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FCO
Le point sur la fièvre catarrhale ovine et les caprins

Deux chercheurs de l'Afssa de Niort font le point sur la fièvre catarrhale ovine chez les caprins.

La fièvre catarrhale ovine (FCO ou bluetongue en anglais) est une maladie virale à transmission vectorielle (moucherons du genre Culicoides). Elle est due à l'infection par un virus de la famille des Reoviridae, genre Orbivirus. Il existe 24 sérotypes différents de ce virus. Le sérotype 1 est présent à ce jour dans le sud-ouest du pays, les sérotypes 2, 4 et 16 ont été présents en Corse et le sérotype 8 a émergé de façon inattendue en Europe du nord et le nord-est de la France en 2006 pour se propager de façon spectaculaire d'est en ouest dans le pays courant 2007. Cette épizootie s'est traduite par de nombreux cas cliniques chez les bovins (en plus des ovins), ce qui est tout à fait inhabituel en matière de FCO.

Le virus infecte principalement les ovins mais également les bovins, les caprins et les ruminants sauvages. La FCO fait partie des maladies à déclarer à l'Office International des Epizooties et appartient à la liste des Maladies Animales Réputées Contagieuses (MARC).

La transmission du virus se fait presque exclusivement par piqûre infectante d'un petit diptère hématophage appartenant à la famille des Ceratopogonidae, genre Culicoides. Il existe plus de 1400 espèces de culicoïdes mais seules certaines d'entre elles sont capables de transmettre l'infection : C .imicola est le principal vecteur de la FCO en Corse (et sur le pourtour méditerranéen) tandis que d'autres espèces sont fortement suspectées de jouer un rôle sur le continent comme celles appartenant aux complexes pulicaris et obsoletus. Dans ce dernier complexe sont notamment impliqués C. obsoletus, C. chiopterus, C. dewulfi et C. scoticus. Le vecteur s'infecte par repas de sang pris sur animal virémique. Puis, il multiplie le virus jusqu'à une dose nécessaire pour sa transmission à d'autres animaux réceptifs. Le culicoïde vit en moyenne 21 jours (maximum 2 mois) avec une activité essentiellement crépusculaire et nocturne et dépendante de la température. L'incubation de la maladie dure de 2 à 8 jours.

Les connaissances en matière de FCO chez les caprins sont limitées et proviennent essentiellement des pays où la maladie sévit de manière enzootique (Afrique notamment). Dans ces conditions, situation enzootique et animaux peu sélectionnés, les caprins, bien que réceptifs (donc pouvant être infectés), sont peu sensibles (rarement malades). A l'inverse, dans une situation de vagues épizootiques telles que nous les connaissons en France et sur un cheptel sélectionné pour la production laitière, les informations sont quasiment inexistantes. Les données ci-après se limiteront donc aux résultats d'infections expérimentales réalisées sur caprins avec différents sérotypes et aux premiers cas cliniques décrits durant l'année 2007.

Quatre études expérimentales ont confirmé que la chèvre pouvait être infectée par les virus FCO (sérotypes 2, 4 et 8) mais pour trois de ces études les animaux n'ont montré aucun symptôme à l'exception d'hyperthermie (fièvre) variable. Dans une étude, la température était accompagnée en outre de difficulté à avaler, de diarrhée, de boiterie et d'abattement. La virémie (présence du virus dans le sang) a pu être détectée jusqu'à 47 jours après l'infection.

Au cours de l'année 2007 en France, 15 élevages caprins localisés principalement dans le nord et l'est du pays ont été considérés comme infectés suite à des contrôles sérologiques positifs en FCO mais uniquement 6 élevages montraient des signes cliniques bien visibles dont 2 «élevages atypiques» (animaux de compagnie et parc animalier). Les signes cliniques observés sur les caprins étaient variables allant d'une simple hyperthermie aux signes suivants:

  • forte hyperthermie 41°C
  • abattement et anorexie
  • inflammation de la bouche (ulcères) et hypersalivation
  • langue bleue
  • lésions ulcéro-nécrotiques, croûteuses sur les naseaux
  • mortalité possible en 48h mais morbidité et mortalité très variables
  • Chute de la production laitière
  • Diarrhée

L'ensemble de ces symptômes n'est pas strictement attribuable à la FCO dans la mesure où d'autres pathologies concomitantes ont pu compliquer le tableau clinique et qu'aucune étude précise de ces cas cliniques n'a pu être réalisée. Par ailleurs, en Corse, aucun symptôme particulier n'a été relevé lors des différentes vagues de FCO avec différents sérotypes à l'exception possible d'avortements dans certains élevages.

Deux vaccins sont disponibles pour les ovins sous ATU (Autorisation Temporaire d'Utilisation) : le vaccin commercialisé par le laboratoire Mérial contre le sérotype 8 (1 primo injection et rappel annuel) et le vaccin commercialisé par Fort Dodge contre le sérotype 1 (2 primo injections et rappel annuel). Le caractère obligatoire ou facultatif de la vaccination chez les ovins est fixé par arrêté du Ministre de l'Agriculture selon les zones géographiques et le sérotype. Aucune vaccination n'est obligatoire en caprin en raison d'absence d'ATU pour cette espèce et, sur un plan strictement réglementaire, leur usage éventuel peut théoriquement se faire dans le respect du principe dit de la « cascade » (responsabilité du prescripteur, pharmacovigilance). Compte tenu des adjuvants utilisés, il n'y a pas de délai d'attente pour le lait.

Par ailleurs , la désinsectisation reste un outil disponible permettant de prévenir ou de réduire les piqûres de culicoïdes sur les animaux même si on ne dispose pas encore de protocoles bien établis et validés montrant leur réelle efficacité.

www.fcoinfo.fr pour se tenir informé

Destiné aux éleveurs et aux techniciens d'élevage, le site FCO Info a été élaboré par l'Institut de l'Elevage en partenariat avec l'APCA, l'UNCEIA, FUS et la FNGDS. Ce site présente différentes informations réglementaires et techniques sur la FCO : traitements insecticides, vaccination, impact sur la fertilité, estimation des pertes en 2007, diffusion des résultats des études conduites par les différents partenaires au fur et à mesure de leur obtention...

Hélas, la partie sur les caprins ne relate que le peu d'informations scientifiques connus à ce jour.

Voir aussi le site du GIE Zone verte qui appelle à défendre la liberté de décisions des éleveurs contre la vaccination obligatoire.

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