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Un logiciel pour piloter la ration

Capalim permet de piloter l’alimentation au plus près pour optimiser la production et la marge sur coût alimentaire.

Sébastien et Emmanuelle Guillotteau élèvent 240 chèvres à Martizay dans l’Indre, en zone d’appellation Pouligny-Saint-Pierre. Installés en 2004, ils ont créé l’atelier caprin en 2010 avec l’objectif de maximiser l’autonomie alimentaire du troupeau. Les mises bas ont lieu en septembre afin de produire du lait d’hiver mieux valorisé. La ration au pic de lactation est composée de 1,8 kilo d’enrubannage et 1,3 de foin de trèfle, sur lesquels 15 % de refus sont tolérés. Elles reçoivent en plus 500 g de maïs, 400 g de triticale, 350 g de correcteur azoté à 38 % de matière azotée, et 100 g de tournesol. L’exploitation comportant 130 hectares dont 45 ha de prairies, la stratégie de production est essentiellement basée sur les fourrages. « Nous faisons analyser tous nos fourrages après la récolte et nous les répartissons sur la lactation en fonction de leur qualité. Puis, avec un bilan des stocks, nous estimons jusqu’à quand cela nous permet de tenir et, si nécessaire, nous rachetons de la luzerne déshydratée. »

Quand les deux éleveurs ont repris le troupeau caprin, tout était à construire pour aller vers l’autonomie alimentaire. « C’est important d’être entouré, conseillé et de bénéficier d’un avis extérieur, estime Emmanuelle Guillotteau. On fait un point sur la ration à chaque visite d’appui technique, il y a toujours quelque chose à adapter. Notre conseillère du contrôle laitier nous a présenté l’outil Capalim il y a six mois. Cela permet d’ajuster la ration au plus près des besoins pour essayer de faire des économies. »

Comprendre ce qui se passe dans le lot

L’outil Capalim a été conçu par le groupe national d’alimentation caprin copiloté par la Fnec et l’Institut de l’Élevage, puis carrossé et développé par France Conseil Élevage. L’objectif était d‘homogénéiser, adapter au contexte caprin et rendre plus pédagogiques tous les outils de conseil pour l’alimentation des caprins. Capalim présente l’avantage d’être à jour des connaissances de l’Inra et d’être adapté à la conduite en lot de l’élevage caprin. Il permet de visualiser les effets d’une ration sur un lot avec ses individus les plus faibles et les plus productifs. « On décrit un lot avec un animal moyen, un animal faible producteur et un animal cible, explique Bertrand Bluet, conseiller caprin au service contrôle laitier de la chambre d’agriculture de l’Indre et responsable du développement du logiciel. On peut ensuite vérifier que la ration couvre les besoins de l’animal cible sans présenter de risque sanitaire pour les faibles producteurs, qui ont tendance à ingérer moins de fourrages pour la même quantité de concentrés. »

Les éleveurs apprécient ce travail par classes d’animaux qui permet de bien comprendre ce qui se passe dans le troupeau. « C’est important car, par exemple, on pensait qu’il fallait augmenter la ration en énergie pour permettre la reprise d’état des chèvres en fin de lactation et finalement, avec le logiciel, on s’est rendu compte que leurs besoins étaient couverts », se souvient Emmanuelle Guillotteau.

Des calculs économiques et zootechniques

Sur cet élevage, les apports en énergie en début de lactation sont un peu inférieurs aux besoins car la capacité d’ingestion est réduite. Les besoins en azote sont prioritairement couverts et les chèvres peuvent récupérer de l’énergie en mobilisant leurs réserves corporelles. Le logiciel permet alors de calculer la variation théorique d’état corporel et voir si elle est acceptable. D’autre part, en fin de lactation, on voit que les apports en azote sont un peu élevés pour les chèvres faibles productrices. « Pour améliorer cela, il faudrait peut-être faire deux lots par niveau de production », suggère Bertrand Bluet. Le logiciel permet de simuler les conséquences économiques d’une modification de ration. La ration des plus faibles productrices pourrait ainsi être ajustée ce qui permettrait d’économiser 11 centimes par chèvres sur ce lot. « Mais comme nous sommes en période de saillie, nous faisons déjà deux lots pour séparer les chèvres alpines des saanen. Il nous faudrait alors en faire quatre, ce qui devient trop compliqué à gérer et gourmand en temps de travail, explique Sébastien Guillotteau. Il faut aussi regarder le comportement des animaux : si elles ruminent bien et que les crottes sont belles, on ne s’inquiète pas. »

France Conseil Élevage a intégré le logiciel Capalim dans son outil de conseil. Le lien avec les données du contrôle laitier permet d’analyser l’alimentation réellement distribuée et la production réelle de chaque lot. Tous les conseillers ont le même outil et peuvent donc comparer les pratiques partout en France. « C’est ça qui permet de se remettre en question pour évoluer ». L’outil est utilisé depuis l’année dernière par les conseillers caprins des entreprises de Conseil Élevage qui ont tous été formés à son utilisation. Une version a aussi été développée hors du logiciel de contrôle laitier pour le mettre à disposition des éleveurs qui le souhaitent et des organismes non concurrents de France Conseil Élevage.

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