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Mobilisation
Le prix du lait est maintenu jusqu'en mars

La pression des éleveurs et de l’interprofession sur les laiteries a permis d’éviter une baisse du prix du lait de chèvre. Les industriels se sont engagés à le maintenir jusqu’en mars.

La rumeur enflait dans les campagnes depuis quelques semaines. Les industries laitières et en premier lieu les coopératives du groupe Eurial menaçaient d’annoncer une baisse du prix du lait de chèvre. Un courrier envoyé mi-octobre aux éleveurs du groupe a mis le feu aux poudres, entraînant une manifestation d’éleveurs le jeudi 29 octobre à Soignon (Deux-Sèvres) et une rencontre interprofessionnelle le même jour. A la suite de ces mobilisations, les laiteries privées et coopératives se sont engagées à maintenir le prix du lait de chèvre jusqu’à la fin du premier trimestre 2010.

Le courrier envoyé aux livreurs d’Eurial alertait les éleveurs sur une « situation périlleuse » en lait de chèvre. Parlant d’une surproduction en France et en Europe, le courrier mettait le doigt sur des décalages de prix de l’ordre de 90 à 100 €/1 000 litres entre les prix français et les prix hollandais, belges ou espagnols. Le groupe coopératif s’alarmait aussi du niveau de prix du lait de chèvre, passé à près du double de celui du lait de vache alors qu’il est « traditionnellement supérieur de 50 % environ ». Enfin, la lettre d’Eurial prônait une adaptation du prix du lait français et une stabilisation de la production en limitant les installations aux seuls renouvellements et en réactivant le suivi strict des références. L’adaptation du prix du lait se justifiant, selon Eurial, par une décrue du prix des aliments équivalent à une cinquantaine d’euros aux 1 000 litres. Un chiffre interprété par beaucoup comme le niveau de baisse envisagé par la coopérative.

Pour les éleveurs d’Eurial, mais aussi pour ceux des autres laiteries, ces arguments ont été perçus comme une véritable provocation. Réfutant les arguments un à un, la Fnec comme les éleveurs manifestant devant l’usine Soignon, propriété d’Eurial, ont réaffirmé bien fort leur refus de toutes baisses de prix. Non, avec 100 millions de litres de lait importés, la France ne connaît pas de surproduction de lait de chèvre. Non, les problématiques du marché du lait de vache n’ont pas à influer sur celle du lait de chèvre. Oui, les éleveurs ont besoin de revenus et de prix rémunérateurs pour installer de nouvelles exploitations.

Témoignant de cette convergence de vues, plus de 250 éleveurs de chèvres sont venus de Poitou-Charentes, des Pays de la Loire, mais aussi d’Aquitaine, de Midi- Pyrénées ou du Centre pour manifester leur détermination. « L’argumentation d’Eurial n’est pas cohérente et contradictoire avec les chiffres globaux de la filière » affirmait un jeune agriculteur lors de la manifestation du 29 octobre. « On a l’impression que la coopérative se cherche des arguments pour baisser à tout prix ». Or, la crainte est que si une seule entreprise baisse les prix, les autres suivront rapidement afin de ne pas laisser celui qui achète la matière première à plus bas prix prendre des parts de marché.

Mais si Eurial a donné un coup de chaud aux éleveurs, il n’en a pas moins pointé du doigt les difficultés que rencontrent certaines laiteries à l’export, en restauration hors-domicile ou en industries agroalimentaires. « Avec l’engagement des laiteries, nous avons obtenu le maintien des prix pour les six prochains mois » se félicitait Jacky Salingardes, le président de la Fnec. « Mais la vigilance reste de mise ».

PATRICK CHARPENTIER, PRÉSIDENT DE L’ANICAP : « Le prix du lait est un sujet sensible »

« Eurial a alerté la filière sur des signes forts du marché : la baisse des exportations et la baisse des utilisations du chèvre en restauration et dans l’agro-alimentaire. Pour autant, il ne fallait pas céder à la tentation de baisser les prix avec cette rapidité et cette ampleur. Il aurait été dangereux d’annoncer des baisses avant la fin des négociations avec les grandes surfaces. En plus, la mobilisation rapide des éleveurs a montré que le sujet du prix, et donc celui du revenu, est très sensible. Si nous voulons recruter de nouveaux producteurs, nous sommes obligés d’assurer des prix rémunérateurs. Heureusement, le travail interprofessionnel a bien fonctionné. Maintenant, nous allons prendre le temps d’étudier la situation et d’autres rencontres interprofessionnelles sont prévues fin février. D’ici là, nous allons aussi aller voir de plus près ce qui se passe en Hollande. »

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