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Installation
Savoir s´adapter et rester réaliste

Par rapport à des prévisions bien établies, les imprévus sont inévitables et doivent être gérés avec réalisme. Témoignage de deux jeunes laitiers en cours d´installation en élevage caprin dans l´Indre.


« On savait que ce serait dur de s´installer et on n´a pas été déçu de ce point de vue », avaient déclaré Vincent Thibaut et Maëlle Spire dans le reportage que La Chèvre leur avait consacré l´été dernier (Filière du Limousin, nº264). Pour ce dossier consacré à l´installation en élevage caprin, nous sommes donc retournés les voir, huit mois après, dans leur élevage près de Cluis au sud de l´Indre, pour voir où en était la réalisation de leur projet et recueillir leurs commentaires.
Au premier coup d´oeil, la concrétisation de leur projet s´impose avec une chèvrerie flambant neuve sur leur terrain, même si, par rapport aux prévisions, des retards se sont accumulés. Leur projet a donc vraiment pris forme. Les 280 chevrettes ont quitté leur serre tunnel pour intégrer, à partir du 20 décembre dernier et par lots successifs, la nouvelle chèvrerie de 800 m2.

Déblocage du prêt : conséquences d´un retard
« Tout a été décalé d´un mois et demi, car notre banquier était parti en vacances ! De ce fait, le déblocage de notre prêt n´est intervenu que début octobre, explique Vincent. On devait commencer la construction de la chèvrerie vers la mi-septembre, en fait elle n´a démarré que fin octobre. C´était un retard sérieux d´autant plus que les conditions climatiques hivernales ont perturbé les travaux. Les travaux d´aménagement intérieur ont été également retardés, ce qui nous a obligé à décaler les mises-bas initialement prévues en février-mars. Nous avons donc réorganisé la reproduction pour avoir des mises bas au début du mois de mai ».
Longue de 36 mètres et de 16 de largeur, la chèvrerie a été construite avec une charpente en bois lamelle-collé par les Etablissements Martinet (Azérable-Creuse). Elle est flanquée d´un appentis de 21 x 7 m destiné à la salle de raite et la laiterie. La couverture est en fibrociment de couleur bleu-ardoise et le bardage en bois auto clavé, l´ensemble s´intégrant bien dans le paysage bocager de cette région d´élevage.

« Notre choix du bois a été esthétique, c´est un matériau plus chaleureux, agréable pour les conditions de travail et pas plus cher que d´autres matériaux, poursuit Vincent. L´éclairage est assuré par des plaques translucides sur les parois, sauf pour la salle de traite où elles sont posées sur le toit. Le choix des plaques sur les parois de la chèvrerie se justifie par le fait que nous voulons appliquer un programme lumineux pour produire du lait à contre-saison. Pas question d´aller se promener sur les toits pour obscurcir le bâtiment avec des bâches ! »
La chèvrerie est aménagée avec un couloir central bétonné de 4 mètres de large où sont stockés la paille et le foin en balles rondes. Dans l´immédiat, pour des raisons d´économie, il n´est pas prévu de distributeur mécanisé de concentrés, les fourrages et les concentrés sont distribués à la main dans la chèvrerie. La plupart des aménagements intérieurs ainsi que le bardage du bâtiment ont été réalisés par Vincent, Maëlle et des membres de leur famille venus les aider.

Le coût du bâtiment est de 250 F (38 ? le m2 HT) sans le bardage posé en auto construction. Avec le bardage le prix de revient est de l´ordre de 400 F (61 ?) le m2 HT. Le coût total est de 45 000 euros auxquels il faut ajouter la salle de traite (dont 10 000 ? pour la machine de traite). Avec les gouttières, le terrassement, on arrive ainsi à un coût final de l´ordre de 70 000 euros.
La chèvrerie de 800 m2 accueille désormais les 246 chèvres alpines dont les premières mises bas ont été programmées pour début mai. ©D. R.

Les mises bas, moment de vérité
« Quand on s´installe, il faut gérer les retards, les imprévus et s´adapter sans cesse, indique Maëlle. Par exemple : faute de place dans le tunnel, il était impossible de mettre les boucs avec les chèvres pour les saillies. On a donc attendu les aménagements progressifs dans la nouvelle chèvrerie et, au fur à mesure, on déménageait les chèvres avec les boucs. Les saillies sur chaleurs naturelles ont donc été étalées du 10 décembre au 15 janvier. Au total 246 chèvres ont été saillies ainsi par 12 boucs ».
Lors de la visite en avril 2005, la salle de traite était en cours de finition, Vincent ayant réalisé tous les aménagements intérieurs : double quai avec fosse, 50 places sur chaque quai avec 13 postes et traite par l´arrière, soit une capacité totale de 100 chèvres sur les 2 quais. Pas de distribution de concentré et une prévision de 1 h 30 à 2 heures pour la traite de 250 chèvres.
« Il faudra voir comment cela va se passer en réalité, souligne Vincent, car les mises-bas, les chevreaux et le démarrage de la traite au mois de mai, ce sera vraiment le moment de vérité. Nous nous sommes préparés psychologiquement car il faudra faire face. Les premières livraisons de lait à la coopérative sont prévues vers le 20 mai, notre objectif étant de fonctionner avec des lactations totalement décalées, mise bas en août et tarissement en fin de printemps suivant. L´avantage c´est de bénéficier d´un prix de lait élevé en automne et en hiver. Ça, ce sont nos prévisions, ensuite on verra. ».
D´une largeur de 16 mètres, la chèvrerie a été construite avec une charpente en bois lamellé-collé, elle est flanquée d´un appentis destiné à la salle de traite et à la laiterie. ©D. R.

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