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« Les lactations longues permettent de lisser ma production de fromages »

À l’EARL Roy, le recours aux lactations longues permet aux éleveurs de simplifier leur travail tout en étalant la production laitière et en élevant moins de chevreaux.

Un éleveur de chèvres, Ludovic Roy, avec ses chèvres alpines dans un bâtiment
Ludovic Roy : « Avec plus de lactations longues, c'est moins de chevreaux à gérer et du lait bien réparti sur l'année. »
© V. Lictevout

Depuis plus de 15 ans, plusieurs chèvres sont conduites en lactation longue à l’EARL Roy à Sainte-Maure-de-Touraine, dans l’Indre-et-Loire. Initialement, Ludovic Roy a eu recours à cette pratique dans le but d’étaler sa production laitière et ainsi pouvoir commercialiser des fromages toute l’année. L’objectif principal était donc de répondre à la demande de leurs clients, notamment pendant les deux périodes importantes : avant les fêtes de fin d'année et pendant les vacances d’été. À cette époque, l’éleveur constatait déjà une baisse de la valeur du chevreau. De ce fait, conduire quelques chèvres en lactation longue leur permettait de diminuer le nombre de chevreaux au moment des mises-bas.

Toutes les primipares commencent par deux ans de lactation

Le système mis en place à l’EARL Roy conserve chaque mois environ 100 à 120 chèvres à la traite, dont 70 en lactation longue. Cette pratique lisse la production laitière sur l’année, de 9 000 à 12 000 litres de lait par mois. « Aujourd’hui, grâce aux lactations longues, nous gérons 100 chevreaux à l’année, témoignent Ludovic Roy et Tristan Bureau. Et nous constatons une diminution dans nos mortalités. Il y a moins de mises-bas donc moins de mortalité. Cela nous a simplifié grandement le travail. »

Au tout début, les éleveurs sélectionnaient les chèvres produisant plus de 3 kg de lait par jour et ayant moins d’un million de cellules par millilitre de lait pour faire une lactation longue. Maintenant, les éleveurs raisonnent au cas par cas. Toutes les primipares de l’EARL Roy réalisent une lactation longue de deux ans et sont, par la suite, privilégiées pour le choix des chèvres à mettre à l’insémination artificielle. Les éleveurs enregistrent une fertilité globale autour de 50 %.

Des réformes tout au long de l’année

Chaque année, deux périodes de reproduction ont lieu. Dans un premier temps, en mai, 20 chèvres sont inséminées. Ces chèvres sont choisies selon plusieurs critères : moins de six ans, index combiné caprin supérieur à – 0,5, production laitière entre 1 et 4 kg par jour au dernier contrôle. Au mois de juin, les éleveurs réalisent des saillies en monte en main sur les chèvres inséminées n’ayant pas pris et sur certaines lactations longues en chaleur, mais seulement dans le cas où elles produisent moins de 4 kg de lait par jour. L’objectif des exploitants est ainsi d’avoir 30 mises-bas avant la fin de l’année.

La deuxième période de reproduction démarre en octobre avec la réalisation d’une vingtaine d’inséminations artificielles. C’est à ce moment-là que les éleveurs rattrapent leurs meilleures laitières (celles qui avaient trop de lait en mai et dont la production a baissé en octobre). Les réformes, elles, sont effectuées au cours de l’année selon la production laitière (inférieure à 1 kg de lait par jour) et selon le statut cellulaire (classement G/G*).

Une conduite alimentaire en lot unique

Deux lots de 45 et 100 places sont présents, mais aucun lot n’est réellement figé puisque les chèvres peuvent se mélanger au moment de la traite. De ce fait, la ration alimentaire est la même pour tout le troupeau. Les chèvres reçoivent 400 g d’orge aplatie, 300 g de maïs et 75 g de tournesol. À cela s’ajoute, pour les plus grandes productrices, une distribution supplémentaire de maïs lors de la traite. En été, les éleveurs distribuent du foin de luzerne et de ray-grass italien dans les râteliers ainsi que 10 kg de matière brute par jour de luzerne et trèfle violet en affouragement en vert. En hiver, les chèvres mangent de l’enrubannage et du foin de luzerne et trèfle violet distribué à volonté.

Chiffres clés

63 % des chèvres en lactation longue

 

  • 140 chèvres alpines
  • 120 000 l de lait produits, dont 90 % transformés et 10 % livrés à l’AOP sainte-maure de Touraine
  • 860 l/chèvre
  • 3 UTH : Ludovic Roy, son neveu Tristan Bureau et un salarié
  • 35 ha de SAU, dont 17 ha de SFP
  • Mises-bas toute l’année, 50 inséminations artificielles et 63 % de lactations longues

 

Avantages et inconvénients des lactations longues

Avantages :

 

  • Augmentation de la production (seulement 9 % de jours sans production).
  • Amélioration de la longévité du troupeau (en moyenne 4,2 ans en 2021).
  • Étalement de la production laitière sur l’année.
  • Moins de travail et moins de mortalité au moment des mises-bas.

 

Inconvénients :

 

  • Tendance à l’engraissement des chèvres.
  • Surveillance accrue du critère cellules.

 

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