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Les concentrations cellulaires augmentent depuis quinze ans

L’analyse des données du contrôle laitier montre une augmentation des concentrations cellulaires. Une dégradation de la santé de la mamelle qui pénalise également le paiement du lait…

Obtenu à partir des données du contrôle laitier, le bilan des concentrations cellulaires des élevages caprins montre une hausse depuis 15 ans. En 2015 pour la race Saanen, on compte en moyenne 680 000 cellules par ml de plus qu’en 2000. Pour la race Alpine, l’augmentation a été de 490 000 cellules par ml. « Cette hausse est peut-être en partie liée à l’augmentation de la taille du troupeau ou à l’augmentation des pratiques de monotraite ou encore de lactations longues ? » s’interroge Virginie Clément de l’Institut de l’Élevage.

Quoi qu’il en soit, le nombre de cellules est très lié au rang de lactation et à la race comme le montrent les graphiques ci-contre. Les primipares Saanen ont par exemple près d’un million de cellules de moins que les Saanen ayant déjà trois lactations ou plus à leur actif. Les données montrent que la concentration cellulaire augmente au cours de la lactation. Les chèvres mettant bas en été ont aussi des concentrations cellulaires plus élevées. « Celles qui mettent bas en été sont intégrées avec le troupeau déjà en lactation et se contaminent vraisemblablement plus vite », suppose Virginie Clément.

Un fléchissement de la courbe en 2015 ?

Il y a aussi un effet de dilution des cellules. Les chèvres avec un niveau de production élevé ont globalement des concentrations cellulaires moins élevées.

En observant la courbe sur les quinze dernières années, on voit que les concentrations cellulaires ont connu une accélération depuis 2012. « Cette aggravation à partir de 2012 peut aussi s’expliquer par la situation économique tendue, explique Bernard Poupin du contrôle laitier de Vendée. On a vu des éleveurs qui repoussaient le renouvellement des consommables de traite et cela a pu jouer sur les cellules ». Les dernières données de 2015 montrent un fléchissement de la courbe. « C’est peut-être un peu tôt pour se réjouir mais cette tendance à la stabilisation va dans le bon sens » espère Virginie Clément.

Car le critère cellules influe sur le paiement du lait et donc directement sur le revenu des éleveurs. Pour mémoire, il n’y a aucune pénalité en dessous de 1,25 million de cellules. Entre 1,25 et 1,5 million, la pénalité est de 3,05 euros les mille litres puis de 12,20 euros entre 1,5 et 2 millions. La pénalité grimpe à 21,35 euros entre 2 et 3 millions de cellules puis elle atteint 45,75 euros au-delà de trois millions de cellules en moyenne dans le tank.

Avis d'expert : Yves Lefrileux, Institut de l’Élevage 

« À la mise à l’herbe, une augmentation temporaire »

« À la ferme expérimentale du Pradel en Ardèche, nous avons comparé les concentrations cellulaires de deux lots de 53 chèvres, l’un restant en chèvrerie et l’autre sortant au pâturage début mars. En deux jours, les concentrations cellulaires du lot sortant doublaient pour passer de 357 000 à 936 000 cellules par millilitre. Ensuite, les concentrations cellulaires baissaient et, au bout de trois semaines environ, il n’y avait plus de différence significative entre les deux lots. Réitérée à l’automne, l’expérience a montré des augmentations de concentrations cellulaires similaires. Par contre, grâce à 1 370 analyses bactériologiques de lait réalisées tout au long des expérimentations, nous n’avons pas ou peu observé d’évolution du statut infectieux de la mamelle. Différents facteurs pourraient expliquer l’augmentation des cellules : des blessures ou lésions de la peau des trayons, le stress météorologique, l’inflammation cutanée liée à l’exposition au soleil, la nature des plantes pâturées, l’importance de l’effort physique lors de la marche ? Cette augmentation de cellules semble aussi se manifester en cas de stress ou d’événement survenu au troupeau, quand les chèvres s’échappent, quand on vide le fumier, quand on change de trayeur… Des essais sont en cours pour tester l’apport d’antioxydants et réduire l’incidence de tels stress. »

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