016, le troupeau est passé de 160 à 260 chèvres. Ce troupeau produit près de 207 000 litres de lait par an, soit une productivité de 880 litres de lait par an et par chèvre (effectif moyen de 235 chèvres à la traite). De bons résultats expliqués, selon Claude Boucher, par "un travail de sélection génétique des animaux". Elles ont en effet été "sélectionnées pour avoir de bons rendements en matières utiles". Le Gaec est adhérent au contrôle laitier et à Capgenes. Les chèvres sont traites matin et soir de septembre à fin décembre et en monotraite de janvier jusqu’au tarissement.

Valoriser le lait grâce au fromage AOP

Sur l’exploitation, on compte 5,6 unités de main-d’œuvre (3 associés et 2,5 salariés). Les résultats économiques sont plus que satisfaisants puisqu’ils permettent de dégager l’équivalent de 2,53 smic par unité de main-d’œuvre en 2015 (2,21 en 2014). Pour Claude, les bons résultats économiques de l’exploitation s’expliquent en grande partie par une bonne valorisation du lait des 185 000 litres transformés sur place. De plus, les éleveurs peuvent s’appuyer sur l’AOP rigotte de Condrieu. Pour l’éleveur, produire en AOP "permet une meilleure valorisation du lait et c’est un choix rassurant pour les consommateurs".

60 % de ce lait transformé est vendu directement au consommateur (20 % en magasin d’exploitation et 40 % via les marchés). L’autre parti est vendu via un intermédiaire. Pour mettre en place de nouveaux circuits de commercialisation, les éleveurs se sont notamment appuyés sur leur proximité avec Lyon. Ils livrent en effet des fromages à des fromagers lyonnais. Ce circuit leur a permis d’augmenter leurs revenus et d’écouler leur production, "le pouvoir d’achat sur la région lyonnaise est plus élevé que sur la région stéphanoise ce qui a orienté notre circuit de commercialisation".

Désaisonner sans hormones

Une partie de troupeau est en lactation longue et les mises bas de septembre permettent la production de lait quand les ventes sont importantes au moment des fêtes de fin d’année.

Les éleveurs vendent aussi 25 000 litres de lait à la fromagerie du Pilat, située à proximité de l’élevage, en novembre, décembre et janvier quand le lait est vendu plus cher (820 euros pour 1 000 litres de lait). Pour Claude Boucher, il est "intéressant économiquement de désaisonner une partie du troupeau afin de répondre à cette demande ". Claude Boucher à un objectif : "zéro utilisation d’hormones pour des inséminations d’avril". Les chèvres sont donc désaisonnées grâce à un programme lumineux. Afin de savoir quand réaliser les inséminations artificielles, les éleveurs utilisent la technique du bouc avec marqueur. Au moment des chaleurs, un bouc est mis avec les chèvres, il porte une sorte de tablier équipé d’un marqueur. Quand il monte les chèvres, il ne peut pas s’accoupler et laisse une marque. Ainsi, l’éleveur fait venir l’inséminateur pour les chèvres repérées. Les éleveurs possèdent actuellement 13 boucs. Selon Claude Boucher, il faut "un bouc pour 15 à 20 chèvres".

Maîtriser sa production

Pour Claude, les bons résultats économiques s’expliquent par plusieurs choses : la production du lait avec les fourrages de l’exploitation (pâturage, séchage en grange), la sélection des animaux pour optimiser la production laitière, la bonne maîtrise de la transformation afin d’éviter les accidents de fabrication mais aussi avoir une production en phase avec les consommateurs. "Il y a beaucoup moins d’acheteurs sur les marchés de Lyon en juillet et août quand nos chèvres sont taries". La valorisation du lait grâce à l’AOP et la vente directe sont aussi des atouts pour l’éleveur.

Les deux frères ont d’ailleurs aussi pour projet de construire une nouvelle fromagerie plus grande et plus fonctionnelle. Les chèvres pâturent du 15 mars au 1er novembre dans les 18 hectares attenants à l’exploitation. La moitié de cette surface est en sous-bois, le reste en prairies. Les chèvres restent 5 à 6 jours sur les parcelles. Le pâturage permet à l’exploitation de faire de fortes économies en fourrage et en concentré. Sur les 51 hectares de surface agricole, les éleveurs cultivent 10 hectares de céréales, 28 ha de prairies temporaires dont une partie est semée en prairies multi-espèces (graminées et légumineuses) et le reste est utilisé pour le pâturage des chèvres et des trois vaches allaitantes. Pour Claude Boucher, cette surface cultivable importante permet "d’être autonome en fourrage la plupart du temps et donc de ne pas trop dépendre de facteurs extérieurs". Ils achètent tout de même 15 tonnes de maïs et d’orge. Pour Claude Boucher, cette presque totale autonomie est "essentielle, elle permet de garder le contrôle sur sa production et d’éviter d’éparpiller de l’argent ".

La vente de lait en hiver permet une meilleure valorisation

Avis d’expert :

une bonne organisation du travail et des résultats économiques élevés

L’exploitation dispose de nombreux atouts : une polyvalence pour le travail des deux frères (fromagerie, élevage et vente), une bonne organisation du travail grâce à des équipements adaptés et très fonctionnels, une qualité génétique du troupeau qui permet de produire environ 880 litres par an et par chèvre avec des taux élevés (39,4 en TB et 32,8 en TP) et le désaisonnement pour vendre du fromage toute l’année. De plus, 76 % des surfaces sont labourables et l’utilisation du pâturage, le séchage en grange, les 10 ha de céréales autoconsommées et les vaches allaitantes qui mangent les refus de foin et pâturent les parcours ou surfaces éloignées sont indispensables pour une bonne autonomie de l’exploitation et produire au moins 80 % de l’alimentation sur la zone AOP rigotte de Condrieu. La quantité de concentré est de 340 g par litre de lait. Les résultats économiques sont très satisfaisants grâce à la maîtrise des charges opérationnelles et des investissements réfléchis.

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