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Une culture à intégrer entre deux cultures

Les cultures fourragères annuelles s’intègrent dans la rotation entre deux cultures. Ils couvrent les sols et apportent un complément alimentaire. Mode d’emploi.

Implantées entre deux cultures, les cultures dérobées permettront plusieurs récoltes complémentaires de fourrage. L’idée est d’éviter les sols nus pour maximiser la productivité à l’hectare et profiter des couvertures de sols. « Un sol avec des couverts et des racines, c’est un sol qui vit, explique Sébastien Minette, agronome à la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Cela évite les phénomènes d’érosion et de battance ». Ces cultures intermédiaires structurent le sol en facilitant par exemple la pénétration de l’eau dans les terres. Cultures obligatoires dans les zones vulnérables, les couverts végétaux apportent surtout rapidement un complément de fourrage d’une valeur alimentaire intéressante.

« La première question à se poser est de savoir quand l’éleveur veut du fourrage, à l’automne ou au printemps », développe Sébastien Minette. Les espèces à implanter ne seront pas les mêmes, les dates de semis non plus. Pour des récoltes automnales, on pourra semer des espèces sensibles au gel en privilégiant toujours les associations de céréales ou de graminées avec des légumineuses (voir tableau). Semées avant le mois d’août, les cultures dérobées de fin d’été/automne poussent pendant l’été. Elles sont donc très dépendantes de la pluviométrie estivale. « C’est quitte ou double, prévient Sébastien Minette. On peut avoir de très bonnes années humides comme 2012 ou 2017 ou des années sans orages comme en 2016 ». De toute façon, si la pluviométrie n’est pas au rendez-vous et que la pousse n’a pas été suffisante, il est possible de retourner la culture sans la récolter ce qui fait toujours un excellent engrais vert. En 2017, des mélanges de trèfles d’Alexandrie et de moha avaient pu donner jusqu’à six tonnes de matière sèche par hectare en Nouvelle-Aquitaine.

Un roulage pour assurer le bon contact entre la terre et la graine

Pour implanter ces cultures dérobées, on peut envisager un semis direct après la moisson si on dispose du matériel, du savoir-faire et si la parcelle n’est trop sale. Sinon, le déchaumage permet de nettoyer les terres des adventices avant le semis qui devra se faire vite afin de ne pas laisser l’humidité partir. « Le roulage après semis est important, rappelle l’agronome basé sur la ferme expérimentale Inra de Lusignan dans la Vienne. Il limite l’évaporation et assure un bon contact entre la terre et la graine, garant d’une bonne germination ».

Ensuite, la récolte automnale peut se faire selon le matériel, les coûts et les besoins. Soit en pâturage ou affouragement pour une utilisation immédiate, soit en enrubannage, voire en foin si l’on dispose d’une belle semaine ou d’un séchoir. Après cette récolte, le polyculteur-éleveur pourra de nouveau semer une céréale d’hiver ou un méteil.

Davantage de fourrages tout en couvrant les sols

Un semis d’interculture entre le 15 août et le 15 septembre d’espèces moins gélives permettra, lui, d’avoir un peu de fourrages à l’automne (valorisation en vert), et surtout en tout début de printemps suivant (trèfle violet ou incarnat, ray-grass italien non alternatif, ray-grass hybride…). Là encore, l’idéal est de mélanger légumineuses et graminées ou crucifères pour avoir un fourrage plus riche et qui séchera mieux.

Les fourrages annuels complémentaires permettent d’augmenter la productivité de l’hectare de terre mais il faut veiller à conserver l’équilibre minéral de ces sols. Les exportations de matières sont compensées d’abord par l’apport de fumier et, si besoin après des analyses de sols, par une fertilisation appropriée. En limitant le temps où l’on peut travailler la terre, on limite aussi les périodes où l’on peut lutter contre les adventices. Attention à ne pas se laisser déborder… « Les couverts végétaux sont un des leviers pour diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires, pondère cependant Sébastien Minette. Au-delà de 4 à 5 tonnes de matière sèche par hectare en culture, on considère qu’il n’y a plus d’adventice sur pied ».

Combien ça coûte ?

Des coûts d’implantation de 30 à 110 euros

Un colza fourrager semé à 9 kg/ha coûtera entre 60 et 80 euros par hectare en comptant les 20 à 25 kilos de semences, le déchaumage, le semis et le rouleau. La fertilisation minérale conseillée de 30 unités d’azote n’est pas comptée dans cette estimation. On peut espérer un rendement de 3,2 t MS/ha à 0,90 UFL et 13 % de MAT en vert. Ce fourrage acidogène peut être complété par du ray-gras d’Italie pour améliorer l’appétence ou de l’avoine pour favoriser la transition alimentaire.

Un mélange avec 15 kg/ha de ray-grass italien et 10 kg/ha de trèfle incarnat reviendra à 110 €/ha d’implantation environ. Il fournit 3 t MS/ha à 0,95 UFL et 17 % de MAT en vert.

Un sorgho semé à 15 kg/ha reviendra à 110 €/ha, sans compter la fertilisation minérale conseillée de 30 unités d’azote. Il permet un rendement de 3,8 t MS/ha à 0,75 UFL et 11 % de MAT en vert.

À ces coûts d’implantation s’ajoute le coût de récolte, estimé par exemple à environ 90 euros/ha pour l’enrubannage.

Source : chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine

Avis d’expert : Denis Thomas, conseiller fourrage à la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire

«Faire des essais de méteil en dérobées et récolter haut»

«Les méteils n’ont souvent pas d’impact négatif sur les cultures qui suivent, ils sont même plutôt favorables à la pousse suivante. C’est cependant à chacun de faire ses essais pour bien appréhender la culture en fonction du type de sols et de la réserve hydrique disponible. On préconise de récolter si possible avant l’épiaison des céréales et le début de la floraison des vesces ou des trèfles, c’est-à-dire autour de fin avril-début mai en Touraine. Certains n’atteignent pas ce stade et fauchent plus tôt, d’autres le dépassent. 2017 n’a pas été très favorable et il a parfois fallu couper le méteil avant son optimum pour ne pas pénaliser les rendements derrière. 2018 s’annonce très bonne avec des conditions quasi optimales de récolte. La fauche doit être assez haute, à 7-8 cm au moins, car le chaume restant va servir de support aux méteils coupés et ainsi améliorer le préfanage par la circulation d’air sous l’andain. En plus, le bas des tiges n’apporte pas beaucoup de rendement ni de valeur alimentaire. On privilégiera une vitesse de rotation lente des fléaux ou, pour bien conserver les feuilles des légumineuses, les conditionneurs à rouleaux qui sont mieux adaptés.»

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