Aller au contenu principal

Portes ouvertes au Pradel
Une intense journée pour 300 professionnels de la filière

Au programme de cette journée du PEP caprin : conférences, ateliers techniques et dégustations pour des éleveurs passionnés et motivés.

Le 12 octobre dernier, sous un beau soleil ardéchois, ce sont plus de 300 éleveurs, techniciens et professionnels de la filière caprine qui se sont retrouvés à l’occasion de la journée portes ouvertes du pôle d’expérimentation et de progrès (PEP) caprin sur la ferme expérimentale du Pradel. « C’est une opportunité pour rencontrer des gens de la production, c’est un moment de partage et de discussion et puis je viens aussi pour découvrir avec les ateliers techniques, je vais à celui sur les taux d’urée dans le lait », confie Quentin Breuil, en cours d’installation dans la Loire. La matinée, animée par Philippe Thorey, animateur du PEP caprin, a été occupée en majeure partie par la présentation de trois études menées par le Pradel et ses partenaires. Rémy Delagarde (Inra) et Yves Lefrileux (Institut de l’Élevage) ont exposé les derniers résultats de la recherche sur le pâturage des chèvres, étude très fortement ancrée dans l’histoire de la ferme expérimentale. Les résultats concernaient à la fois le type de parcelle, monoespèce ou mixte, et l’impact sur la production laitière. « Quand une prairie fournit plus d’azote, la production de lait augmente mais le taux d’urée dans le lait aussi. Il faut alors trouver un compromis », explique Yves Lefrileux. L’Inra de Méjussaume (Ille-et-Vilaine) a davantage travaillé sur l’adaptation des chèvres à un temps limité de pâturage. Bien que l’étude ne soit pas terminée, les chercheurs sont arrivés à la conclusion partielle que le pâturage est plus efficace quand le temps est limité et cela apparaît aussi bien en caprins qu’en bovins et que la production de lait est quasiment maintenue au même niveau qu’avec un pâturage illimité. Cet accès limité au pâturage, permet donc, selon Rémy Delagarde, de mieux valoriser de 30 à 50 % l’herbe au pâturage. En parallèle, l’effet de l’abreuvement sur la pâture a été testé. La production ne change pas selon que la chèvre ait un accès à l’eau durant la journée ou si ce n’est que le soir dans la chèvrerie. L’étude a montré qu’en routine, les chèvres boivent moins d’un litre par jour, mais qu’en cas de fortes chaleurs (>25 °C), elles peuvent boire jusqu’à cinq litres d’eau. La deuxième étude présentée portait sur le rendement fromager, sa connaissance et son amélioration grâce à une équation formulée par les équipes du Pradel (voir p. XXX). Pour finir, Benjamin Deltour (Groupement de défense sanitaire de la Drôme), Yves Lefrileux (Idele) et Anne Eyme-Gundlach (chambre d’agriculture de la Drôme) ont présenté les résultats de l’expérimentation sur le lait maternel acidifié pour l’alimentation des cabris, sujet repris l’après-midi durant les ateliers proposés aux participants.

Passer d’un site régional à un site national

Pierre Ulrich, directeur du domaine Olivier de Serres, rappelle ensuite que : « cette journée était l’occasion de présenter les rénovations et agrandissements que va connaître la ferme expérimentale du Pradel dès le 1er trimestre 2018. Les travaux vont durer un an et la première lactation du nouveau cheptel devrait commencer début 2019. L’idée de l’agrandissement et de la rénovation du site a germé dès 2009, avec la volonté de faire de la ferme non plus une station régionale mais bien nationale, donc avec la nécessité de doubler le cheptel, passant ainsi de 120 à 240 chèvres ». De plus, la ferme datant de 1989, les installations commençaient à être dépassées. « Le dossier final a été déposé en 2014, pour un budget total de deux millions d’euros, soit 1,6 million d’euros pour l’agrandissement et la rénovation, financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes et 400 000 euros d’équipements (machine à traire, distributeurs automatiques de concentrés, etc.) financés par la région et par le lycée agricole Olivier de Serres », détaille Frédéric Golberg, directeur du lycée. Le nouveau troupeau permettra d’une part de conduire plus d’expérimentations en simultané et permettra également à la ferme de s’ouvrir sur la production laitière. En effet, la production de fromages ne devrait pas augmenter car le lait supplémentaire sera livré en laiterie.

La matinée s’est clôturée avec les interventions des représentants politiques locaux et nationaux. Frédéric Blanchard, trésorier du PEP Caprin et président du comité filière caprine à la chambre régionale d’agriculture Auvergne Rhône-Alpes, déclare : « aujourd’hui, c’est l’aboutissement de dix ans de travail et cela va relancer la dynamique de la ferme, pour qu’elle redevienne le modèle d’exploitation innovante qu’elle était il y a 25 ans ».

Le cliché du chevrier baba cool n’est plus

Emmanuel Ferrand, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes, témoigne de sa bonne surprise en découvrant le site du Pradel : « tous les clichés sur les chevriers un peu babas cool sont partis en fumée quand j’ai vu la précision, la détermination et la motivation pour la recherche et l’expérimentation dans la filière caprine ». Et Patrick Escure, vice-président de la chambre régionale d’agriculture AURA, d’enchérir : « il s’agit bien d’un site exceptionnel pour l’agriculture française, avec une exploitation, une station expérimentale et un lycée agricole pour former la relève ». Le représentant du conseil régional conclut en réitérant le soutien de celui-ci à l’agriculture : « le conseil régional soutien de manière ferme et concrète l’agriculture, il ne s’agit pas que de paroles mais bien d’actes, avec l’aide financière pour la ferme du Pradel qui s’inscrit à 100 % dans la politique régionale ».

Rencontre, partage, discussion, découverte

L’apéro-poster et le repas qui ont suivi ont été l’occasion pour les participants de découvrir les recettes de viande caprine sur lesquelles le syndicat caprin de la Drôme a durement travaillé. « Nous avons servi 300 plateaux-repas proposant notamment la fameuse terrine de chevreau et les convives ont pu apprécier la centaine de fromages de chèvre apportés par chacun. Pour l’apéritif, nous avons servi des rillettes de chevreau, du saucisson et de la caillette de chèvre, une spécialité locale », précise Valérie Beroulle, animatrice du syndicat caprin 26. L’après-midi a permis aux éleveurs de découvrir plus en détail des techniques à travers quatre ateliers : aide au rationnement pour maîtriser le taux d’urée dans le lait, maîtriser l’étape de salage en transformation fromagère, réussir l’installation d’un séchoir en grange et allaiter les chevreaux avec du lait maternel acidifié. Cette journée a eu beaucoup de succès et Frédéric Golberg conclut : « la journée s’est très bien passée, il y a eu une fréquentation d’éleveurs très importante, nous espérons qu’ils sont satisfaits, en tout cas tout est fait pour ! ».

aaaaacccroche

Les plus lus

Bouc de race saanen
Quels boucs choisir en 2024 ?
Le catalogue Capgènes des semences de boucs alpins et saanen vient de paraître. Le meilleur de la génétique caprine française est…
Remise des prix du Trophée Gènes Avenir au Salon de l'agriculture 2024
Salon de l'agriculture : le Trophée Gènes Avenir récompense les éleveurs d'alpines et de saanen
Pour sa sixième édition, le Trophée Gènes Avenir a récompensé des éleveurs de Vendée en saanen et des éleveurs du Rhône en alpin…
Lisa Sabourault et Dorian Folco, fromagers fermiers dans le Maine-et-Loire
« Du lino sur le quai de traite des chèvres »
En reprenant l’élevage caprin, ces deux éleveurs de chèvres ont remis un bon coup de propre à la salle de traite. L’astuce de…
Affiche sur "la saison du chevreau de nos terroirs"
Deux temps forts pour communiquer sur la viande de chevreau
En 2024, Interbev caprins soutient deux moments de communication, à Pâques et après Pâques, pour développer les ventes, au moment…
Chèvre et brosse
Quels enrichissements pour le bien-être des chèvres ?
À l’occasion du colloque « Le bâtiment d’élevage, point de rencontre entre l’homme et l’animal », organisé par les…
Elise, Jérôme et leurs deux filles, de 8 et 11 ans, vivent au milieu des animaux. Lapins, cochons, chèvres, chevaux, vaches, oies, ânes et chiens cohabitent à la ferme ...
« Mon mari boucher vend de la viande de porc et de chevreau de la ferme »
Élise et Jérôme Happel élèvent des chèvres et des porcs en Alsace. Boucher de métier, Jérôme valorise la viande caprine issue de…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre