Les (mauvaises) pratiques se lisent dans les courbes

Depuis quelques années, de nouveaux outils se sont développés pour permettre notamment de faire des tests pendant la traite. Parmi ceux-ci, on compte par exemple le LactoCorder (WMB) et le VaDia (BioControl). Le LactoCorder enregistre les cinétiques d’éjection du lait. Le VaDia, quant à lui, relève les fluctuations du vide dans le faisceau trayeur, au niveau de l’embouchure des deux manchons trayeurs, d’un tuyau court à lait et d’un tuyau court de pulsation. En complément d’une assistance à la traite, ces outils permettent de visualiser certaines situations à risque pour la santé mammaire.

À l’interface entre l’animal et la machine, les tests pendant la traite aident donc à objectiver certains dysfonctionnements de la machine mais aussi les pratiques de traite inadaptées. L’observation attentive d’un conseiller est néanmoins indispensable pour interpréter au mieux les courbes obtenues et dispenser un diagnostic approprié.

Estimée dans 31 élevages, la surtraite moyenne avoisine les 30 secondes, alors que le temps moyen d’écoulement du lait est de 1,45 minute. En cause, une organisation de la traite incluant trop de tâches, un nombre inadapté de postes par trayeur ou encore une dépose automatique des faisceaux défaillante ou mal ajustée aux caractéristiques du troupeau. Le LactoCorder comme le VaDia permettent de quantifier précisément la surtraite lorsqu’elle est présente.

L’entretien des faisceaux trayeurs est essentiel pour garantir un écoulement optimal du lait et minimiser les risques de contamination de la mamelle. On sait que cela implique le renouvellement des consommables (manchons, membranes, joints, tuyaux), mais on oublie trop souvent que cela inclut aussi le nettoyage régulier des orifices calibrés (orifices présents sur les gobelets ou sur la griffe, laissant entrer une quantité fixe d’air pendant la traite). Un petit geste qui n’en est pas moins important. Jean-Louis Poulet de l’Institut de l’Élevage a enregistré la traite de chèvres en bouchant volontairement les orifices calibrés pour visualiser l’effet induit sur les fluctuations du vide. S’en est suivie une augmentation de plus du double de l’amplitude des fluctuations pendant la traite, accompagnant le reflux du lait dans les gobelets trayeurs.

Massage, égouttage et repasse, un grand nombre d’éleveurs ont encore l’habitude de manipuler les mamelles en fin de traite. Le LactoCorder, tout comme le VaDia, présente l’avantage de mettre en évidence l’absence ou, au mieux, la faible quantité de lait qui en résulte. De la surtraite découle régulièrement de la repasse, environ une minute si la dépose automatique est remise en route. L’enregistrement du vide dans le faisceau montre en parallèle les importantes fluctuations du vide au niveau des manchons accompagnant le massage et l’égouttage.

Tuyaux longs à lait trop longs, ficelles de maintien non utilisées en ligne basse, contention insuffisante des animaux,… plusieurs situations peuvent être à l’origine d’un positionnement non optimal des faisceaux trayeurs. Les conséquences immédiatement visibles avec le VaDia sont des entrées d’air et des chutes des gobelets trayeurs en cours de traite. Au-delà, on observe également en général un allongement de la durée de la traite en raison des manipulations supplémentaires à effectuer, des traites parfois incomplètes et des phénomènes de retour de lait (reverse-flow) liés aux entrées d’air.